Coltsblood – Ascending Into Shimmering Darkness

Quand est mentionnée la ville de Liverpool, les premiers choses qui viennent en tête sont les légendaires Beatles ou encore sa célèbre équipe de foot. Mais la cité du Nord de l’Angleterre ne se résume pas qu’a cela et elle possède bien d’autres talents. C’est le cas de Coltsblood, groupe de doom fraîchement formé en 2010, qui propose un univers sombre, oppressant voire dérangeant. Le trio composé de John McNulty (basse/chant), Jemma McNulty (guitare) et Jay Plested (batterie) décrit sa musique de cette manière : “Coltsblood est influencé par les sommets, les vallées et par la nature sauvage de ses terres invoquant des sons et des visions du passé, les voix des ancêtres”. Tout un programme !

Après un premier disque prometteur paru en 2014, la formation de Liverpool revient avec une nouvelle réalisation intitulée “Ascending Into Shimmering Darkness”. On peut souligner au passage la pochette de l’album réalisée par l’artiste Eric C. Harrison qui résume très bien l’univers dans lequel l’auditeur va mettre les pieds.

Se plonger dans l’oeuvre de Coltsblood revient à adhérer à une atmosphère bien particulière. Le tout y est angoissant, asphyxiant, lugubre. L’ensemble apparaît hostile mais une fois qu’on passe outre ces premiers sentiments de malaises et de mélancolie, on arrive à se rendre compte de la puissance que peut distribuer ce trio à travers cet environnement si inquiétant. Le tracklisting est taillée pour que l’auditeur se plonge dans l’ambiance si originale du groupe. Avec seulement cinq titres mais dont la durée dépasse largement les formats habituels, allant même jusqu’à treize minutes, les compositions sont idéales pour parcourir une musique complexe et variée nourrie de multiples influences.

Le premier morceau éponyme “Ascending Into Shimmering Darkness” propose d’emblée du pur doom sans concession. Le rythme y est lent et les riffs ultra lourds. Le chant guttural et agonisant de John McNulty se marie efficacement dans cet ensemble ténébreux et oppressant. Coltsblood ne se contente pas d’utiliser cette recette mêlant lenteur et lourdeur, le groupe sait aussi accélérer le propos. C’est le cas sur “Mortal Wound” et “The Legend Of Abhartach”. La rythmique y est beaucoup plus brutale et dirige les compositions vers un style flirtant avec le black metal. Le trio de Liverpool démontre qu’il possède plus d’une corde à son arc. L’intro tout en douceur de “The Legend Of Abhartach” en est la démonstration même si cette ouverture n’est qu’une mise en bouche avant un déferlement de distorsions des plus redoutables. L’efficace production permet à chaque instrument d’être bien en place sans qu’aucun ne prenne le pas sur l’autre.

“Ever Decreasing Circles” met en lumière l’efficace jeu de batterie de Jay Plested et la guitare perçante de Jemma McNulty. Si le trio aime à varier les genres, l’ensemble reste irrémédiablement dans un esprit doom qui lui colle à la peau. “The Final Winter” qui conclut l’effort avec brio est une parfaite synthèse de ce que Coltsblood tend à créer. L’introduction acoustique, tout en mélodie, met en place le décor parfait pour que la voix rauque de John McNulty se déchaîne sur une musique pleine de douleurs et d’angoisses.

Coltsblood délivre ici une réalisation fidèle à un style qui lui est propre et qu’il maîtrise avec un talent indéniable. Les non-initiés trouveront certainement les compositions longues et l’univers du trio du Nord de l’Angleterre trop malsain. Mais rien que par curiosité, il est intéressant de jeter une oreille sur l’œuvre des Anglais.