Chroniques

Faith No More – Sol Invictus

Il s’en est passé des choses en dix-huit ans. On a eu le temps d’avoir plusieurs présidents, plusieurs papes, la banquise a pas mal fondu, George Clooney s’est marié, on n’a toujours pas gagné l’Eurovision, on a grandi et au bout du compte Faith No More a fini par se reformer. Alors qu’on les pensait parti dans d’autres sphères musicales et avoir enterré un des groupes phares de la scène hard rock/fusion des années 90, les Californiens sont de retour aujourd’hui avec un nouvel effort : “Sol Invictus”. Qu’est-ce qui les a poussés à ce comeback ? 

Pour la petite histoire, tout aurait commencé au mariage de Roddy Bottum (claviers) en 2009. Une partie du gang se retrouvant ensemble pour la première fois depuis bien longtemps apprécièrent ce moment et ont eu envie de le prolonger. Ils décidèrent de reformer le line up de 1997 et de se lancer dans une petite série de concerts, comme ça, pour le fun. Les quelques shows prévus, se changèrent vite en une tournée mondiale qui dura trois ans. Ils auraient pu en rester là ou même continuer à jouer leurs anciens morceaux pendant quelques temps. Pour le quintette, cela n’avait plus de sens. Ils ont tous évolué et avaient envie de s’exprimer et d’écrire d’autres chansons plus en adéquation avec qui ils sont maintenant. Les garçons se sont retrouvés un peu en secret au studio de Billy Gould (basse) pour jouer et voir ce qui pouvait en sortir. Le groupe, qui était célèbre dans les années 90 pour son côté décalé, à contre-courant, aujourd’hui, n’a plus besoin de se forcer à jouer ce rôle. Ils sont eux et chacun a su apporter un petit bout de lui dans le projet. Cela s’en ressent tellement les morceaux sont riches, variés et pleins d’influences diverses. “Sol Invictus” réunit dix titres inqualifiables, surprenants, mêlant le rock n’roll à la funk avec un côté groovy, bluesy, parsemé de quelques notes hispano arabisante sous des rythmes de parade. Derrière tout cela, on retrouve sieur Gould en maître d’œuvre à la production. Il faut passer les premières écoutes et l’excitation des retrouvailles pour en apprécier toutes ses subtilités. La formation nous emporte dans un vrai délire mystique. “Sol Invictus” est d’ailleurs le nom d’une divinité solaire romaine. Lors des concerts, ils ont également une mise en scène délirante en totale opposition avec les groupes de metal. Ils sont tous de blanc vêtu et jouent au milieu de parterre de fleurs en plastique. Mike Patton en gourou crooner, tantôt sombre et inquiétant (“Motherfucker”, “Separation Anxiety”) tantôt solaire et apaisé (“Sunny Side Up”, “From The Dead”) n’a rien perdu de sa superbe et tout au long des dix morceaux, dévoile sa palette vocale qui nous rappelle qu’il reste l’un des meilleurs dans sa catégorie. Les textes traitent de sujets divers et variés l’amour, la mort, la folie, la finance, les céréales de petit déjeuner, les collerettes pour animaux etc. Patton l’a dit en interview, pour lui, les paroles sont souvent choisies pour leur son et non leur signification. C’est un instrument à part entière. Pas la peine d’épiloguer des heures et de leurs chercher un sens caché alors. 

Comme dit dans le dernier titre, Faith no More est enfin “back from the dead”. Dix-huit ans était le temps nécessaire pour retrouver l’envie et les idées afin de créer “Sol Invictus”. L’effort ravira une grande partie des fans, heureux de ce retour inespéré. Il faudra sans doute plusieurs écoutes aux autres pour en apprécier toutes ses qualités et rentrer dans les délires. Un seul bémol, attendre tout ce temps pour à peine quarante minutes s’avère quelque peu frustrant.

Informations

Label : Ipecac / PIAS
Date de sortie : 18/05/2015
Site web : www.fnm.com

Notre sélection

  • Matador
  • Rise Of The Fall
  • Motherfucker

Note RUL

4/5

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