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ME FIRST AND THE GIMME GIMMES @ La Machine Du Moulin Rouge (11/05/16)

Deux ans après son dernier passage dans la capitale, le supergroupe californien Me First And The Gimme Gimmes revenait à Paris mercredi dernier. Et quoi de mieux que La Machine Du Moulin Rouge pour accueillir la formation punk doucement déjantée ? RockUrLife vous raconte.

20h, direction le sous-sol pour la première partie. Le punk hexagonal est à l’honneur puisque deux formations françaises s’occupent d’ouvrir le bal. RADICAL FAILURE sont les premiers à investir la minuscule scène de la salle de la Chaufferie. Si les Rennais ont annoncé en février dernier l’arrivée d’un nouveau frontman à la tête du groupe, c’est ce soir toujours le chanteur originel Yann Baston qui est au micro. Pour l’un de ses derniers concerts sur le devant de la scène, il semble décidé à délivrer une performance efficace. Sa voix puissante porte les morceaux nerveux et incisifs du groupe de street punk, flirtant avec le hardcore. Les garçons de Radical Failure ne lésinent pas sur l’énergie déployée, mais c’est face à un public plutôt timide qu’ils se démènent.

 

 

L’accueil est un peu plus dynamique pour les Parisiens de HOGWASH. Le quatuor envoie des compostions incisives et mélodiques, en reprenant une formule punk qui marche – deux chanteurs, une rythmique ultra-rapide et une setlist ponctuée de blagues, le tout sublimé par un enthousiasme palpable. Le groupe joue principalement ses propres compositions mais donne aussi le ton de la soirée, en reprenant admirablement “Territorial Pissings” de Nirvana.

 

 

La première partie de soirée s’achève, il est temps de grimper dans la somptueuse grande salle de La Machine. Un peu avant 22h, ME FIRST AND THE GIMME GIMMES débarque sur scène, arborant les chemises hawaïennes de rigueur au sein du combo. Si le leader Spike Slawson (Swingin’ Utters) et les deux Lagwagon, Joey Cape à la guitare et Dave Raun à la batterie, sont fidèles au poste, mauvaise nouvelle pour les fans de NOFX : pas de Fat Mike ce soir. Mais difficile de se morfondre longtemps car c’est Jay Bentley (Bad Religion) qui s’occupe de la basse sur cette tournée. Quant au guitariste Chris Shiflet (Foo Fighters), il est remplacé par son propre frère Scott (Face To Face). Spike Slawson lance le show avec un “cette chanson est une reprise” volontairement superflu puisque la setlist (et la discographie) des Américains est entièrement composée de covers. Après un début de “Summertime” tout en retenu, les cinq Californiens font sévir leur punk rock mélodique sur le morceau. Il n’en faut pas plus à l’assemblée pour que les premiers rangs partent dans un joyeux pogo, multipliant invasions scéniques et stage divings. De la country (“Jolene” de Dolly Parton), au disco (“I Will Survive” de Gloria Gaynor), en passant par le R’N’B (“Isn’t She Lovely” de Stevie Wonder”) et la pop (“All My Loving” des Beatles), le quintette s’approprie les grands classiques de la variété internationale, à grand renfort de power chords furieux, d’un jeu de batterie survitaminé et de choeurs efficaces. En 1h30, le jukebox fou formé par le MFATGG enchaîne les tubes des autres et parvient à glisser dans sa setlist au moins un morceau de chacun de ses six albums.

 

 

Si la scénographie est très sobre, elle sera bien la seule chose sobre de la soirée. Fidèles à leur réputation de joyeux lurons, les cinq membres embarquent La Machine dans un moment rempli de folie. Manifestement complices, ils intercalent des blagues sur le “President Donald Trump” et sur eux-mêmes entre chacune de leurs improbables reprises. En vrai showman, Spike Slawson se pavane sur scène en faisant preuve d’une maîtrise vocale impressionnante. Ce dernier se fend d’une reprise du “Crazy For You” de Madonna, seul au ukulélé, pendant que les autres musiciens se dandinent nonchalamment au fond de la scène. Si la formation fait dans la dérision constante, les membres prennent tout de même leur rôle de musicien au sérieux. Loin d’un karaoké un peu fou entre potes, le groupe témoigne d’une technique évidente et d’une patte inimitable terriblement efficace. Les versions du “I Believe I Can Fly” de R. Kelly et du “Over The Rainbow” de Harold Arlen finissent de transformer complétement la fosse en une masse grouillante et bondissante. Après une rapide pause, seul le frontman remonte sur scène en offrant une reprise inédite au ukulélé du “Sons Of The Silent Age” de David Bowie. L’accalmie est de courte durée puisqu’il est rejoint par ses quatre acolytes, qui clôturent le set en saccageant merveilleusement bien Elton John et les Boyz II Men.

 

 

Après plus de vingt ans de carrière, Me First And The Gimme Gimmes est toujours habité par la fougue qui le portait à ses débuts. La seule chose qu’on peut reprocher à ces vétérans de la scène punk : la setlist, presque identique à la chanson près à celle du dernier concert parisien. Certes, elle fonctionne bien et contient leurs meilleurs morceaux, mais on aurait aimé un petit changement et entendre de nouveaux titres. Comme les Californiens n’ont pas publié de nouvel album entre-temps, on leur passera, mais vivement le prochain disque !

Setlist :

Summertime
Me And Julio Down By The Schoolyard
Danny’s Song
Leaving On A Jet Plane
Who Put The Bomp (In The Bomp, Bomp, Bomp)
Straight Up
Jolene
(Ghost) Riders In The Sky
I Will Survive
Sloop John B
Nobody Does It Better
Science Fiction/Double Feature
Mandy
Crazy For You
I Believe I Can Fly
Isn’t She Lovely
All My Loving
Over The Rainbow
—-
Sons Of The Silent Age
Take Me Home, Country Roads
Rocket Man (I Think It’s Going To Be A Long, Long Time)
End Of The Road