Chroniques

Modern Baseball – Holy Ghost

En août 2015, Modern Baseball annulait sa venue aux festivals Reading/Leeds ainsi que sa tournée australienne suite à une grosse dépression et des crises d’anxiété du frontman Brendan Lukens. Une situation extrême qui rendait incertain le futur du groupe pennsylvanien formé en 2011 et déjà fort de deux albums. Pourtant, c’est – en partie – remis de ses émotions et plus motivé que jamais que MoBo revient cette année avec “Holy Ghost”, le successeur de “You’re Gonna Miss It All” (2014). Un disque qui se veut particulier puisque clairement divisé en deux, une partie étant composée par Lukens et l’autre par Jake Ewald, également chanteur-guitariste.

Largement connue pour son style emo-punk-indie introspectif, brisant certains tabous et parfois dissonant, la formation américaine n’en reste pas moins un excellent exemple de groupe(s) produisant une musique sincère et spontanée. Avec “Holy Ghost”, les musiciens traduisent et racontent, une nouvelle fois sans prendre de gant, l’univers qui les entourent, comme un journal intime exposé aux yeux de tous par l’intermédiaire du son.

Des confessions qui peuvent s’avérer à la fois fortes, bruyantes et expéditives (“Mass”, “Wedding Singer”, “Breathing In Stereo”) – comme un cri de révolte face à tout ce qu’il ne va pas – ainsi que très délicates, attentives et accessibles (“Hiding”, “Apple Cider I Don’t Mind”, “Just Another Face”), significativement dirigées par les voix de Lukens et Ewald. Mais la grande particularité de ce troisième opus est évidemment la stricte séparation revendiquée entre les mélodies des deux chanteurs.

Tandis que les six premières pistes rapportent le point de vue d’Ewald à travers des chansons efficaces et assez stables dans leur structure, les cinq suivantes, elles, intriguent par leurs apparences et les paroles pleines d’émotions de Brendan Lukens, toujours aussi incisif et critique envers lui-même. C’est d’ailleurs dans cette seconde partie que l’on retrouve fraîcheur et franchise avec – paradoxalement – le matériel le plus sombre et direct que le quatuor ait écrit à ce jour. Entre les riffs dramatiques, les vibrations de la voix de Lukens et l’ambiance générale à tendance maussade, difficile de ne pas se laisser emporter par ce discours, certes musicalement non technique, mais néanmoins utile et à la production non générique.

Modern Baseball a encore des choses à apprendre et des choses à nous apprendre. Avec “Holy Ghost”, sorte d’épreuve post-événements dramatiques, le quatuor américain signe un essai loin des utopies actuelles, avec des hauts et des bas, du calme et des turbulences. On ne retrouve que peu de “tubes” dans ce troisième effort studio mais qu’importe, puisque ces musiques là ont un sens dépassant largement celui du commercial.

Informations

Label : Big Scary Monsters
Date de sortie : 13/05/2016
Site web : www.modernbaseballpa.com

Notre sélection

  • Apple Cider I Don’t Mind
  • Wedding Singer
  • Breathing In Stereo

Note RUL

4/5

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