Nickelback – No Fixed Address

Le célèbre groupe canadien Nickelback vient de sortir son huitième album studio, “No Fixed Address”. Rappelez-vous, en 2001, ils avaient inondé les ondes de leur fameux tube “How You Remind Me”. Depuis, ils ont sorti de nombreux hits, vendu plus de 50 millions d’albums et ont obtenu de multiples récompenses. Ils vont même fêter leurs vingt ans de carrière l’année prochaine. Ces quarantenaires sont désormais, mariés pour certains (Chad Kroeger a épousé Avril Lavigne en septembre 2013), pères pour d’autres. Alors, se sont-ils assagis ? Est-ce le disque de la maturité ?
 
Comme à leur habitude, l’effort contient onze titres. La première écoute risque de perturber les fans de la première heure. Il est loin le temps du grunge des années 90. Dès la chanson d’ouverture “Million Miles An Hour”, un son un peu plus électro ressort. La voix de Chad Kroeger y est aussi très retravaillée. Elle a ce petit côté spatial qui va de pair avec l’artwork : un lever de soleil vu de l’espace sur une Terre plutôt sombre. La photo est par ailleurs centrée sur l’Europe. Est-ce pour flatter le Vieux Continent ? Le groupe vend des millions d’albums en Amérique du Nord ou en Australie, mais moins par ici. Cette pochette rappelle aussi que “No Fixed Address” a été composé et enregistré dans plusieurs parties du monde : en studio à Los Angeles, Maui, Vancouver et sur la route pendant la dernière tournée. D’où la diversité de cet album. Par ailleurs, Chad a déclaré en interview qu’il n’a pas de style de prédilection, il aime la musique en général. Le chanteur a donc choisi d’explorer et d’exploiter tous les aspects de sa culture musicale. Une belle palette est offerte. Certaines chansons, très pop, feront plutôt penser aux Maroon 5 (“She Keeps Me Up”), alors que d’autres se rapprocheront plus du rock alternatif de Thirty Seconds To Mars (“What Are You Waiting For?”). Parmi tout cela, un morceau est complètement en décalage avec le reste de l’ensemble, voir de la carrière de Nickelback. “Miss You” aurait plus sa place sur un disque des One Direction. Par ailleurs, pour changer des chansons parlant d’amour, de fête ou de sexe, Nickelback s’essaye, à sa façon, à la chanson politique. “Edge Of A Revolution” sortira même en premier single tellement ils en sont fiers. Le résultat est plutôt mitigé, voir un peu mou, pour un titre incitant à la révolte. Autre tentative : le featuring avec un rappeur. Le choix s’est porté sur Flo Rida (ayant un ami en commun). Le rendu de “Got Me Runnin’ Round”, une piste très funk, au son des trompettes, qui pourra plaire aux fans de Prince. Ils n’oublieront pas non plus de glisser une balade, dont ils ont le secret (Believe). Enfin, l’opus s’achève sur un tube country, rappelant que les membres sont issus d’une petite ville, où ce genre musical était à l’honneur.
 
En définitive, loin du rock teinté de grunge des premiers jours, Nickelback a quand même pris un sérieux virage pop funk, balancent un mélange de sons tellement improbables pour un groupe qui était classé dans la catégorie rock alternatif. Ce nouvel opus, très varié, manque cruellement d’authenticité et donne l’impression que la plupart des chansons sont composées pour plaire à la masse. Les fans de gros riffs de guitares risquent d’être déçus. Une campagne de crowdfunding a été lancée pour qu’ils ne jouent pas à Londres. Avant de voir le quatuor faire la première partie de Miley Cyrus, et si nous lancions la nôtre ?