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ZOMBIE ROCKERZ PARTY @ La Cigale (11/10/13)

C’est avec quelques semaines d’avance sur Halloween que les zombies ont débarqué à La Cigale le 11 octobre dernier pour la “Zombie Rockerz Party”, “la tournée conceptuelle rassemblant trois groupes explorant la frontière commune au rock et à électro : Sidilarsen, Punish Yourself et Le Catcheur, La Pute Et Le Dealer”.

Alors que l’ouverture des portes était prévue pour 18h, c’est près d’une heure plus tard, devant une salle à moitié pleine, qu’entre en scène, sur un air de musette, une catwoman à tendance sado maso trainant en laisse son partenaire soumis. Plutôt que de teaser sur la soirée qui attend le public, les deux comédiens font la pub d’un autre événement qui aurait lieu non loin de là : une soirée “sado-musette” chez Michou. Dès lors le ton est donné, c’est bien une soirée complètement barrée à laquelle nous allons assister.

A peine Miss SM et son compagnon ont quitté la scène, que le premier groupe de la soirée investi le lieu. Débarqué du sud-ouest avec une envie folle de mettre le feu au dancefloor, dès la première chanson “Retourner La France”, les SIDILARSEN retournent littéralement le public parisien. Si la salle n’est pas encore pleine au début du set, aucun spectateur alors présent ne reste de marbre face à la motivation et la fougue du combo. A ce moment, au vu de la faible densité de l’audience, se lancer dans un slam s’avère plutôt dangereux, mais l’ambiance est telle que plus d’un se laisse emporter malgré le risque. A mesure que le concert avance, la foule s’étoffe et l’ambiance ne cesse de croître. Mais ce soir, à La Cigale, il n’y a pas qu’une fameuse énergie issue du mélange du metal et de l’électro que les Sidi envoient à la face du public. Ce show est en effet aussi un véritable moment d’échange entre le groupe et les spectateurs. La preuve en est l’attitude du batteur, qui n’hésite pas à quitter ses fûts à plus d’une reprise pour venir à l’avant de la scène. Pendant la bonne cinquantaine de minutes durant laquelle les Sidilarsen occupent la scène, les cinq toulousains interprètent une dizaine de titres issue de leurs quatre efforts studio. Parmi ceux-ci on compte “Samira”, “Back To Basics”, “Paradis Perdu” issus de leur dernière galette, “Machine Rouge”, mais aussi “Surhomme”, “La Morale De La Fable” et autres “Teknotrone”. On notera aussi leur reprise du “Breathe” de The Prodigy. Seul bémol peut-être à la prestation des Sidi : l’absence de référence à la thématique de la soirée.

 


La sortie de scène des Sidilarsen permet de constater qu’effectivement désormais La Cigale est pleine, mais le retour des lumières permet aussi de voir que dans le public, plus d’un spectateur joue le jeu de la “Zombie Rockerz Party” : plusieurs personnes apparaissent en effet avec des crêtes de toutes les couleurs sur la tête et du maquillage sur le visage. Avant l’entrée en scène des Punish Yourself, on retrouve les comédiens du début de soirée. Fini le style SM, c’est cette fois sous les habits de gens d’église dépravés qu’ils apparaissent. Apres quelques minutes sur scène, le curé, qui a une bouteille de rouge qui tache à la main, la bonne sœur qui se touche et la mort juchée sur des échasses en train de brûler une bible, laissent la place à la tête d’affiche de la soirée.

C’est bien connu, les français aiment faire rentrer les gens dans des cases. Aussi, certains qualifieront la musique des PUNISH YOURSELF de “post punk” ou “cyber punk”, d’autres de “rock électro” ou encore de “hardcore “… Mais, il y a des fois où il faut s’avoir s’incliner. Aucun cadre ne correspond à la musique atypique de la seconde formation toulousaine de la soirée, tant les influences mobilisées dans leurs morceaux sont multiples. Quelques mois après leur passage à l’Olympia en première partie de Mass Hysteria, Punish Yourself est donc de retour à Paris et, c’est face à un public déjà bien chauffé par les Sidi et tout acquis à leur cause, qu’ils montent sur la scène. Fidèles à leur réputation de groupe à entendre mais surtout à voir, les Punish plongent, immédiatement, l’assemblée dans un univers sonore et scénique unique. Souvent complexe, la musique est aussi tellement efficace qu’elle pourrait faire bouger les morts. En tout cas, le concentré d’énergie distillé au travers des gros riffs metal indus et des rythmes électro ne cessent d’enflammer la fosse durant tout le concert. Variée, la setlist est composée de titres issus des anciens albums  (principalement “Gore Baby Gore” (2006) et de “Sexplosive Locomotive” (2004)) mais aussi du nouvel opus, “Holiday In Guadalajara” sorti le 7 octobre. Ainsi, les spectateurs peuvent profiter entre autres de “Enter Me Now”, “Gay Boys In Bondage” ou encore “Nation To Nation” en guise de chanson finale. Les Punish offrent ici une prestation très efficace, sans fausse note, aux rythmes aditictifs, qui font complètement déjanter l’auditoire. Comme on le disait un peu plus haut, la spécificité du groupe, qui est aussi l’un de ses grands intérêts, est sa grande capacité à mêler la musique à l’expression mode visuelle. Ainsi, c’est sur une scène avec une décoration très travaillée, qui fait très explicitement référence à “El Día De Muertos” (c’est-à-dire composée de fleurs et squelettes très colorés), que les Punish débarquent peinturlurés en fluo comme à l’heure habitude. Mais la formation ne s’arrête pas à ce premier effort de mise en scène. Tout au long du show, les spectateurs ne cessent d’en prendre plein les mirettes. Entre autres s’enchaînent des flammes, un spectacle de GRS avec un ruban rose fluo accompli par un des performeurs zombie juste vêtu d’un slip en cuir et de rangers, une mariée zombie, des feux d’artifice provoqués par des meuleuses appliquées sur des plastron d’acier que portent les performeurs, un espèce de magicien de la lumière avec une coupe de Sangoku et des lunettes en leds fluo, des lasers et flash vert qui traversent la scène, etc.

 


Apres un concert qui dépote autant il est dur de prendre la relève surtout quand une bonne moitié du public quitte la salle à 21h30, sitôt le set des Punish fini. Pourtant, la soirée continue avec LE CATCHEUR, LA PUTE ET LE DEALER. La musique produite par le groupe reste dans l’esprit de la soirée : riffs de guitares sur des rythmes digitaux. Mais encore une fois, après le live extrême du groupe précédent cela semble bien fade. Aussi, parmi ceux du public qui sont restés, peu bougent. Certains sont carrément installés dans les fauteuils au fond de la salle. Et beaucoup se retrouvent à l’entrée de La Cigale, à l’espace merchandising, où une partie des membres de Sidi et de Punish sont là, en toute simplicité, pour échanger avec leur public.

 


Au final, c’est une soirée haute en couleur que les toulousains ont offert à leur public ce soir. Celui-ci n’a d’ailleurs pas beaucoup d’occasion de s’ennuyer, ou plutôt pas beaucoup de moment de répit. Il est à noter que cette prestation n’était pas une date unique, elle faisait partie de la tournée de la “Zombie Rockerz Party”. Aussi, pour ceux qui auraient loupé le coche cette fois, il est encore possible de se rattraper et de voir les trois groupes en province (Strasbourg, Lille, etc.)

Crédit photos : Virginie Schmidt