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WILD NOTHING @ Point Ephémère (20/06/16)

Il aura fallu attendre plus de trois ans avant de voir à nouveau Wild Nothing sur une scène française. Lundi soir, c’est dans un Point Ephémère complet que la bande de Jack Tatum est venue présenter son dernier album “Life Of Pause” sorti cet hiver.

A 20h25, OLIVIER HEIM prend ses quartiers accompagné d’un bassiste et un batteur. Venu tout droit de Pologne, le trio joue une pop tranquille teintée d’influences légèrement psychédéliques qui sonne comme du Tame Impala qui aurait débranché les synthétiseurs. De la voix de Heim à la section rythmique bien précise en passant par des parties de guitare exécutées à grand renfort de vibrato, difficile de ne pas faire le rapprochement entre les deux groupes. Les compositions sont toutefois assez sages et on sent les musiciens encore timides dans la performance. Malgré cela, parfaitement à l’aise devant une salle déjà bien pleine, le chanteur guitariste se montre plutôt loquace et se réjouit de l’accueil qu’il reçoit de l’auditoire parisien. Le concert tire un peu en longueur au bout d’une trentaine de minutes sur un total de trois bons quarts d’heure, mais le décor est bien planté pour la suite.

Pendant que les musiciens de WILD NOTHING font leurs balances, suscitant même une vague d’applaudissements à un moment, les rangs se resserrent et la chaleur pesante a infiltré le moindre recoin de la salle. Rapidement après le soundcheck, le groupe originaire de Virginie investit la scène pour de bon et entame son set avec “Only Heather”, issue du deuxième album “Nocturne” (2012), qui laisse présager une belle soirée grâce à sa légèreté toute optimiste. Le petit plateau n’a plus beaucoup d’espace à offrir : en studio, Jack Tatum façonne seul la musique d’un projet qui nécessite sur scène la présence de quatre autres musiciens.

Après les passages de DIIV et Beach House à Paris il y a à peine une semaine, les amateurs de dream pop auront été comblés ces derniers jours. Wild Nothing compte parmi les groupes d’indie rock incontournables du début des années 2010 et le prouve encore ce soir. Même si “Life Of Pause” n’est pas un modèle de prise de risque et s’il lui manque une certaine fraîcheur qui était bien présente sur les deux premiers albums (“Gemini”, 2010; “Nocturne”, 2012), il prend sur scène une tout autre dimension et passe donc le cap du live sans problème. Heureusement d’ailleurs, car la majeure partie de la setlist lui est consacrée. Interprétés avec application par l’ensemble des cinq musiciens, les morceaux s’enchaînent selon un schéma anciens/nouveaux titres dominé par ces derniers. Les synthés, qui mènent le jeu sur “Life Of Pause”, laissent place sans temps mort aux guitares entêtantes de “Shadow”, et “TV Queen” avec son refrain accrocheur s’inscrit parfaitement entre la nostalgique “Live In Dreams” et les sonorités planantes de “Paradise”.

Si la complicité entre les musiciens est visible, la communication avec l’auditoire se limite à une poignée de remerciements adressés par le frontman. Mais qu’importe, le public se montre particulièrement réceptif quand il s’agit des classiques comme “Nocturne” et “Summer Holiday”, d’autant plus que ceux-ci sont portés par un son qui sera presque idéal tout le long du set : on entend clairement le chant de Tatum tandis que la basse et la batterie se distinguent nettement, étouffant à peine les claviers si présents dans la musique de l’Américain.

Un honnête rappel de trois titres, et le combo regagne les coulisses après un peu plus d’une heure de présence sur scène. On regrette seulement le trop court temps de jeu qui aurait pu être rallongé d’un ou deux morceaux, mais Wild Nothing a assuré ce soir un concert dense et efficace à la hauteur de sa réputation.

Setlist :

Only Heather
Lady Blue
Nocturne
A Woman’s Wisdom
Live In Dreams
TV Queen
Paradise
Reichpop
Adore
Summer Holiday
Alien
To Know You
—-
Japanese Alice
Life Of Pause
Shadow

Gabrielle de Saint Leger
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