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WHILE SHE SLEEPS @ Batofar (24/10/11)

La cale du Batofar a failli s’enfoncer dans la Seine et se retourner, mettant sens dessus-dessous un public venu vibrer sur du rock fort, entre metal, hardcore et punk. Lundi soir, While She Sleeps, précédés de The Great Divide, Early Seasons, Admiral Arms et Bury Tomorrow, ont occupé la scène du bateau rouge pour une série de concerts, sans totalement prendre possession du navire.

The Great Divide prend la scène d’assaut dès 19h, alors qu’à l’extérieur les spectateurs retardataires rejoignent le Batofar sous la pluie. Très en forme, ils délivrent beaucoup d’énergie, face à une salle qui se met lentement en mode rock. Le set des parisiens est une introduction musclée à cette soirée.

 

 

Juste après eux, la performance de Early Seasons paraît bien pâle. Très fiers de présenter leur premier EP “And The World Stops” le jour de sa sortie, les cinq garçons dans le vent ont des difficultés à convaincre l’auditoire gêné par le manque de justesse du chant de Marty, un mauvais réglage sonore et des compositions encore jeunes. Après avoir interprété avec brio leur morceau- phare, “Let’s Say The Truth”, Early Seasons terminent leur set avec “Fearless”, visiblement déstabilisés. Ils quittent la scène sur une note pour le moins tiède, alors que le public se prépare à prendre un gros, gros rouleau.

 

 

En effet, quinze minutes plus tard, Admiral’s Arms, groupe suintant, suant, crachant -pleuvant- , nous envahit. Sans pitié. Une performance bandante, qui secoua le public, notamment sur “The Thirteen Out Of Tune Trumpets” et “Scissors “. Et pourtant… la nuit ne fait que commencer.

 

 

Bury Tomorrow, l’un des deux groupes anglais auxquels Hendrick, tête hurlante d’Admiral’s Arms, avait fait allusion pendant son calme laïus, présente un show à l’anglo-saxonne : contrôle de la foule (“on veut que vous fassiez comme ceci, comme cela”), lumières aveuglantes et musicos headbangant plus que nécessaire pour exciter tout ce petit monde. En tous cas, ils parviennent à transformer une bonne partie de la fosse en joyeux bordel, à coups d’interpellations de spectateurs sur scène pour slammer et de multiples invitations au moshpit à partir de la fosse, où le chanteur finit par descendre. Pour leur premier concert en France- et en plus, dans un bateau- les Bury Tomorrow montent un peu plus la pression et laissent leurs fans et les novices dans une atmosphère fébrile.

 

 

Enfin, les autres anglais, While She Sleeps, prennent la relève et mettent le feu. En bonne tête d’affiche, les cinq garçons fâchés dominent une foule en délire qui reprend les paroles de “Crows” à plein poumon. Même Lawrence Taylor, le chanteur, a chaud. Subitement débarrassé de son marcel, il doit slalommer entre les (très) jeunes crowdsurfers en série, tout comme le reste du groupe. A la fin de leur set, les While She Sleeps paraissent visiblement dépités par l’attitude un tantinet too much des premières rangées de spectateurs composées en grande partie d’adolescents. Mais le public, lui, défoulé, est ravi.

 

Inégale, cette soirée nous laisse un souvenir mitigé. Les groupes sont venus à la rencontre d’un public… étrange, entre économie d’énergie parisienne, expérience physique rock et débordements d’enthousiasme excessifs. La puissance sauvage d’Admiral’s Arms et le torse nu de Lawrence Taylor n’ont probablement pas pu faire oublier aux spectateurs qu’il n’était pas sérieux de boire la tasse un lundi soir.

 

Crédit photos : Jennifer Wagner