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WE LOVE GREEN 2017 : on y était !

Les 10 et 11 juin dernier, RockUrLife était aux premières loges à We Love Green, festival écolo marquant le début de la saison des festivals. C’est dans une atmosphère déjà très estivale (c’est-à-dire suffocante et brûlante, le mercure ayant atteint les 35 degrés au plus chaud des deux journées) que l’on a arpenté le magnifique site du Bois de Vincennes, allant de concert en concert aux côtés d’une foule toujours aussi compacte, l’évènement étant désormais le point de rencontre d’une très forte audience (plus de 50 000 personnes sur les deux jours), parisienne pour l’immense majorité. L’éclectisme et la qualité de la programmation nous a, nous aussi attirés, étant féru de découvertes et de nouveautés. Et autant vous dire tout de suite, pour cet aspect là : on n’a pas été déçu ! Récit.

Samedi 10 juin

PEPITE (Scène Clairière) On se dépêche d’arriver sur le site pour ne pas manquer le concert de Pepite, qui lance le début des hostilités sur la scène de La Clairière. Cette musique d’évasion, parfaitement calibrée pour les vagues de parisiens en quête d’échappatoire à la ville, parvient sagement à son but, devant un public clairsemé. La mélancolie qui s’en dégage manque toutefois un peu trop d’excentricité et de puissance pour vraiment nous emmener ailleurs. Mention toutefois à “Hiéroglyphes” et “Les Bateaux”, deux morceaux qui clôturent élégamment cette courte aventure, qu’on aurait voulu…plus aventureuse.

 

 

L’IMPERATRICE (La Prairie) – Eloignée de seulement quelques encablures, la scène de La Prairie accueille ensuite le concert de L’Impératrice, qui parvient à nous faire réellement voyager par son amour du groove. Un set qui tient beaucoup à la voix désarmante et légère de Flore, la chanteuse, mais également aux nappes de synthé, planantes, qui donnent une couleur actuelle et une énergie pop à la musique du quintette. En nous renseignant, on a appris que la sortie de “Sultan Des Iles” a précédé de quelques jours seulement le début de notre festival, ce qui aurait pu nous mettre la puce à l’oreille, tant la ligne de basse orgasmique du single annonçait en réalité la claque qu’on allait se prendre en les écoutant en live. Claque qui nous incitera, et on n’est pas les seuls, à écouter le dernier album, “Sequence”, paru dans la foulée, illustrant la nouvelle orientation du groupe, décidé à explorer plus avant ses influences disco/funk. Le set, globalement, nous ravit : la spontanéité du jeu, entre rythmes groovy et nappes de synthé féérique sert la voix sensuelle et délicate de notre frontwoman qui semble onduler avec la musique.

 

 

AGAR AGAR (Lalaland) – C’est au tour d’Agar Agar de passer sur la scène du Lalaland, plus petite mais à l’atmosphère plus intimiste, parfaite pour sa musique planante. Clara et Armand forment un duo très original, guidé par l’esprit mélancolique et lancinant du son des 80’s, comme en témoignent les très réussis “Aquarium” et “Prettiest Virgin”. L’assemblée semble toutefois ne se laisser convaincre que sur ces deux titres qui ont révélé la formation au grand public en 2016, tant la torpeur dûe à la canicule est forte.

 

 

Faute de lances incendies devant les scènes, on se dirige vers les brumisateurs géants (mois gourmands en eau, respectant l’étiquette écolo que veut se donner le festival) placés à côté de La Clairière, l’une des deux grandes scènes. On se pose à l’ombre au beau milieu du site, sur de grands tapis de yoga envahis par la foule avant de revenir au Lalaland pour assister au concert de Khadja Bonet, une californienne multi instrumentiste à la voix en or.

 

 

KADHJA BONET (Lalaland) – Nos attentes, peut-être un peu élevées, ainsi que la sono mal calibrée pour la scène expliquent la déception qui s’abat sur nous dès le premier morceau. Introduction longuette dépourvue de force, voix couverte par le public et sans inspiration, c’est une Kadhja Bonet en petite forme qu’on a voit jouer ce samedi. La richesse instrumentale et orchestrale de nos morceaux préférés, comme “This Love”, ou “Yesterday” (une cover incroyable de la chanson culte des Beatles) semblent s’être évanouie avec la voix si belle et subtile de la chanteuse, sans doute accablée par la chaleur et handicapée par l’accompagnement à la guitare acoustique seule, un peu trop minimaliste à notre goût. On retourne se poser déçu d’avoir écouté cette si talentueuse chanteuse dans un contexte aussi peu propice à sa mise en valeur.

 

 

PARCELS (La Prairie) – En se dirigeant vers la Prairie, on se doutait que le quintette australien allait mettre tout le monde d’accord, mais voir une telle unanimité dans l’accueil de l’audience est agréable à entendre. Il faut dire que son talent est à la hauteur, cette fois ci, de nos attentes, et qu’il ne faut pas longtemps avant que tout le monde se mette à danser au son de ses grooves. Mais c’est ses harmonies vocales et ses refrains qui rendent cette pop vraiment entêtante, notamment sur “Older”, quintessence de ce style : une voix haute perchée backée par un chorus qui l’échelonne en crescendo ou en decrescendo. On gardera comme beaucoup un très bon souvenir de la prestation.

 

 

BENJAMIN CLEMENTINE (La Prairie) – Après une courte pause, on court à la Prairie voir l’excellent et immensément talentueux (on s’en rendra compte au cours du set, qui est pour nous l’occasion de le découvrir) Benjamin Clementine. Depuis quatre ans son talent a explosé au grand jour, et continue à nous faire tressaillir tant ses compositions se sont enrichies d’une intensité presque perturbante, poussant la mélancolie jusqu’à son climax. On pense surtout à son dernier single, Phantom of Aleppoville, que l’on a eu la chance d’écouter pour la 1ere fois en live, et aussi au magnifique I Won’t Complain. On est jamais sorti d’un set aussi bouleversé et ému: sans aucun doute, Benjamin Clémentine est LA pépite de ce festival, que beaucoup découvraient comme nous.

 

 

JUSTICE (La Prairie) – Après deux heures de déambulation dans le festival, qui nous permettent d’en découvrir les coins les plus cosy, on se pose devant Justice pour finir en beauté cette journée. Les Français assurent leur set, devant tout le festival qui s’est rassemblé pour y assister. Tous leurs succès y passent, on en retient un excellent remix de “Stress” et de “Randy”.

 

 

On rentre heureux d’avoir découvert de véritables pépites sonores et impatient de revenir le lendemain !

Dimanche 11 Juin

FRANCOIS & THE ATLAS MOUNTAINS (La Prairie) – On arrive sur le site du festival juste à temps pour voir le début du set de François & The Atlas Mountains devant une audience clairsemée. On écoute cette musique hypnotique avec intérêt, ému par la voix du frontman, aux talents de poète évidents. Les accents pops de l’instrumentation ne l’empêchent pas de nous toucher par sa mélancolie entraînante. L’auditoire arrive au fur et à mesure du set qui se terminera devant une foule compacte.

 

 

SEU JORGE (La Clairière) – On part juste avant la fin du concert pour se rendre à La Clairière pour assister à celui de Seu Jorge, le grand musicien brésilien venu pour interpréter ses fameuses covers des plus grands titres de David Bowie, comme “Space Oddity”, “Rebel Rebel” ou “Let’s Dance”. Le talent du musicien, qui alterne entre le portugais et l’anglais, arrive à ressusciter pendant la durée du set les mélodies immortelles de Bowie, une parfaite invitation pour aller voir le film de Wes Anderson, “La Vie Aquatique”, qui l’a fait connaître du grand public.

 

 

PERFUME GENIUS (La Clairière) – Le temps de se boire une ou deux mousses* et on est reparti pour voir le concert de Perfume Genius. On apprécie la légèreté des sons du Californien, qui sait mêler pop, musique de chambre et queer soul avec talent, notamment sur “Slip Away”, qui nous tourne la tête avec sa mélodie entêtante. La voix du chanteur ne parvient toutefois pas à nous faire vraiment décoller : on a l’impression de l’avoir entendue des centaines de fois. De bonnes vibes tout de même, qui nous inciteront à aller creuser sa discographie.

 

 

CAMILLE (La Prairie) – C’est durant le set de Camille que l’on goûtera au plaisir de la surprise musicale totale, tant cette artiste, dont le dernier album est sorti le 2 juin dernier, sait partir de simples mots pour en faire des mélodies étranges et inattendues. Véritable ovni de la chanson française pleine de facétie et grande habituée du festival, Camille nous touche par sa simplicité, son art de l’orchestration et du chant. Les spectateurs ne s’y trompent pas et réservent un véritable triomphe à cette artiste qu’ils connaîssent bien ! On se promet d’aller la revoir aux Folies Bergères ou elle est censée se produire en novembre prochain, pour entendre en live les chansons du nouvel album, dont on a déjà eu tout de même un bel aperçu.

 

 

ACTION BRONSON (La Clairière) – On termine le festival devant l’inénarrable rappeur de NYC, toujours à la recherche de métaphores culinaires salaces, de la barbe du Che (enfin un peu plus longue, la sienne doit atteindre ses genoux) et d’endroits ou la chillance atteint son climax. On peut cette fois ci encore vous dire que oui, décidément, We Love Green a été de ceux-là !

 

 

La programmation nous a fait alterner entre des ambiances très bigarrées, jamais cloisonnées dans des genres précis grâce à la créativité des artistes. Le groove était au rendez-vous quasiment durant tous les sets, même là où on ne l’attendait pas forcément ! Un seul regret : ne pas avoir pu écouter plus de hip hop, un genre qui plait énormément et qui pourrait mettre en valeur la scène française, bouillonnante d’inventivité.

Autre regret, et non des moindres : l’organisation du festival, qui n’a semble t-il pas consacré assez d’énergie à la gestion des flux et notamment  les files d’attentes. Un plus grand nombre de restaurateurs serait également bienvenu, ainsi que des dispositifs d’accueil plus performants.

On sort du festival heureux toutefois d’avoir eu la chance de voir autant d’artistes talentueux !

*L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération