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W.A.S.P. @ Bataclan (05/11/12)

Actuellement en tournée européenne, W.A.S.P. fait ce soir une halte à Paris. Pas de nouveau disque depuis “Babylon” (2009), mais le groupe qui fête ses 30 ans d’existence avec la tournée “30 Years of Thunder”, se produit à cette occasion au Bataclan. Quoique les fans n’en sont pas tout à fait sûrs, puisque la veille à Lille, ils ont annulé le show seulement un quart d’heure avant le début de leur set.


Néanmoins, le public est arrivé très tôt puisqu’à 18h30 le Bataclan est déjà bien rempli. Le merchandising a pris place ailleurs que de coutume et est particulièrement bien ordonné : enseigne au dessus du stand, cases pour ranger des T-shirts bien pliés, et sacs spéciaux. La lumière s’éteint et il n’est même pas 19h. Le groupe tunisien MYRATH fait son entrée sur une scène mal éclairée. Cinq musiciens (synthétiseur, guitare, bassiste à bonnet, batteur looké Syd Vicious, chant) jouent un hard rock progressif, orientalisant et pompeux. Le frontman, raie au milieu et chant pas toujours juste, se comporte comme s’il triomphait devant une audience toute acquise : il s’active à vouloir faire scander des “Hey ! Hey !” bras tendus à un public poli mais statique, lui demande de chanter, va s’asseoir sur le bord de la scène pour interpréter un passage plus calme, tandis que le claviériste, synthé en bandoulière, lève un bras avant d’entamer son solo. “Est-ce que vous êtes chaud ?!? Nananananan j’ai rien entendu !” (en français). De l’enthousiasme, mais quarante minutes de spectacle somme toute assez ennuyeuses.

Le décor de scène est en place : trois grandes bannières noires et blanches sur lesquelles sont représentées des lames de scies circulaires, comme celle du logo de W.A.S.P., cernent les dates 1982 et 2002 de chaque côté d’une tête de mort. Les photographes sont à leur poste. 20h23, un bruit d’hélico plus une sirène, suivis de spots oranges qui tournent et d’un medley audio ouvrent le show pendant deux/trois minutes. Entré dans le noir, le batteur frappe ses cymbales et l’imposant Blackie Lawless apparaît, guitare en bandoulière. Il est maquillé et porte un T-shirt “30 YEARS” de la tournée, tout de noir vêtu avec des bottes à franges blanches et des bracelets “scie circulaire”. Perché sur une petite estrade au devant de la scène, le pourtant déjà colosse d’1m93 au visage poupin enchaine deux titres de leur tout premier album : “On Your Knees” et “The Torture Never Stops” avec l’à peine plus récent “The Real Me”. A mesure qu’ils interprètent les morceaux, les trois bannières remontent et laissent apparaître trois écrans sur lesquels sont projetés, des brides de clips (non simultanés) à bases d’infirmières aussi sexy que typées eighties. Les lights sont superbes, tantôt vertes et bleues, tantôt oranges et violettes. Ils sont quatre musiciens : deux guitaristes en comptant Lawless, Mike Duda à la basse, et Mike Dupke à la batterie, surélevé sur un podium rappelant encore les dates anniversaires. Lawless prend la parole comme il n’a pas coutume de le faire et précise le programme : ce show anniversaire des trente ans se déroulera en trois parties. Dans la partie du milieu ils joueront vingt minutes d’extraits de leur album “The Crimson Idol”, mais avant (d’un ton bouillonnant) : “I Am A Wild Child!” Les clips se succèdent : on y trouve des Harley’s, des rapprochements crâneurs face caméra; avec toujours un lights show extraordinaire pour le Bataclan. Break : le groupe sort de scène tandis qu’apparaît une date sur les écrans; celle du discours de Martin Luther King. Suivent des extraits de films et des photos représentants Hitler, Mussolini, Mao, Staline, des images de guerre… pour finir par une terre qui explose. Le combo fait la part belle au premier disque et la basse pilonne sur “I Wanna Be Somebody”. Sur ce titre, l’autoritaire Blackie compare l’ovation qu’il déclenche sur les deux moitié de la salle, la sentence tombe comme un couperet pour la partie gauche : “You suck! “. Doug Blair (guitare) a sorti ses pectoraux, le bassiste tourne sur lui-même, pendant que Mike Dupke se déchaine à la batterie. Le public réagit : les gens au balcon sont presque tous debout, pogos, headbangs, et seins nus. Le spectacle est parfaitement rodé. Les membres de W.A.S.P. s’éclipse encore et une nouvelle date apparaît sur les écrans : “The Crimson Idol 1992”. Album concept culte, nombreux sont ceux qui considèrent “The Crimson Idol” comme leur meilleur disque. Sur des images qui relatent l’histoire d’un jeune homme brouillé avec ses parents tyranniques, parti pour devenir une rockstar avant de tomber dans les pièges de la célébrité, le groupe joue six morceaux extraits de l’album, pas forcément dans l’ordre d’ailleurs. Mais sachez que la fin est tragique. Nouvelle sortie de scène. Autre époque, autre ambiance, cette fois il est question de l’apparition de Backie Lawless dans le film parodique de 1984, “This Is Spinal Tap”. Dans une semi pénombre, le retour sur scène est initié par Dupke qui reproduit les vrombissements d’un moteur dans un solo de batterie en simultané avec des images de Formule 1. L’association des deux est pertinente et fonctionne. Sur les écrans, flammes et tonneaux et tout finira encore par une explosion. Les grosses lights reviennent : “Say hello to Elvis here!” lance Lawless. Et il explique : Elvis, c’est un pied de micro réalisé par Disney et suffisamment sophistiqué pour coûter 10 000 $. Sur ces éclaircissements, ils envoient “Chainsaw Charlie”, et Lawless le géant se balance un moment sur son jouet. “Elvis” ressemble à une proue de galion pirate, autant qu’à un squelette à bascule monté sur ressorts comme les jeux pour enfants des squares. Puis Lawless peste à propos d’un couvre-feu et annonce la fin du show. Ils feront l’impasse sur “Heaven’s Hung in Black” (notée sur la setlist) pour finir directement avec “Blind In Texas”. Le bassiste arrache ses cordes, le batteur lance ses peaux, et une seconde après les mots “goodnight Paris”, la salle s’est rallumée. Il est 22h.


D’ordinaire moins communicatif pendant le show, le géant taciturne et son gang offriront un concert d’une heure trente cinq. C’est honnête pour un groupe connu pour ne jamais dépasser une heure trente. Après ce très bon spectacle, il refusera toutes les photos mais signera aux fans des autographes… par garde du corps interposé.

Setlist :

On Your Knees
The Torture Never Stops
The Real Me
L.O.V.E. Machine
Wild Child
Sleeping (In the Fire) / Forever Free
The Headless Children
I Wanna Be Somebody
—-
The Crimson Idol Medley
The Idol
The Great Misconceptions Of Me
—-
Drum Solo
Chainsaw Charlie (Murders In The New Morgue)
Blind In Texas