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THIS IS NOT A LOVE SONG 2016 – Jour 3 (05/06/16)

Le dernier jour du festival est déjà arrivé, et il s’annonce musicalement contrasté : avec Shellac, Drive Like Jehu ou encore Metz, la noise est à l’honneur. A l’opposé, une poignée de groupes comme Beach House ou Steve Gunn sont là pour tempérer l’atmosphère.

 

 

STEVE GUNN (Scène Extérieure “Flamingo”) – Premier constat, les concerts gratuits du dimanche attirent plus de monde qu’hier. Sur la Flamingo et sous un soleil qui tape, Steve Gunn, guitariste de Kurt Vile et ancien musicien de The War On Drugs, fait les choses bien : sa voix apaisante est portée par des mélodies lumineuses de circonstance et un duo rythmique basse/batterie très agréable.

QUETZAL SNAKES (Scène Extérieure “Mosquito”) – Tout droit venus de Marseille, les rockeurs de Qúetzal Snåkes enchaînent sur la scène d’à côté et il faut reconnaître que ça envoie. On continue dans l’ambiance ensoleillée qu’avait imposée le set de Steve Gunn, cette fois dans un style nettement plus rentre-dedans et psychédélique qui rencontre un franc succès auprès du public de la Mosquito.

NOTS (Club Paloma) – Une fois les portes du festival ouvertes à ceux qui ont payé leur billet, le Club Paloma accueille son premier concert de la journée avec le quatuor du Tennessee. Les filles de Nots jouent un garage punk hargneux qui rencontre au Club un certain succès. La chanteuse/guitariste et la batteuse semblent inépuisables, l’une hurlant à pleins poumons et n’hésitant pas à finir par terre, l’autre martelant son instrument avec acharnement, tandis que les deux autres membres se montrent plus réservées. Les compositions, dont le modèle reste quasi permanent titre après titre au risque de lasser par moments, sont de purs concentrés de nervosité qui permettent à plus d’un de se défouler en fosse. On quitte la salle bien réveillé avec les oreilles bourdonnantes.

ROBERT FORSTER (Grande Salle Paloma) – L’ancien membre des Go Betweens a failli ne jamais arriver à Nîmes à cause de problèmes de transports, et ça aurait été bien dommage de ne pas le recevoir au TINALS. Le doyen du festival, classieux et décontracté, livre avec son groupe des compositions pop folk bienvenues entre les furies de Nots et les non moins calmes Metz.

METZ (Scène Extérieure “Flamingo”) – Le repos auditif est de courte durée puisqu’on enchaîne donc directement avec Metz. Synthétisant près de trente-cinq ans de noise, de grunge et de punk, le trio originaire d’Ottawa n’a aucune difficulté à motiver les rangs. Pour ceux qui cherchaient à se lâcher pleinement en ce dernier jour de festival, il ne fallait pas les louper. Pour notre part, on apprécie la première partie du set avant de se sentir déconnecté des assauts trop sonores des Canadiens.

DRIVE LIKE JEHU (Grande Salle Paloma) – Groupe phare (et rare !) de la scène post hardcore des années 1990, Drive Like Jehu n’est pas là pour faire dans la dentelle. Reformé en 2014 après dix-neuf d’absence, les Californiens ont envie d’en découdre, soutenus pour cela par un public nombreux. Malgré des problèmes techniques en début de concert qui rallongent les premiers instants de “Sinews”, les quatre membres sont pressés de jouer et déversent leurs compositions avec passion, à tel point que Rick Froberg nous confie sentir sa voix partir dès les premiers morceaux. Au terme de cinquante minutes de set, le quatuor aura livré une des meilleures performances du festival.

LUKE WINSLOW-KING (Scène Extérieure “Mosquito”) – De justesse, on assiste à la fin du concert de Luke Winslow-King. Le crooner de la Nouvelle Orléans nous permet à son tour de soigner nos oreilles avec son blues enjoué. Accompagné de trois musiciens en pleine forme, il réussit même à faire chanter l’assemblée tandis que le bassiste et le guitariste s’amusent à courir d’un bout de la scène à l’autre. Rien de transcendant, mais le moment est agréable.

PARQUET COURTS (Scène Extérieure “Flamingo”) – Les New-Yorkais suivent peu après sur la grande scène sous un temps toujours aussi clément. Leur rock brut lorgnant sur le post punk prend une dimension festive sur scène que l’attitude légère et déconnante des musiciens vient renforcer. Piochant dans leur discographie et notamment dans le dernier né d’avril, “Human Performance”, les quatre musiciens enchaînent les titres efficacement sur l’heure qui leur est impartie. Malgré une façon de faire qui finit par se révéler assez linéaire, le concert est bon.

 

 

TORTOISE (Grande Salle Paloma) – En même temps que Parquet Courts et les noiseux d’Unsane qui retournent le Club, le post rock est de retour au TINALS avec un autre de ses meilleurs représentants. La scène est remplie d’un nombre impressionnant d’instruments allant du vibraphone aux indispensables basses et guitares, sans compter les multiples claviers et les deux batteries qui se font face. La performance de Tortoise se déroule avec précision au rythme des changements d’instruments des cinq membres qui vont et viennent sur scène. Il n’est pas évident de se mettre en phase avec leur musique progressive et expérimentale, mais quelques moments sont particulièrement captivants.

BEACH HOUSE (Scène Extérieure “Flamingo”) – Pendant qu’une partie de l’auditoire se défoule sur le post punk de Girl Band, la Flamingo s’apprête à recevoir la tête d’affiche du jour, dans un registre tout à fait différent. Il est 23h10, heure parfaite pour s’imprégner de la dream pop contemplative du duo américain. Augmentée d’un bassiste et d’un batteur pour les besoins du live, la formation est venue défendre ses deux derniers albums, respectivement sortis en août et octobre 2015.

Le groupe fait son apparition devant de sobres rideaux blancs délimitant le fond de la scène. D’emblée, les premiers instants de “Levitation” invitent les spectateurs à s’abandonner entièrement à la rêverie. On se demande tout de même si la fatigue des quatre musiciens qui arrivaient ce matin de Barcelone va perdurer, fatigue qui est surtout perceptible dans la voix de Victoria Legrand. Mais celle-ci se rattrape rapidement et la musique du duo atteint des sommets sur les dernières minutes de “10 Mile Stereo” et de “PPP”, déjà particulièrement intenses dans leur version studio. Ces moments reviennent à plusieurs reprises, tandis que d’autres font chuter notre attention en cette fin de festival. La progressive “Elegy To The Void” nous plonge dans une douce torpeur que la classique “Myth” et ses arpèges cristallins viennent dissiper.

Le concert se termine dans les sonorités shoegaziennes de “Sparks”. On n’aura pas senti la formation au meilleur de sa forme mais la bonne heure de jeu est malgré tout passée à toute allure.

SHELLAC (Grande Salle Paloma) – Sur le chemin du retour, on fait une halte à la grande salle pour voir Steve Albini et ses deux acolytes martyriser leurs instruments. Ici, plus rien à voir avec les sonorités rêveuses qui viennent de nous bercer les oreilles, mais des slam et des pogos à foison sur fond de titres qui ont fait la réputation du groupe américain vétéran du noise rock, comme “Steady As She Goes” ou “Riding Bikes”. Pour cet ultime concert, nombreux sont ceux qui lâchent leurs dernières forces dans une salle pleine à craquer.

 

 

Ainsi s’achève cette quatrième édition du TINALS. Le bon son et le soleil auront été pleinement appréciés par les 15 000 festivaliers. Une belle avancée pour le festival nîmois qui en avait accueillis 12 000 l’année dernière, contre 4000 lors de sa première édition en 2013.

Il y a bien plus de points positifs que de négatifs à souligner, mais on ne peut s’empêcher de regretter que l’accès aux salles intérieures ait été souvent limité, notamment le Club pour lequel le public a dû faire parfois de longues queues. A part cela, l’organisation s’est révélée efficace pour les autres petits soucis propres à ce genre d’événement.

En tout cas, le festival n’a rien à envier à ses cousins français et étrangers, et cela grâce à une programmation pointue, à la qualité du son sur les quatre scènes, et à l’ambiance conviviale et détendue qui y règne. En tout cas, et le mot sera revenu de multiples fois aux lèvres de tout le monde, TINALS est un festival à taille humaine. Aux dires des habitués, le site prend de l’ampleur : année après année, la configuration est revue à l’augmentation. Mais des deux scènes intérieures de la première édition à l’ajout d’un second espace scénique extérieur cette année, l’ambition reste modérée, surtout si elle permet d’étoffer une programmation de qualité. Espérons seulement que les organisateurs sauront préserver cet équilibre. Quoiqu’il en soit, on reviendra !

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Gabrielle de Saint Leger
Indie rock, folk, shoegaze, post tout, etc. -> https://www.last.fm/fr/user/stealthisystem