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THIRTY SECONDS TO MARS @ Accor Arena (21/05/24)

Alors que Paris tourne à peine la page de la Taylor Swift mania, Thirty Seconds To Mars peut également revendiquer différentes “Eras”. Après avoir conquis leur fanbase avec des hits emo rock, les frères Leto ont progressivement vogué vers des compositions pop, dominées par l’électronique. À l’occasion de ce Seasons Tour, le duo saura-t-il mettre tout le monde d’accord ?

Jagwar Twin

C’est une salle déjà bien remplie qui accueille JAGWAR TWIN. Ce dernier inaugure l’imposante scénographie triangulaire déjà installée pour la tête d’affiche du jour. Le trentenaire commence sa prestation a cappella au son de “The Circle”, dans l’intimité d’un halo de lumière. Cette douce mise en bouche terminée, le show peut alors basculer dans un versant beaucoup plus énergique. Accompagné d’un guitariste et d’un batteur, l’artiste présente de nombreuses similitudes avec le registre de Twenty One Pilots, en plus pop.

L’Américain ne s’économise pas, virevolte et sollicite régulièrement les spectateurs afin qu’ils balancent leurs bras de droite à gauche. C’est léger, c’est pop, mais également touchant. Le frontman partage notamment sa gratitude d’être ici, alors qu’il y a un an, il confiait ne pas savoir si sa musique serait un jour entendue. Le point de bascule a été la composition de “Bad Feeling (Oompa Loompa)” tirée de la bande originale du film Wonka. Ce titre feel good clôturera logiquement cette première partie sur une dose de fun et de bonne humeur, assez représentative de l’artiste.

Thirty Seconds To Mars

Cela faisait cinq ans que THIRTY SECONDS TO MARS ne s’était pas produit en France. L’énorme écran géant formalise les derniers instants de cette attente, par un compte à rebours qui égrène les secondes avant de s’enrayer sur le nombre trente. Alors que les yeux sont rivés sur la scène, le groupe prend le parti de faire son entrée au milieu de la salle, récompensant ainsi les premiers rangs des deux fosses qui ont attendu pendant des heures. Un premier geste de communion d’une soirée qui n’en manquera pas.

Le set s’ouvre avec l’enchaînement “Up In The Air” / “Kings And Queens” sous une pluie de confettis roses et de fontaines de feu. Le public est au rendez-vous, chantant, dansant et criant de tout son cœur. Jared Leto, quant à lui, tourbillonne et multiplie les va-et-vient de part et d’autre de la scène.

Composé pour moitié de fans dont c’est le premier show (au grand étonnement du chanteur), c’est une majorité de jeunes trentenaires qui s’apprête à en prendre plein les yeux. Le groupe a mis les petits plats dans les grands pour proposer une expérience tant visuelle que musicale. La performance est sublimée par des projections de flammes, jeux de lumières et autres ballons gonflables, ajoutant au grandiose de l’immense écran projetant clips et paroles. L’assemblée n’est pas en reste, et s’époumone avec entrain tout au long d’une setlist particulièrement propice au chant.

It’s not only rock but it’s a beautiful day

Devant le glissement de plus en plus prononcé vers des sonorités électros, une partie des Echelons s’était par le passé sentie délaissée, au point de signer une pétition réclamant un meilleur équilibrage entre chansons anciennes et récentes. Ce soir, ils ont été largement entendus. En dépit de la sortie du dernier album It’s The End Of The World But It’s A Beautiful Day (2023), les extraits issus de ce disque feront figure d’exception (“Seasons”, “Stuck”). On se surprend même à apprécier les titres de son prédécesseur, America (2018). On scande ainsi volontiers les paroles de “Walk On Water” avant de savourer le spectaculaire solo du guitariste additionnel, ponctué d’imposants jets de flammes (“Hail To The Victor”). Mais sans surprise, l’émotion passe un cran sur les titres plus old school. La mélodie de “Hurricane” nous procure toujours autant de frissons, tandis que la classique “This Is War” fait instantanément se dresser quinze mille poings.

Le traditionnel passage acoustique est l’occasion d’entendre le toujours agréable “Alibi”, mais également de réaliser l’évolution du leadership de Jared. Si ce dernier conserve cette faculté d’électriser les foules, il se signale par-dessus tout par une authenticité retrouvée. Moins christique que par le passé, n’abusant pas des “ohoho“, le frontman fait preuve de davantage de simplicité dans ses prises de parole, rendant l’expérience vraiment agréable. Remarquant le nombre de places VIP laissées libres, il incitera même les spectateurs situés les plus en hauteur à venir prendre possession des meilleures places vacantes. Une initiative des plus rafraîchissantes !

Une annonce “très très ouf”

Si ses déclarations d’amour dans un maillot de l’équipe de France font leur petit effet, la foule achève d’exploser quand Jared lâche une petite bombe : l’annonce d’un comeback l’année prochaine pour interpréter en intégralité l’album A Beautiful Lie (2005) ! Cette perspective a de quoi faire saliver, et permettra de troquer la version acoustique de “From Yesterday” pour l’énergie originale.


Après un “City Of Angels” interprété à la lumière des smartphones, la formation a choisi de clôturer le set principal par deux morceaux emblématiques de cet album culte. Comme à l’époque ? Pas totalement. Il manque finalement à cette prestation un peu plus d’énergie dans les moments clés pour devenir vraiment épique. Sur “A Beautiful Lie”, Jared déserte ainsi assez inexplicablement l’avant-scène, se retrouvant ainsi devant l’écran géant et son clip, qui nous remémore l’époque où le frontman performait guitare en main. Cette configuration sera rapidement entrevue sur la très rock “Attack”, apportant un sursaut d’incarnation instantanément appréciable. Longtemps réservée au set acoustique, cette version électrique fait un très beau retour dans la setlist, permettant à Shannon de se mettre en valeur avant le rappel.

Pour cette dernière ligne droite, le duo n’oubliera aucun hit. L’Accor Arena reprendra joyeusement le gimmick de “Stuck”, avant de se remémorer l’époque Guitar Hero avec l’intemporelle “The Kill”. Comme de coutume, le set s’achève brillamment sur “Closer To The Edge” montrant une fois encore à quel point Jared apprécie la communion avec le public, qu’il fait massivement monter sur scène.


Alors qu’on pouvait craindre une performance éclipsant ses premières livraisons, la formation aura gâté ses fans avec un retour très réussi, permettant même de rehausser l’opinion de certains titres plus récents. À cinquante-deux ans, Jared Leto reste un showman hors norme, qu’on a apprécié retrouver particulièrement serein et simple dans ses rapports au public. La perspective d’une prochaine venue centrée sur A Beautiful Lie n’en paraît que plus séduisante. Le rendez-vous est pris !

Thirty Seconds to Mars Setlist Accor Arena, Paris, France 2024, Seasons Tour

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