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THE WOMBATS @ La Maroquinerie (08/03/18)

Cela faisait des lustres que le déjanté trio anglais The Wombats n’avait pas foulé le sol français et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir chômé ! Entre tournées aux US, en Australie, en Asie en salles ou en festivals les mois passés, le groupe a traversé de toute part le monde avec son album “Glitterbug” (2015), tout en se faisant rare en France. En guise de pardon, les musiciens se retrouvent à presque M+1 de la sortie du nouvel essai “Beautiful People Will Ruin Your Life” dans la capitale française dans le cadre des fameuses PIAS Nites organisées depuis des années par le label belge, en compagnie de l’Anglaise Wildes et du projet french pop Pendentif.

En ouverture de cette soirée, la jeune artiste originaire d’Outre-Manche Ella Walker alias WILDES arrive seule sur scène accompagnée simplement d’une guitare électrique au son rauque étouffé. Visiblement un peu impressionnée et émue d’être là pour sa première date française, la chanteuse n’en restera pas moins persuasive et juste, non pas au niveau de son jeu de guitare un peu brut sur les bords mais bien au niveau de sa douce et émotive voix, narratrice principale de cet univers intime. Proche des sonorités de Laura Marling ou London Grammar, la jeune Ella séduit sans artifice par sa simple façon d’être, et encore plus lors des spatiaux “Illuminate” et “Ghost”, interprétés en fin de set en piano-voix avec pour résultats frissons et chauds applaudissements. Wildes était ce soir sur son nuage, et nous de même.

 

 

En seconde première partie, dans un élan de French Touch, la formation bordelaise PENDENTIF prend le relais face à une fosse des plus enthousiaste et enjouée. En même temps, le quatuor français fait en ce moment-même les gros titres au lendemain de la sortie de son second album “Vertige Exhaussé”, ensemble de mélodies électro french pop dans la veine de Daho. Un univers musicalement coloré qui se confirme sur scène avec la frontwoman Cindy Callède qui, vêtue d’une combinaison toute bleue, ne manque ni d’énergie, ni de culot pour attirer l’attention : entre pas de danse libérés et répartie sans filet, le concert tourne même parfois au comique, un côté spontané qui n’est pas sans déplaire puisque n’enlevant en rien au professionnalisme de la formation. Il faut dire aussi qu’avec le chanteur-guitariste Benoît Lambin, l’harmonie est actuelle et que, niveau sonorité, les fans de la nouvelle vague française en auront pour leur argent. De “L’Originel” à “Rétroviseur” en passant par le morceau éponyme du dernier disque, Pendentif réussira également à tenir en haleine le public pendant son set, avec sa bonne humeur communicative.

 

 

Enfin, c’est aux alentours de 22h que le silence de près de trois ans des Anglais prend fin, sous des acclamations sincères. Sans attendre, le trio composé de Matthew Murphy (chant/guitare), Dan Haggis (batterie/chant) et Tord Øverland Knudsen (basse/chant) entame après des salutations brèves avec “Cheetah Tongue”, titre d’ouverture du nouvel essai en date. D’un souffle, la foule compressée de La Maroquinerie s’avance pour tenter d’être au plus proche de THE WOMBATS, assez amusé de la chose. Si le groupe est surtout connu pour son aspect indie rock bien british sur les bords, sa nouvelle facette plus indie pop légère et rythmée est agréable à découvrir en live, d’autant plus que celle-ci est, hors des productions studios, plus directe et rock. En somme donc, même si le dernier album parait trop aseptisé pour certains, c’est tout autre chose en direct.

 

 

Limitée par les conditions de la soirée, la performance de la formation sera donc rapide et intense : outre les quatre singles du quatrième effort studio (le classique “Lemon To A Knife Fight” “Turn” et “Black Flamingo”), les Anglais profitent de l’occasion pour proposer un best of de leurs albums précédents avec – dans le désordre – “Give Me A Try”, “Jump Into The Frog”, “The English Summer” ou “Let’s Dance To Joy Division”, dans une atmosphère propice aux pits, au remue-ménage, à l’extériorisation des émotions. S’il est sûr que The Wombats sait toujours y faire tant musicalement qu’humainement (on notera que Murphy autorisera des personnes souffrant des mouvements de foule à monter sur scène pour profiter plus calmement du concert sur le côté de la scène), il reste dommage de remarquer que le civisme n’est pas toujours d’actualité du côté de l’assemblée, jusqu’à en aller aux mains pour une poignée d’individus. Un acte réduisant par la même occasion et une fois de plus l’espoir un jour d’avoir un jour accès à un lieu pleinement calme, safe, respectueux et empathique. A noter que cette action affectera vraisemblablement l’aisance sur scène des musiciens, entre rappel à l’ordre et regards attentifs sur ce qui se déroulera dans la fosse jusqu’aux dernières notes de “Greek Tragedy”, clôture de cette soirée mouvementée.

 

 

Carton plein pour le concert de The Wombats dans notre capitale qui a su redorer son blason et confirmer son statut. Surtout, au vu du court set d’une heure des Britanniques, il ne reste plus qu’à espérer que Paris ou la France feront partie du futur itinéraire chargé du groupe, histoire de revivre dans d’autres conditions cette agréable expérience.

Setlist :

Cheetah Tongue
Give Me A Try
Kill The Director
Lemon To A Knife Fight
Jump Into The Fog
Black Flamingo
Moving To New York
The English Summer
Turn
Let’s Dance To Joy Division
Tokyo (Vampires & Wolves)
Greek Tragedy