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THE PRESTIGE @ Klub (14/04/13)

En ce doux week-end printanier où le soleil se fait roi et où les températures s’élèvent, les filles d’I-Scream Asso nous ont concocté une affiche appétissante et bien hardcore avec les petits nouveaux de Fake Asian Rolex, les post-coreux d’Alaska, les incisifs de The Brutal Deceiver et enfin les prestigieux The Prestige ! Attention, tremblement de terre parisien en prévision !

Au moment où les gens commencent à arriver doucement dans la seconde salle du Klub, les membres de FAKE ASIAN ROLEX se préparent tranquillement pour mieux envoyer le pâté. Avec ce groupe, inconnu au bataillon de par son nom, mais ô combien reconnaissable par ses musiciens de diverses (et anciennes) formations metal et hardcore, on s’attend à quelque chose de furieux. Chez FAR, point de mélodies ou de calibrage dans les compositions, leur ligne de conduite est simplement d’envoyer un punk hardcore crasseux lorgnant vers le coté grind de la force sans lâcher-prise et sans répit, le tout issu de leur premier EP tout juste sorti, “74K34514NR013X”. Scéniquement, ça joue à deux mille à l’heure, expédiant morceau sur morceau sans se prendre la tête et sans vraiment communiquer avec le public… sauf pour quelques vannes du genre : “bah alors, vous n’êtes pas à Emmure ?”. Le groupe est dans sa bulle, envoie ce qu’il faut quand il le faut et fait son taf : chauffer la salle pour la suite. Un set énergique, sans répit et prometteur pour la suite !

 


Une demi-heure plus tard, c’est au tour de ALASKA d’investir le Klub pour un show un peu plus classique, mais plutôt efficace. Formation issue de la nouvelle scène metalcore/post hardcore (avec This Defeaning Whisper, Crown Cardinals ou Our Theory), les Alaska ont réussi à se faire un petit nom parmi la masse de groupes qui se crée, si bien qu’ils ont été sélectionnés avec Merge pour représenter les couleurs françaises au Groezrock 2013, qui se déroulera en Belgique. Du coup, cette date au Klub sert de terrain de chauffe pour affûter leur set et leur jeu de scène. Jouant une bonne partie de leur EP ” Into The Sea”, le quintette envoie un son bien moderne mené par leur frontman, Kevin, à la voix gutturale assez impressionnante (qui n’est pas sans rappeler celle d’Aaron Matts de Betraying The Martyrs). L’énergie est de mise, le groupe est en place et Kevin communique avec le public sans pour autant le mettre en transe, car il faut l’avouer, Alaska est un peu le groupe “à part” de cette soirée. Mais ce statut ne leur fait pas peur, car ils nous délivrent un set carré et bien maîtrisé avec des compos violemment exécutées. Bravo et bonne chance pour le Groezrock !

 


Initialement, The Prestige était censé passer en avant-dernier selon l’ordre de passage vu sur le flyer, mais c’est sans compter sur la gratitude et le respect des lavallois de THE BRUTAL DECEIVER qui leur laissent la place de “tête d’affiche” pour la dernière date de la tournée qui se termine ce soir, à Paris. Connus depuis quelque temps par certains webzines et amateurs de musique extrême, c’est avec une certaine impatience que le public underground parisien attendait la venue de The Brutal Deceiver. Le show commence sur les chapeaux de roues avec “Dismember Me”, titre sombre à la lourdeur imparable, qui lance les premiers mouvements de têtes. Après une petite attente due à une corde pétée, le groupe repart sur le même rythme avec “We Are Legion”, single issu de leur album “Go Die. One By One”. Et c’est à partir de là que tout prend forme pour le reste du show, un pogo énorme se forme à même pas un mètre du groupe, rendant l’expérience encore plus intense. Dès lors, les lavallois rendent au public la violence qui leur est donnée à travers un show sauvage et brutal tout en participant au bordel communicatif. Les frères Sauvé assurent un show à la rythmique dévastatrice, Damien lâche ses tripes dans son micro et Pierrick assure les nombreux riffs déstructurés et torturés de leur dernier album. The Brutal Deceiver aligne les titres violents et groovy avec aisance et détruit tout sur son passage avec des morceaux mi-tempo ô combien assommants. En bref, le quatuor nous livre un show détonnant, plein de sueur, mélangeant à merveille la brutalité du metal et la sauvagerie du hardcore. La grosse claque !

 


Il est donc 22h passé quand les mecs de THE PRESTIGE règlent leur son pour terminer la soirée. Il faut l’avouer, la formation a quand même pris du level, surtout après avoir fait les premières parties de The Dillinger Escape Plan (ndlr : 27 avril 2012 au Trabendo) et de Every Time I Die (ndlr : 8 novembre 2012 au Batofar) mais aussi depuis la sortie de leur premier album “Black Mouths“. Leur hardcore teinté de rock n’roll fait toujours autant mouche pour briser des nuques. Et ce soir, le combo nous fait l’honneur de jouer trois nouveaux morceaux du prochain opus en cours de composition. Habituellement, c’est “The Truth” qui entame le show, mais ce soir, c’est une déflagration convergienne qui ouvre le bal et qui met tout de suite une sacrée claque comme on aime. “The Truth” prend le relais avec l’énergie habituelle du groupe emmené par un Alex bien en jambe… mais un peu enroué. S’en suit une deuxième mise en bouche bien destroy et plus hardcore qui annonce de bonnes choses pour le nouvel album. Le groupe ne lâche rien et continue sur sa lancée plus rock n’roll avec “Cranefly”. Le public n’est pas aussi actif que sur le groupe précédent, mais s’amuse tout de même à reprendre quelques paroles. Le troisième hors-d’oeuvre arrive et annonce la couleur pour le disque avec son intro posée et fragile, avec une montée en puissance imparable. Confirmation, le prochain cru The Prestige va en défriser plus d’un. Le quatuor termine le show par le traditionnel enchaînement “The Never Ending End”/”Backward” viscéral et rempli d’énergie, où Amaury et Quentin de The Brutal Deceiver viendront cracher leurs tripes derrières les micros. Au moment où les derniers larsens retentissent, Alex propose de jouer un dernier morceau en guise de rappel avec les cinq minutes qu’il reste… et quel morceau ? Le sublime “Hooks & Lips” qui clôture “Black Mouths” et autant dire qu’elle est aussi frissonnante en live que sur CD, malgré le grain de voix un peu usé d’Alex. La fin semble se dessiner pour le groupe jusqu’au moment où une partie du public demande un ultime rappel. Il reste trois minutes… c’est parti pour “Burn Down Vegas” et son hardcore n’roll addictif qui terminera l’excellent show de The Prestige dans la petite cave du Klub avec un bon pogo/moshpit. Merci !

 


Que dire à part que cette soirée était une belle soirée remplie de bonne humeur, de violence et d’amitié. Les FAR nous ont montré un bon potentiel à suivre de très près, les Alaska nous ont prouvé leur talent et leur envie de bien faire, les Brutal Deceiver ont failli détruire les murs du Klub, sans oublier le set rentre-dedans de The Prestige qui confirme leur talent ! On en redemande !

Crédit photos : Julien L.