Reports

THE LEGENDARY TIGERMAN @ La Maroquinerie (07/10/14)

Le Portugais Paulo Furtado, alias The Legendary Tigerman, revient en tournée française avec “True“, son sixième album. Quelques mois après un concert complet au Point Éphémère, le félin investit cette fois une salle un peu plus grande.

20h, devant une salle aux trois quarts vide, entre CATFISH : une rousse en salomés rouges et à la voix rauque et blues, et un garçon en total look jean’s, la Gretsch sur le genou. La chanteuse, la ride du lion pincé comme Imelda May, frappe sur un kit de batterie réduit. Parfois, elle le lâche pour un petit clavier Korg ou une basse électro acoustique. Les morceaux sont blues, un peu sauvages, et minimalistes. Le duo quitte la scène après quarante minutes et un dernier titre prolongé en électro dancefloor.

 

 

Changement de plateau, à 21h05 la salle s’est remplie d’une foule calme et raffinée. La scène est prête : sur un écran au fond apparaissent les mots “The Legendary Tigerman” cernés d’arabesques, deux batteries de tailles différentes sont installées, dont une avec un gong, et des pieds de micros qui en tiennent chacun deux ou trois de différentes sortes.

C’est le moment, THE LEGENDARY TIGERMAN entre dans l’arène : zizi blanches (ndlr : ce sont des chaussures), costume sombre, verres fumés qui lui mangent le visage, et Gretsch rouille de gaucher en bandoulière. Sur l’écran, une fille en super 8 marche de dos pendant que la salle s’emplit des loops de “Hey, Sister Ray”, un duo extrait de “Femina” qu’il interprète seul. Avec ses faux airs de Johnny Depp, il remercie en français avec un accent portugais. Pour le morceau suivant, Tigerman accueille un batteur : “Sega” (alias Ricardo Coelho), une armoire à glace en chemise noire brodée, qui martèle à coups de gourdin un “Wild Beast” sauvage. Lors de la tournée précédente, le Portuguais se produisait seul, mais en plus du batteur, arrive au troisième titre un saxophoniste basse additionnel. “Storm Over Paradise”, issu du dernier opus, fait les frais de problèmes de synchronisation entres les musiciens. Chaque fois que le titre est repris, dans une totale bonne humeur, le saxophoniste jette aux deux autres un billet de 10€ (un pari ?). Puis le tigre reprend sa place d’homme-orchestre, calé derrière sa grosse caisse et sa charleston, pour quelques titres de blues animal. Seul avec l’écran qui projette des films de sa réalisation : une femme dans un bus (“And Then Came The Pain”), une route qui défile à l’envers (“Love Ride”), des filles qui jouent aux cartes nues ou lui-même posant sa valise devant un paysage désolé avant de finir nu et a quatre pattes dans des champs marécageux (“Naked Blues”). Il laissera même l’image de Lisa Kekaula des Bellrays chanter pendant qu’il joue “The Saddest Thing To Say”, dans un duo virtuel. Accélération avec  le rythme soutenu de “Crawdad Hole” et celui épileptique de “Bad Luck R’n B Machine” où le frontman, au bord de la scène, harangue le public avec des “Baby!” autoritaires auxquels les filles répondent par des cris. Paulo passe du français à l’anglais, félicite le public pour sa beauté, annonce une chanson d’Eddie Cochran (“Twenty Flight Rock”), en joue aussi une de Nancy Sinatra (mais le cartouche sur l’écran ne se trompera pas en signant “The Boots Are Made For Walkin’”, Lee Hazelwood). Le saxophoniste ne joue qu’avec son embout, d’où sortent de drôles de sons, sur “Gone”, le très brut “Dance Craze” est terminé par des coups de gong, et  le tigre sautille et multiplie les attitudes sur “21st Century Rock’N’ Roll” pour un final très rock n’roll. Cambré au bord de la scène, il descend dans la fosse et chante à genoux au milieu du public. Sortie de scène après ce final électrique et un charmant “merci mesdames et messieurs” en français. Ce n’était pas noté sur la setlist mais il revient, seul avec sa Gretsch, pour deux douceurs : le délicat “Life Ain’t Enough For You” où Asia Argento chante et minaude en vidéo, et le lascif “Love Ride”. Il est 22h35, c’était son dernier coup de griffe blues. Timide et gentil, il signe quelques disques à des fans polis qui achètent des vinyles.

 

 

The Legendary Tigerman fait un blues rock moderne et instinctif. Ses musiciens, présents pour moitié, lui permettent quelques embardées sauvages, mais c’est encore lorsqu’il déploie en solo son blues affuté et terriblement cinématographie que le félin est le plus envoûtant.

Setlist :

Hey, Sister Ray
Wild Beast
Storm Over Paradise
& Then Came The Pain
Gone
Naked Blues
Walkin Downtown
Crawdad Hole
Bad Luck R’n’B Machine
Twenty Flight Rock
The Saddest Thing To Say
These Boots Are Made For Walkin’
Dance Craze
21st Century Rock ‘N’ Roll
—-
Life Ain’t Enough For You
Love Ride