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THE BREEDERS @ La Gaîté Lyrique (27/10/17)

Depuis 1993, chaque concert des Breeders est un événement dans la capitale. Ne jouant jamais au même endroit, la bande des sœurs Deal investissent cette année la Gaîté Lyrique pour présenter leur nouvel EP, à défaut d’un format un peu plus long. Cette longue absence studio est vite pardonnée par l’honneur qu’ils nous font en posant leurs amplis par chez nous.

19h30, c’est une file d’attente déjà très constituée qui se forme le long de la salle de concert. La découverte de “The Last Splash” (1993) est remémorée entre deux cigarettes, les vieux de la vieille racontent leurs anecdotes à ceux dont ce sera la première expérience live du quatuor de Boston. Une ambiance conviviale qui remplit la salle de moitié pour accueillir PINS. Sobres, arborant un look digne des années 90, la première entrée en matière nous donne envie de regarder de nouveau un épisode de Daria et de se replonger dans la lecture de “Ghost World”. Formé en 2011, le quintette de Manchester est composé de cinq jeunes filles au regard sérieux qui viennent défendre le dernier venu de leur discographie, le fort sympathique “All Hail” (2017). Quarante cinq minutes de set post punk qui résument une discographie de trois albums chauffent lentement mais sûrement l’auditoire. Sous les airs stoïques des musiciens opère une alchimie qui mélange les influences oscillant entre Joy Division et Gossip. Des compositions un peu redondantes mais non dénuées de charme qui ne manquent pas de nous faire taper du pied à grands coups de lignes de basse ronde et d’effets de synthétiseur doucement rétro. Les cinq femmes font preuve de complicité et donnent du cœur pour nous préparer au set principal.

Le temps de recharger en bière et de griller une sèche, la salle s’éteint à 21h et les sœurs jumelles débarquent sur scène suivies de Josephine Wiggs et Jim MacPherson. Décontractées, nous n’avons pas vu sourire les frangines comme ça depuis bien des années. Après quelques réglages et remerciements en français, c’est “No Aloha” qui résonne. La ballade hawaïenne au final musclé ouvre les festivités d’une setlist qui met l’album culte à l’honneur dont dix morceaux sur quinze sont interprétés pour le plus grand bonheur du public. Les classiques s’enchaînent avec un naturel qui fait plaisir à voir. Faux départs sur un mauvais accordage, crises de fous rires, l’impression d’assister au concert d’une bande d’amis ne fait pas défaut. Un esprit un peu sot demande au groupe “Where Is My Mind? “, ce à quoi Kim répond avec un rictus “In Boston”.

 

 

Le nouveau single “Wait In The Car” démarre, et l’assistance crie à l’unisson “Good Morning!”. Une foule d’habitués qui est en contraste permanent avec les musiciens. Chemises de bureaux sont à l’honneur pour ces admirateurs venant revivre une partie enfouie de leur adolescence. N’ayant rien perdu de leur verve, quelques enthousiastes risquent un “I love you, Kim!” ou encore un “louder!” entre les morceaux. Cela soulève la question de la salle, pleine certes, mais soumise à un contrôle des décibels un peu trop restreints. Le dynamisme et la bonne humeur des Breeders ne sont pas entamés, mais force est de constater que l’écrin n’est pas à la hauteur, contrairement au Trianon il y a maintenant quatre ans.

 

 

Que cela ne tienne, on invite un roadie à jouer de la guitare sur “Off You” qui instaure une atmosphère planante et on laisse Kelley chanter sur le frénétique “I Just Wanna Get Along”. “Cannonball” réveille une foule un poil statique pour suivre avec la déclaration suivante “we know a Beatles song”. Pas le temps de réagir que la reprise déjantée présente sur le premier album de “Hapiness Is A Warm Gun” hurle à travers les amplis. Nous regrettons cependant l’absence de certains morceaux de “Title TK” (2002) et de “Mountain Battles” (2008), qui demeurent des albums décriés. Mais Kim Deal met ses différents de côté pour nous offrir en rappel une belle interprétation de sa composition la plus connue au sein des Pixies, “Gigantic”.

 

 

Le concert termine avec “Drivin’ On 9” dont le violon est joué par la batteuse des PINS. Un petit tour, et puis ne s’en vont pas. L’ultime titre est “Walking With A Killer”, présentée comme une nouvelle chanson alors qu’elle est publiée en 2012 par Kim Deal pour son projet solo. Encore une chose qu’on peut pardonner aisément tandis que The Breeders a du mal à quitter la scène. Autant que nous à quitter la salle.

Setlist

No Aloha
Saints
S.O.S.
Invisible Man
Wait In The Car
I Am Decided
Tipp City
Night Of Joy
Fortunately Gone
Pacer
Bang On
Off You
New Year
Cannonball
Happiness Is A Warm Gun
Glorious
Hag
Archangels Thunderbird
I Just Wanna Get Along
Do You Love Me Now?
—-
Gigantic
Divine Hammer
Drivin’ On 9
—-
Walking With A Killer