Reports

STICK TO YOUR GUNS @ La Flèche d’Or (13/02/16)

Un samedi à Paris, Alternative Live a décidé de convier les amateurs de hardcore à une petite réunion. Avec les amis et les têtes familières, dans un premier temps, puis, dans un second temps, avec certains groupes dont on a déjà croisé le chemin plusieurs fois, plus ou moins récemment, et dont les concerts figurent, de manière générale, comme des rendez-vous immanquables pour la plupart. Stick To Your Guns, Stray From The Path, Counterparts, Wolf Down : voici-là une affiche cohérente et terriblement prometteuse, qui prendra vie à La Flèche d’Or.

Une salle encore bien vide n’est pas systématiquement synonyme d’ennui. Pour preuve, le set de WOLF DOWN sonne le glas des hostilités – en petit comité, certes -, mais les personnes présentes venues à l’heure savaient ce qu’elles ne voulaient pas rater. La musique en elle-même n’emballe possiblement pas l’audience dans son entièreté, mais l’énergie, elle, séduit.

Deuxième formation de la soirée, les Canadiens de COUNTERPARTS se voient confier la tâche de faire monter l’ambiance d’un cran, eux que l’on a encore vu il y a quelques mois, semblant véritablement passer leurs vies sur les routes. Doté d’une setlist sans surprise mais efficace, le groupe manque tout de même légèrement de prestance, ce petit plus qui différencie un set fort sympathique d’une très bonne performance. La passion est pourtant bien là et rythme chaque note de la formation, mais sa maîtrise ne semble encore pas totalement acquise. L’annonce de Counterparts sur un line up demeure cependant toujours une bonne nouvelle. Les plus connaisseurs s’attèlent à quelques sing alongs pendant que le reste se laisse timidement entraîné par la musique, tout en appréciant ce qu’il entend, et voit. C’est bon, c’est bien, c’est Counterparts.

Sûrement aussi attendu que la tête d’affiche, STRAY FROM THE PATH demeure encore et toujours une valeur sûre en live et la garantie d’un joli bazar dans le public. Quelques balances puis les lumières s’éteignent pour ne braquer les projecteurs que sur la musique. Soudain, l’ouragan arrive sur scène sur les notes de “The New Gods” et emporte immédiatement la foule avec elle. Un degré de frénésie qui demeurera intact tout au long du set. Fureur, passion et férocité : tel est le slogan moteur de la bande, dont l’efficacité scénique ne semble jamais cesser d’accroître. Niveau setlist, l’accent est mis sur le nouvel album, “Subliminal Criminals”, comptant des titres tels que “Outbreak”, “Badge & A Bullet Pt. II”, “Shots Fired” ou encore “Snap”, pour n’en citer qu’une poignée. L’agitation est constante dans les rangs (qui n’en sont plus), motivée par la voix impétueuse et incisive de Drew York qui, entre deux chansons, remercie chaleureusement le public parisien d’avoir répondu présent ce soir malgré le climat délicat dans lequel il se trouve, et profite de l’occasion pour parler librement, fermement et brièvement, de certains problèmes de société. Dans ce déferlement de rage positive, les mots et les insultes sont pesés, et toujours dirigés vers les bonnes cibles. Mais le temps passe sans que l’on s’en aperçoive, et vient déjà l’heure des dernières chansons : “Black Friday”, “Badge & A Bullet”, et “First World Problem Child”. Un combo des plus percutants pour clôturer quarante-cinq minutes de brasier.

Il est aux alentours de 21h lorsque la salle se retrouve à nouveau plongée dans l’obscurité, indiquant le commencement d’une messe cathartique qui sera prêchée par STICK TO YOUR GUNS. Car l’énergie, l’humanisme, la rage et le partage seront bel et bien les éléments clés de la soirée, pour autant sans surprise pour les fans de la bande à qui l’on assimile souvent l’étiquette de groupe “positif” ou “engagé”. Le show débute alors sur les notes de “It Starts With Me” rythmées par un Jesse Barnett puisant sa force dans l’émotion, et dont la voix ambivalente se veut être aussi douce que puissante pour cette chanson à la symbolique forte. Les cordes vocales s’usent déjà dans l’assemblée, qui reprend les paroles comme un seul et même homme, tandis que, bientôt, les corps s’useront de même à l’ouïe de classiques de “Diamond” (2012) telle que la fédératrice “Against Them All” ou l’enragée “Bringing You Down”, véritable appel au chaos dans l’audience.

Le message, vrai et authentique, est au cœur de la démarche des Californiens : il met l’humanité au premier plan de ses priorités, en relatant des expériences de vie, aussi bien mises en textes que discourues en direct par un frontman ouvertement honnête et transparent, évoquant, d’une confiance aveugle, des histoires parfois très personnelles. Mais la transparence fait du bien, car les paroles philanthropiques se font au final rares, malgré l’existence d’une poignée de confrères de la communauté basant leur univers sur le même concept. On s’y reconnait, on ressent, on espère, et, par extension, on se laisse emporter dans une dynamique générale amenant à une communion entre les uns, qui, ayant reçu la rage pour don, ont ce soir la parole, et les autres venus écouter et vibrer au rythme d’une musique qui leur parle. “We Still Believe”, “What Choice Did You Give Us ?”, “D(I am)ond”, “Nobody”… Tant de sujets mis en musique en si peu de minutes, et pourtant tous aussi résonnants. Il est 22h15 et les murs de La Flèche d’Or vibrent une dernière fois au son des cordes de Josh James annonçant “Amber”, dernière occasion pour les Parisiens d’extérioriser leurs passions à leur manière, le hardcore comme meilleure expression.

L’affiche a donc tenu ses promesses. Des prestations dynamiques, charismatiques et efficaces doublées d’une symbolique forte et combinées à une audience réceptive en mouvement perpétuel; voici la recette d’une belle soirée, passée vite, si vite !

Setlist :

It Starts With Me
Against Them All
Empty Heads
Bringing You Down
I Choose Nothing
We Still Believe
Nothing You Can Do to Me
The Bond
What Choice Did You Give Us?
Such Pain
D(I am)ond
Nobody
—-
Diamond
Amber