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STEVEN WILSON @ Olympia (12/03/18)

Deux ans après le Palais des Congrès, Steven Wilson et son groupe sont revenus fouler le sol d’une salle parisienne. Pendant presque trois heures, le public d’un Olympia bondé a pu apprécier un show qui lui en mis plein les oreilles et les yeux.

Pas de première partie pour l’ouverture de la soirée mais la projection d’une vidéo de quelques minutes, intitulée “Truth”, dans lequel des mots sont associés à des photographies d’une manière d’abord logique puis de plus en plus troublante. Alors que le rythme du film s’emballe, brouillant tout repère entre le sens de grands principes humains et les images, les cinq musiciens font leur apparition et lancent sans transition “Nowhere Now” qui suscite à sa fin de longs applaudissements, largement encouragés par Wilson lui-même. Les premières notes de “Pariah” prennent le relais, et on se demande comment la performance vocale de la chanteuse Ninet Tayeb va se concrétiser. En chair et en os ou en sample ? Ni vraiment l’un, ni vraiment l’autre : son visage projeté en très grande dimension sur une mince toile en bord de scène fera l’affaire. A ce stade du concert qui s’annonce déjà riche tant musicalement que visuellement, l’Anglais nous prévient qu’on s’embarque pour près de trois heures à travers son impressionnante discographie à la fois en tant qu’artiste solo et membre vital de Porcupine Tree.

 

 

La suite du premier set reste toutefois consacrée aux deux derniers albums de Wilson, “Hand. Cannot. Erase.” et “To The Bone”. L’enchaînement “Home Invasion” / “Regret #9” fournit l’un des très nombreux moments de la soirée où on savoure la virtuosité des musiciens qui l’accompagnent, en particulier lors des solos du claviériste Adam Holzman et d’Alex Hutchings à la guitare. Si “The Creator Has A Mastertape” est malheureusement peu aidée par un son étouffant et des samples mis bien trop en avant, “Refuge” offre un petit répit non dénué d’émotion, bien au contraire, grâce notamment à cette montée encore plus prenante sur scène. Pour rester dans les thématiques politico-sociales actuelles, le groupe enchaîne avec “People Who Eat Darkness”, mis en images avec la projection d’un clip très expressif réalisé par Jess Cope, proche collaboratrice de Wilson depuis plusieurs années. Cela fait déjà quasiment une heure que les musiciens sont en place, et ce n’est qu’après les treize minutes épiques de “Ancestral” qu’ils quittent une première fois la scène.

 

 

Après une pause d’une vingtaine de minutes, la bande débute la deuxième partie du concert par une interprétation magistrale d’un classique de Porcupine Tree, “Arriving Somewhere But Not Here”, sublimé par un visuel à base de time-lapse urbain et anonyme. Wilson prend ensuite le temps de se lancer dans un discours rendant hommage à la pop où il défie le premier qui osera avouer qu’il n’aime pas ABBA. Tout ceci annonce le morceau le plus enjoué et accrocheur de sa longue carrière, “Permanating”, pour lequel il invite le public à se mettre debout. Mais comme toujours avec l’Anglais, la joie est de courte durée ! La séquence nostalgie est donc inévitable avec “Lazarus” puis “Heartattack In A Layby”, avant de réactiver la distorsion pour “Detonation”, “Vermillioncore” et l’hymne “Sleep Together”.

 

 

Troisième et dernier retour sur scène alors qu’il est déjà bientôt 23h. Steven Wilson revient d’abord seul pour interpréter dans une version guitare voix “Even Less”, l’une de ses compositions dont il nous révèle être le plus fier. Avec une setlist élaborée à partir de ses deux derniers disques et d’une portion restreinte du catalogue de son ancienne formation, il était tout à fait probable que l’ultime titre aille chercher un peu plus loin. Difficile donc de faire mieux que “The Raven That Refused To Sing”, tiré de l’album de 2013 du même nom, accompagné par son clip puissamment évocateur, pour un final qui résume à lui seul le talent et l’inépuisable créativité du compositeur britannique.

 

 

Epaulé par d’excellents musiciens, Steven Wilson a su embarquer son public sans peine dans son univers aux émotions profondes et variées. On ne peut que saluer la richesse tant en studio que sur scène d’un artiste qui gagne enfin d’album en album une notoriété bien méritée. Pour ceux qui l’auraient manqué, profitez-en : séance de rattrapage le 7 juillet, même salle même heure !

Setlist :

Nowhere Now
Pariah
Home Invasion
Regret #9
The Creator Has A Mastertape
Refuge
People Who Eat Darkness
Ancestral
—-
Arriving Somewhere But Not Here
Permanating
Song Of I
Lazarus
Detonation
The Same Asylum As Before
Heartattack In A Layby
Vermillioncore
Sleep Together
—-
Even Less
The Raven That Refused To Sing

Gabrielle de Saint Leger
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