Reports

SOLIDAYS 2016 – Jour 2 (25/06/16)

Après une première journée plus que convaincante, retour sur l’Hippodrome De Longchamp pour le deuxième jour de Solidays. Au programme : soleil (et coups de soleil), conférences, traditionnel saut à l’élastique, animations, encore du soleil, quelques très jolis moments, et beaucoup de décibels.

 

 

THE WANTON BISHOPS (Dôme) – A 15h, c’est d’abord le César Circus qui accueillera la jolie idée de Solidays : faire jouer des musiciens du métro devant un public ultra réceptif, parmi lesquels le set endiablé de BILLET D’HUMEUR sera particulièrement ovationné. Mais direction le Dôme à quelques pas, qui sera inaugurée par un premier groupe nous venant de loin : originaire de Beyrouth (Liban), The Wanton Bishops débarque en ce début d’après-midi sur la scène du Dôme pour y interpréter son premier très bon album intitulé “Sleep With The Lights On” (2015). Formée en 2011, la bande distille un savant mélange de rock n’roll et de blues, associant guitares cinglantes et fûts retentissants à des harmonicas ou banjos.

 

 

Devant un petit public (il est encore tôt !), les musiciens livrent une bonne énergie sur des titres tels que “Smith And Wesson”, “My Kinda Lovin'”, ou encore “Bad Liver And A Broken Heart”, rythmés par la voix charismatique du frontman Nader Mansour. Si la motivation et le dynamisme de la formation sur scène sont indéniables, la musique semble perdre quelque peu de son envergure en live, comparé à la magnificence des versions studio, terriblement efficaces. Qu’importe, les admirateurs de la formation s’en donneront à cœur joie sur le morceau phare de The Wanton Bishops, “Sleep With The Lights On”, avant que les Libanais ne s’éclipsent bientôt du Dôme.

 

 

 

 

CEREMONIE CONTRE L’OUBLI (Paris) – Quelques temps plus tard, à l’autre bout de l’Hippodrome, vient le moment de se rappeler pourquoi un tel festival a été créé. Sur la scène Paris, la Cérémonie Contre L’Oubli rassemble militants et familles pour livrer témoignages et messages d’espoir, afin de perpétrer la mémoire des personnes disparues, emportées par le sida. Un patchwork réalisé par des proches, comportant les noms des êtres touchés par la maladie, sera érigé non loin de la scène, sur le site du festival. Moment fort.

 

 

CARVING (Paris) – Retour à la musique. Après le set survitaminé de BIGFLO & OLI (Paris) et du majestueux OXMO PUCCINO (Dôme), c’est Carving qui nous convie à une heure de pure énergie. Comeback fracassant pour le groupe d’origine de Mat Bastard formé il y a de cela vingt-trois ans, avant que l’aventure Skip The Use ne commence. Après trois efforts au compteur, un EP “Coconuts” (2000), puis deux LP, “I Wish I Was Underground To Stick It On My Face” (2001) et “One ‘n’ All Fight For Unity” (2005), le quintette officialise son retour avec deux nouveaux titres : “Rosemary” et “We Are The People”. Savoir le frontman à l’affiche, c’est avoir la promesse d’une performance plus qu’explosive ! Devant une audience massive, la formation fonce la tête la première et délivre un show physique, sur des chansons telles que “The Incredible Story Of Bobby Lee”, “Black Boy” ou encore “My Board”. Entre punk, rock, hardcore, ska et pop, Carving offre un set remuant et fort en décibels. Suivre la cadence de ce groupe infatigable requiert de l’endurance, défi que le public relève volontiers. On a déjà envie de les revoir !

 

 

LAS AVES (César Circus) – Pendant que KEZIAH JONES émerveille la scène Bagatelle de son magnétisme incroyable, l’art pop colorée et envoûtante de Las Aves viendra aciduler la soirée du côté du César Circus. Avec un premier album, “Die In Shanghai”, la propulsant au rang de nouvelle pépite à suivre, la bande a su bien s’entourer : Dan Levy (The Do) à la production, le peintre Jacques Parnel à la réalisation de l’artwork, l’artiste Ferry Gouw (travaillant avec Major Lazer) pour son emblème doré, ou encore le réalisateur Focus Creeps (Arctic Monkeys, Trash Talk) pour les clips. Sous les acclamations d’une foule motivée, le quatuor offre un set dansant et enchanteur, à l’image des sons comme “N.E.M.”, “Perfect Mess”, “Leo”, ou encore “Gasoline”. La musique se réinvente au fil des pistes et fait preuve d’une étrange modernité, presque expérimentale. Devant la motivation certaine de Las Aves, on se laisse volontiers happer par l’énergie débordante des quatre membres et un univers qui leur est bien propre. Aux abords du chapiteau, les festivaliers, intrigués par le savant mélange de pop-électro-hip-hop du combo, s’arrêtent même sur leur chemin, et restent. Agréable moment !

 

  

 

SELAH SUE (Paris) – 22h. Coucher de soleil sur l’Hippodrome De Longchamp, toujours aussi fourmillant. Une douce mélodie se fait entendre et calme l’agitation des alentours : elle se nomme Selah Sue. Aperçue plus tôt rejoignant Keziah Jones sur sa chanson “Beautiful Emilie”, le diamant brut soul investit cette fois-ci la scène Paris et suspend le temps de sa voix si envoûtante. Très vite, l’émotion fait vibrer la foule, les notes de “Reason”, “This World” ou “Won’t Go For More” résonnant comme de véritables ondes hypnotisantes. Après un premier opus éponyme l’ayant révélé au grand public en 2011, l’artiste belge revient avec son deuxième opus, intitulé “Reason ” (2015), dont le single “Alone” sera repris d’une voix par la foule gigantesque, Selah Sue se stoppant au refrain pour laisser les voix des festivaliers remplacer la sienne.

 

 

La musicienne affiche une présence époustouflante et une maîtrise totale de son instrument principal, ses cordes vocales, qu’elle semble user et manier à son entière convenance. Guitare en main, Selah Sue a à peine le temps de faire vibrer deux cordes que l’auditoire reconnait instantanément les notes de la célèbre “Raggamuffin”, révélant une fois de plus le flow sans faille de la chanteuse. La magie se poursuit mais vient déjà l’heure pour l’artiste au timbre de voix si reconnaissable de tirer sa révérence à Solidays, sous les ovations chaleureuses d’une foule séduite.

 

 

 

GOOSE (Domino)

 

 

THE SHOES (Dôme) – Changement de scène et d’ambiance : place à The Shoes et son électro rock survitaminé, pour ce qui sera indéniablement l’un des moments forts de ce samedi. Sous les acclamations d’un public ayant largement répondu présent, le duo rémois, composé de Guillaume Brière et Benjamin Lebeau, investit les planches de la scène du Dôme, sur laquelle il défendra ses deux albums à succès, “Crack My Bones” (2011) et plus récemment “Chemicals” (2015).

 

 

C’est à ce moment précis que la folie commence, car la capacité du duo à soulever un auditoire entier est phénoménale. A coups de rythmes et beats effrénés, The Shoes livrent à Solidays la preuve qu’ils sont de véritables architectes de paysages sonores grâce à des titres comme “Give It Away”, “Us & I” ou encore “People Movin’”, provoquant la frénésie dans l’assemblée. En effet, les deux compères ne se contentent pas simplement d’appuyer sur deux boutons, lancer les prods et user de samples pour combler l’absence des artistes en featuring.

 

 

A contrario, The Shoes endosse tous les rôles, proposant un set complet et une vraie performance scénique. En bonus, un liveshow interactif : derrière la bande, des écrans qui projettent de fantastiques memes Internet de chat, poules ou d’un Dawson larmoyant. Le set se veut complètement délirant, et deviendra même astronomique dès les premières notes des pépites que sont “Drifted” ou encore “Time To Dance”, transformant le sol fermier du festival en dancefloor gigantesque. Prestation explosive.

 

 

DELUXE (Paris) – Après un hommage aux bénévoles salué par la foule, “I Will Survive” de Gloria Gaynor annonce l’arrivée imminente du prochain groupe, pour le plus grand plaisir de l’audience qui, chantant et dansant, s’en donne déjà à cœur joie. 00h30, la troupe montre enfin le bout de son nez, vêtue de ses plus beaux habits. La folie Deluxe s’empare alors de la scène Paris, devant un immense parterre de festivaliers : malgré les 60 000 personnes ayant les yeux rivés sur la bande, le sextuor ne se laisse aucunement impressionner, et s’apprête à enflammer l’Hippodrome sans en épargner un seul hectare.

 

De son univers unique et décalé, la formation manie d’une main de maître son set ainsi que la foule interminable dans le creux de sa main. Avec un nouvel album au compteur nommé “Stachelight” tout aussi efficace que les précédents efforts, Deluxe distille un savant mélange de pop, jazz, électro, funk ou encore hip hop, résultant en un groove phénoménal. Sur des morceaux comme “Tall Ground”, ou encore “Pony”, l’auditoire se laisse joyeusement entrainer par des mélodies ravageuses qui lui feront oublier la fatigue pendant quarante-cinq minutes. “Solidays, tout le monde les mains en l’air !”, s’exclame la bande sur “Superman”, avant de continuer : “on va faire une pause, nous aussi on est fatigué”.

 

 

Le sextuor s’assoit alors sur scène, et demande à tout le monde de faire de même côté fosse. Les 60 000 personnes rasent alors le sol et la tension monte jusqu’à la reprise quelques dizaines de secondes plus tard où ils pourront enfin sauter en rythme, résultant en un gigantesque bazar ! Du début jusqu’à la fin de la performance, l’énergie et la positivité émanera de chaque membre, tous aussi impliqués les uns que les autres. Difficile d’imaginer meilleure ambiance. On en ressort avec la moustache qui frissonne !

 

 

En somme, une journée encore plus savoureuse que la première. Programmation éclectique plus que plaisante, comprenant à la fois des pointures telles que Keziah Jones ou Oxmo Puccino, des talents phénoménaux comme Selah Sue et Billet d’Humeur, ou des boules d’énergie à la Carving, The Shoes ou Deluxe, ravissant les goûts les plus divers et exigeants. On s’impatiente déjà de la dernière journée, tout en regrettant d’avance la fin du festival !

Jour 1Jour 2Jour 3