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SOLIDAYS 2012 – Jour 3 (24/06/12)

Troisième et dernier jour de cette 14ème édition de Solidays organisé par Solidarité Sida. Contrairement aux craintes de Luc Barruet, directeur-fondateur de l’association exprimées vendredi, ce ne sont pas les vents qui se sont abattus sur l’Hippodrome de Longchamp mais la pluie, qui n’a pas cessé jusqu’au dernier concert, celui de Garbage, clôturant le festival. Capuches, parapluies et bottes étaient donc de rigueur en ce dimanche 24 juin.

 

Que serait un festival sans pluie ? C’est trempé jusqu’à l’os que nous arrivons à 15h dans l’espace presse, où tous les journalistes se sont abrités en intérieur. Le déluge s’abattant sur le site nous empêche d’assister aux premiers concerts mais ce n’est que partie remise puisqu’à la place, nous aurons des interviews de General Elektriks, Charlie Winston et Airnadette !

 

 

Après avoir enchainés ces trois entretiens, c’est d’ores et déjà l’heure du dernier point presse des organisateurs, en présence de Luc Barruet et des parrains de Solidays, faisant le bilan de cette édition 2012. Ce dernier est plutôt positif : malgré la crise économique et la baisse du montage financier, ces trois jours ont engendré 1,5 million d’euros de bénéfices à Solidarité Sida, permettant ainsi le financement de programmes en France et à l’étranger et l’ouverture des appels à projets auprès des associations travaillant sur les thèmes que sont la précarité ou encore les malades de Bombay à Dakar ou de Marseille à Bobigny. Sur le plan international, alors que les budgets Sida des pays ne seront pas reconduits à l’identique, Solidarité Sida est clair : “à notre niveau, on ne baissera pas”. L’an prochain, Luc Barruet est conscient que malgré le succès de cette édition, l’association devra encore mener le combat pour assurer le financement de Solidays. Il va donc falloir anticiper, “avoir plus de temps pour mieux faire les choses et les optimiser encore plus” car “l’intérêt ce n’est pas de mettre en place l’outil mais l’optimiser”. Pour cela, Solidarité Sida compte sur ses partenaires habituels, principaux sources de financement car “c’est le bon moment pour se battre et faire bouger les lignes”.

 

18h30, la MESSE DES SOEURS sous le chapiteau du César Circus se fait entendre. Ces bonnes soeurs extravagantes, que nous avons croisé plusieurs fois durant le festival, prêchent tolérance, paix et non-violence contre les exclusions avec en toile de fond un message de prévention derrière ce spectacle théâtral décalé et provocant à souhait.

 

On se dirige ensuite vers la scène Bagatelle pour General Elektriks, traversant ainsi la scène Paris où se produit au même moment TIKEN JAH FAKOLY chantant “Le Pays Va Mal”, l’un de ses nombreux hymnes reggae dépeignant les maux de sa terre d’origine, l’Afrique.

 

 

Arrivé pile à temps après avoir bravé le terrain glissant, le son du clavier annonce le début du show de GENERAL ELEKTRIKS emmené par RV Salters devant beaucoup de festivaliers malgré la pluie. En effet, le frontman nous confiait quelques heures plus tôt que lorsque “les conditions ne sont pas nécessairement idéales, ça a tendance à souder le public et le groupe”. Véridique ! Pour preuve : sa musique, entre pop, soul, funk et électro, réchauffe le public qui, emporté par le groove des compositions telles que “Helicopter”, “Show Me Your Hands” ou encore une reprise du “Andy Warhol” de David Bowie, ne mettra pas longtemps avant de taper dans les mains ou encore de danser dans la boue, le sourire aux lèvres ! Un grand moment de communion mais aussi notre premier coup de coeur de la journée !

 

Retour au César Circus, histoire de s’abriter de la pluie qui continue de se déchainer. On arrive pile au moment où la troupe AIRNADETTE, armée de leurs brosses à cheveux et autres guitares imaginaires, reprend la B.O du “Roi Lion” en playback ! Le chapiteau est plein à craquer, du jamais vu pour un show d’air guitar, d’autant que c’est la première représentation de la “comédie musiculte” dans un festival ! Ce spectacle original mené par Gunther Love et son quintette au look improbable, utilise divers enregistrements, mêlant musiques allant de Slipknot à Mario Bros. en passant par du Britney Spears, du Patrick Bruel ou encore du Hermes House Band et des répliques de films ou séries cultes comme “Terminator” ou encore “Wayne’s World”, tout y passe ! Une performance humoristique de 1h15 résolument rock n’roll présentée par le manager du airband Philippe Risotto, qui a sa place à Solidays étant “un spectacle hyper solidaire, qui unit plein de musiques et plein d’horizons.” Même s’il n’y a pas de “spécial dédicace” à la cause du festival, le message de Airnadette serait “on est tous ensemble, et on veut que le monde soit mieux parce qu’on aime les bisounours.”, déclarait la championne de boobs, Scotch Brit. Un phénomène à voir absolument !

 

 

N’ayant pas pu décrocher de la comédie musiculte, on loupe une partie du set de CHARLIE WINSTON sur la scène Paris. Comme à son habitude, le grand dandy british, casquette sur le crâne et muni de sa guitare, nous fait partager ses expériences de la vie à travers sa musique pop folk avec une pointe de rock, le tout dans la bonne humeur ! En plus des chansons issues de son dernier album “Running Still” (2011)  comme les singles “Hello Alone” ou plus récemment ” Where Can I Buy Happiness?”, le set comprend bien entendu le hit qui l’a révélé, “Like A Hobo” !

 

21h, après IAM l’an dernier, c’est l’ex-leader de NTM JOEY STARR qui enflamme la scène Bagatelle avec son hip hop/ragga dévastateur. La bête de scène, toujours avec ses mimiques et cris caractéristiques, montrera plusieurs facettes du personnage. Provocateur, il n’hésitera pas à comparer la foule au public de Sexion D’Assaut ou encore haranguant “Sarko” qui avait promis qu’il n’y aurait plus de sans abris à travers un titre aux multiples “casse-toi”. Mais sous ce bad boy se cache également l’humain qu’est Didier Morville. Ce dernier adressera un message positif aux malades, déclarant qu’il serait toujours là pour eux “qu’ils pleuvent ou qu’ils neigent” ! Il y a du monde devant la scène. Musicalement, ce n’est certes pas rock, mais l’attitude et l’énergie virulente qui se dégage de cette prestation l’est résolument.

 

 

Hésitant à aller voir BRIGITTE sous le Dôme, on restera finalement dans le coin pour ne pas louper le concert de clôture, en raison de l’éloignement de la scène, se situant à l’autre extrêmité de l’Hippodrome de Longchamp.

 

 

Ce sera donc GARBAGE à 22h sur l’imposante scène Paris. Suite à l’habituel spot de sensibilisation sur le Sida sur écran géant que tous les festivaliers connaissent désormais par coeur, une intro électro tonne marquant l’arrivée de Butch Vig saluant la foule, Steve Marker, Duke Erikson, Eric Avery et Shirley Manson en gilet noir et jupe rouge, toujours coiffé d’un chignon. Pour son second passage français en même pas un mois, le groupe débute le show avec le vocodé “Automatic System Habit” comme lors du concert privé au Studio 104, qui sera suivi du premier single de “Not Your Kind Of People“, “Blood For Poopies”, qui voit un faux départ de la charismatique frontwoman. Le reste de la setlist sera constitué des classiques du groupe tels que “Why Do You Love Me”, “#1 Crush”, “Stupid Girl” ou encore “I Think I’m Paranoid”. C’est sûr qu’enchainer deux festivals en moins d’une journée, ça fatigue, d’où peut-être le côté mou de la prestation. Il n’y a rien à dire concernant la performance des musiciens mais Shirley semble ne pas mettre du coeur à l’ouvrage contrairement à l’Olympia le 16 mai dernier même si elle déclare que le groupe “est content d’être à Paris ce soir” avant le sensuel “Queer” car “c’est un honneur de faire Solidays” puisque le groupe a de l’entourage atteint par le Sida. Et puis le public n’aide pas vraiment à mettre l’ambiance. Seuls quelques irréductibles fans par ci par là bougeront et reprendront les paroles. C’est dommage que le public soit si calme pour le dernier show surtout que la pluie s’est enfin arrêtée entre temps. La foule ne se réveillera qu’à la fin avec l’arrivée des bénévoles sur scène et sur le dernier morceau “Cherry Lips (Go Baby Go!)”. Grosse ambiance rock pour achever cette édition de Solidays donc !

 

 

Bilan : deux jours de soleil et un jour de pluie, 161 340 festivaliers (contre 155 000 en 2011) et 80 concerts. Le tout placé sous le signe de la solidarité, de la musique, du fun avec toujours à l’esprit la lutte contre le Sida : “Solidays c’est un endroit où il se passe vraiment quelque chose. Il n’y a plus de thunes et les gens sont très conscients.”, résume Maitena Biraben en référence à la cérémonie du Patchwork en hommage aux victimes de la maladie qui s’est déroulé en fin d’après-midi sur la scène Paris “noire de monde”. Pari réussi pour cette 14ème édition de Solidays donc malgré la situation économique et les difficultés financières : “Nous avons un sentiment de devoir accompli, puisque qu’avec cette frequentation, nous avons réalisé le deuxième ou troisième meilleur Solidays depuis notre création.”, s’est réjouit Luc Barruet, qui reconnait que même si l’organisation reste toujours irréprochable, il y a encore quelques petits détails à régler pour la prochaine édition comme un accès plus rapide des festivaliers à l’Hippodrome de Longchamp ou encore accorder une place plus importante à Didgeridoo. Le combat se poursuit l’an prochain tant qu’il y aura la maladie, et on y sera ! Mais avant, on vous donne rendez-vous au concert des 20 ans de Solidarité Sida “Rock The World” le 29 septembre à Bercy !

 

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Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife