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SNOW PATROL @ Zenith (07/03/12)

Cela fait dix-huit ans que les romantiques compositions pop rock de Snow Patrol touchent une vaste audience essentiellement anglo-saxonne. Quatre mois sont passés depuis qu’ils nous ont présenté leur sixième bébé. Mêlant sons futuristes et compos britanniques modernes, “Fallen Empires” incarne le virage pop amorcé par les irlando-écossais, et l’ampleur de la tournée engagée l’automne dernier reflète leurs ambitions. L’intégration de Jonny McDaid, multi- instrumentiste, au groupe a changé la configuration du groupe sur scène. C’est au Zenith de Paris que les auteurs de “Chocolate”, “Run” ou plus récemment “In The End”, ont donné le dernier concert de leur tournée européenne. La bande à Gary Lightbody a laissé s’exprimer RAM’s Pocket Radio avant d’enflammer les coeurs des 6000 spectateurs de la salle pendant deux heures.

“RAM’s Pocket Radio is Peter McCauley, a drummer, pianist, jack-of-all and songwriter. […]” (RAM’s Pocket Radio est Peter McCauley, batteur, pianiste, touche-à-tout et parolier) : ainsi se présente le projet sur son site officiel. Or, sur scène ils sont quatre : en plus du leader, Richard Van Den Bos marque le tempo derrière sa batterie, Ryan Mitchell/Andrew Black gratte les cordes de sa guitare, tandis que la magnétique Shauna Tohill manie sa basse et fait les choeurs, le sourire aux lèvres. Installé derrière son synthétiseur, McCauley séduit le public du Zenith avec ses textes oniriques et ses compositions pop rafraîchissantes. De “One Plus Two” à “The Sickness The Taste”, le musicien au charme ravageur joue avec brio les compositions qui font fureur auprès de la critique britannique. Modeste et enthousiaste, il remercie à plusieurs reprises Snow Patrol pour leur invitation sur les dernières dates de leur tournée. Egalement originaires d’Irlande du Nord, RAM’s Pocket Radio existent depuis 2005 et commencent tout juste à percer. Au bout de la scène, Shauna est extatique. Bien que la voix de Peter soit fidèle à son enregistrement sur l’EP, on entend plus distinctement le clavier que les autres instruments. Bref, cette première partie a permis au RAM’s Pocket Radio de se présenter au public français avant d’entamer une tournée de l’autre côté de la Manche.

 

 

La première partie a visiblement maintenu la bonne humeur des spectateurs venus en groupe ou en couple. Dans le dernier cas, la petite entracte est un prétexte pour s’adonner à moult câlins et autres démonstrations d’affection. C’est un peu comme si les spectateurs s’échauffaient avant de recevoir leur perfusion de romantisme et de douceur. Mais au bout de dix minutes d’attente meublées par le DJ Set-d’attente-de-la-gentille-régie, le son des amplis augmente, signal que le show va bientôt commencer. Alors les langues se délient – au sens propre comme au figuré -, les corps se trémoussent et les connaisseurs reprennent “Take Me Out” de Franz Ferdinand (écossais, hum). A la fin du morceau, le public est plongé dans le noir. “Berlin”, caution arcadefire-esque de “Fallen Empires” lance le concert alors que la scène est encore vide de musiciens. Sur l’immense écran situé tout au fond de la scène est projetée une animation en 3D : une sorte de bulle d’énergie en mouvement, qui se transforme en planète Terre capte l’attention de l’audience; puis apparaît, en lettres rouges : “PARIS”. Cette introduction provoque les acclamations du public ébahi. Là, les membres de Snow Patrol montent les uns après les autres sur scène. Pour nous accueillir, ils jouent le premier titre de “Fallen Empires”, “I’ll Never Let Go”. Lorsque Gary Lightbody, chanteur, parolier et guitariste rythmique, fait son apparition, le public hurle et applaudit plus fort. C’est à peine si les premiers rangs subjugués ne s’évanouissent pas lorsqu’il chante : “It seems the day that your house burned to the ground”. Très énergique, Lightbody salue le public, parcourant la scène de part en part. Il introduit Shauna, la Shauna de RAM’s Pocket Radio, cette fois-ci en petite robe noire et derrière le guitariste Nathan Connolly, qui sourit. Mais Shauna n’est pas qu’une mignonne poupée-bassiste : elle chante – et très bien – et accompagne le frontman. Le concert se poursuit dans une très bonne ambiance et une palpable tension face à un Lightbody diablement séduisant. D’ailleurs, un jeune homme des premiers rangs n’hésite pas à exprimer le sentiment général pendant “This Isn’t Everything You Are” et scande : “GARY, LIGHT MY BODY !” La fosse rit. Le principal concerné sourit. Mmmhh, chaleur. Le public réactif reprend en boucle le “oh oh” qui clôt la ballade. Quelques minutes plus tard, le chanteur partagera le feu sacré de la musique avec celle d’une groupie en la gratifiant d’un “free hug”. De toute façon, ce live est hautement interactif : sur certains titres comme “Chasing Cars”, des images du public captées en direct sont mixées et projetées sur le grand écran. Les messages positifs des ces chansons, la complicité des musiciens ainsi que la grande forme de Gary “Light My Body” ravissent les spectateurs, réceptifs et dansant jusque dans les gradins. On a même droit à des morceaux extraits d’anciens albums, tels que “Chocolate”, “Chasing Cars” ou encore “Run”, la ballade qui les a fait exploser. La jeune Shauna reviendra interpréter “Set The Fire To The Third Bar”, avec la participation d’un certain Troy, guitariste de Seattle. Elle assumera également à la place de la star américaine de country Lissie, une jolie intervention vocale sur le titre préféré de Lightbody, “The Garden Rules”. Au bout de treize morceaux, les musiciens interprètent “Empires” dans une version encore plus techno – 90s-coldplay-euse que sur “Fallen Empires”. Enfin, Snow Patrol clôt le second chapitre de cette soirée avec “You’re All I Have”. Derrière eux, un aigle en 3D vole dans un course effrénée. Ils quittent la scène (une minute) puis reviennent pour nous jouer “Lifening” avec un son plus rock que sur l’original. Ils enchaînent avec “Open Your Eyes” et terminent le live sur “Just Say Yes”. Après que le groupe ait définitivement quitté la scène et salué le public, la première animation se remet en place : Berlin, bulle, planète Terre et… “SNOW PATROL <3 PARIS" taggé en rouge. Bien que cela fasse penser à une technique de boysband un brin cliché, le message est bien reçu.

 

 

En regard de leur ancien style, musical et scénique, Snow Patrol aspire à prendre de l’ampleur. Valorisant leur première partie et donnant un véritable show haut en couleurs, ils s’imposent désormais comme un gros groupe. Le 7 mars dernier au Zenith de Paris, les Snow Patrol ont bouclé en beauté leur tournée européenne dans un registre plus grand public tout en restant simples, accessibles et funky. C’est ça, la classe américaine.

 

Setlist :

 

Berlin
I’ll Never Let Go
Take Back The City
Hands Open
This isn’t Everything You Are
Run
Crack The Shutters
In The End
Set The Fire To The Third Bar
The Garden Rules
Shut Your Eyes
Chasing Cars
Chocolate
Called Out In The Dark
Empires
You’Re All I Have
—-
Lifening
Open Your Eyes
Just Say Yes