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SLAYER @ Zénith (26/10/15)

Voilà un peu plus d’un an que Slayer n’avait pas remis les pieds en France, pour son Zénith “annuel”. Il faut dire que si Slayer faisait partie de ses groupes rarement frappés par le changement, les Américains ont eu leur dose : la mort de Jeff Hanneman et le départ de Dave Lombardo (pour la troisième fois !) en 2013 et le changement de label, puisque le nouveau quatuor a rejoint les rangs de Nuclear Blast qui ont sorti son 11ème album “Repentless”, premier opus en six ans. Il n’est donc pas étonnant de voir un Zénith qui affiche complet, la présence d’un autre groupe du “Big Four” aidant : Anthrax !

Mais pour l’heure, ce sont les Norvégiens de KVELERTAK qui ont la lourde tâche d’investir un Zénith dès 18h30. Et pourtant, malgré des gradins encore un peu vides, la fosse est déjà bien remplie. Premier point fort : le groupe a un immense backdrop qui met tout le monde d’accord : oscillant entre black metal, hardcore et même punk, la musique de Kvelertak est sans concession : rapide, précise, elle nous touche là où ça fait mal. Erlend Hjelvik, torse nu et très en forme, n’hésite pas à s’emparer de la scène comme s’il défendait une véritable forteresse. Le côté rock n’roll de certains riffs ajoutent une certaine fraicheur à l’ensemble d’un set où les meilleurs titres de “Kvelertak” (2010) et “Meir” (2013) se succèdent sans pause aucune. Mais là où Kvelertak frappe le plus fort, c’est quand il accélère le rythme sur ses passages black metal, dont les relents presque incantatoires, lui permettent de se différencier aisément de toute autre formation. L’efficacité scandinave a de beaux jours devant elle.

Un quart d’heure d’attente à peine et c’est devant une fosse plus compacte et des gradins plus fréquentés que les thrasheux d’ANTHRAX s’emparent de la scène pour une setlist best of. Le public est très réceptif et il y a de quoi : Anthrax joue une de ses plus belles cartes dès le début avec l’enchainement “A.I.R” / “Caught In A Mosh”, généralement gardé pour la fin de set. La fosse semble très réceptive au message du groupe et se lance dans un mosh pit où la folie et la rigolade, plus que la violence, sont au rendez-vous. Anthrax instaure tout de suite une ambiance très teintée 80’s.

Le milieu de set ne faiblit pas avec les paroles de “Antisocial” scandées par la foule entière, quel pays serait plus a même que la France pour reprendre cet hymne ? Joey Belladonna est en forme olympique et s’amuse à courir dans tous les sens, à faire des mouvements de bras et aussi à tendre maintes fois la foule vers la fosse, l’invitant à chanter sur “In The End”, seul morceau avec “Fight ‘Em ‘Til You Can’t” issus de “Worship Music” (2011), dernier essai en date. Mais ses compères, Scott Ian le premier, se font également remarquer, en courant dans tous les sens et en participant aux chœurs avec énergie. Avec sa barbiche blanche et son éternel sourire du mec qui est content d’être là, on sent que le gars a de la bouteille. Son riffing, ultra précis et tranchant comme une lame de rasoir, est d’ailleurs à saluer.

En fin de show, l’obscurité s’empare du Zénith pour une poignée de secondes, le temps d’installer deux grands drapeaux : celui à gauche qui montre Ronnie James Dio et celui de droite, Dimebag Darrell. Joey en profite pour un rendre un bel hommage aux deux musiciens. Puis “Among The Living”, tiré de l’effort du même nom, vient clore ue performance d’une heure dont l’énergie n’aura décidément pas manqué. Anthrax aura beau toujours conserver sa place de dernier au sein du “Big Four”, on ne peut s’empêcher de penser que s’il y a bien un combo qui a su garder les pieds sur terre parmi les quatre géants du thrash, c’est bien lui. Chapeau bas.

La fosse reste compacte et pour cause : tout le monde veut voir l’arrivée sur scène de SLAYER. Un drapeau blanc est installé et cache ainsi le backdrop de la formation. Puis 21h pointe le bout de son nez et l’obscurité reprend ses droits sur le Zénith. “Delusions Of Saviour”, ouvrant le nouvel album “Repentless“, fait monter la pression pendant les deux minutes qui nous séparent du début du concert. Des pentagrammes rouge sang dansent sur la toile blanche. La pression monte, la sueur coule, les gens crient, deviennent hystériques : Slayer est toujours un groupe attendu. Et comme une guillotine qui s’abat sur l’assemblée, le drapeau tombe et laisse place à l’artwork de “Repentless” dont les premières notes résonnent.

Le constat est sans appel : ce nouveau line up est une machine à tuer. Tom Araya et Kerry King, les deux seuls rescapés du navire, sont fidèles à eux-mêmes. Gary Holt, plus en retrait, fait bien son travail et n’a rien à envier à la précision que pouvait avoir Jeff Hanneman. Quant à Bostaph, il a remplacé Lombardo suffisamment de fois et martyrisé ses fûts suffisamment longtemps avec Exodus et Testament pour comprendre comment on fait le jobl ! Mais l’assemblée n’a pas le temps de dire “ouf” que la mythique “Postmortem” issu du non moins mythique “Reign In Blood” sonne. C’est efficace, ça groove et la voix d’Araya est même légèrement supérieure au Zénith de 2011, c’est dire ! Hormis quelques sourires du sieur Araya entre deux chansons, nous n’aurons pas le droit à grand chose mais de la gentillesse, ce n’est pas ce que l’auditoire est venu chercher ce soir. Et la setlist aux allures de best of peut commencer : “Disciple” dont tout le monde connaît le refrain par cœur et “God Send Death” sur “God Hates Us All” (2001), “Hate Wordlwide” et “World Painted Blood” sur le disque éponyme (2009).

En milieu de set, le visuel de “Repentless” tombe pour laisser place au vieux logo de Slayer, celui avec lequel on a connu les plus grands titres du thrash metal. Quatre croix à l’envers sont suspendues au plafond et bougent ou s’éclairent au fil de la prestation. “Seasons In The Abyss” (1990) est le disque le plus représenté avec quatre titres, dont un “Dead Skin Mask” d’anthologie introduit en cris par un Araya possédé. “South Of Heaven” (1988) et “Mandatory Suicide” permettent de ralentir un peu le rythme et de gagner en mélodies. Slayer a toujours aimé ses vieux titres et le prouve avec la mythique “Hell Awaits” (1985) qui finit d’enflammer un public très réceptif à ce thrash rapide et sans concession, tandis que les plus vieux dans l’assemblée accueillent à bras ouverts ce qui a été les prémices du thrash metal : “Black Magic” et “Die By The Sword” ! Après 1h20 de show, tout le monde attend le moment où Slayer va se retirer pour faire son rappel. Mais Slayer ne veut pas “se repentir”, et c’est sans aucune pause que l’intro de “Raining Blood” fait lever toutes les mains du Zénith. “Angel Of Death” et ses sombres paroles finiront d’achever l’assistance comme il se doit.

Presque trente-cinq ans après s’être formé, et malgré les événements difficiles auxquels il a récemment dû faire face, Slayer montre qu’il n’est pas prêt de s’éteindre, en témoigne la performance impressionnante d’un Araya, vocalement au top.

Setlist :

Repentless
Postmortem
Hate Worldwide
Disciple
God Send Death
War Ensemble
When The Stillness Comes
Vices
Mandatory Suicide
Chemical Warfare
Die By The Sword
Black Magic
Hallowed Point
Seasons In The Abyss
Hell Awaits
Dead Skin Mask
World Painted Blood
South Of Heaven
Raining Blood
Angel Of Death