
Le Slam Dunk Festival revient à Lyon pour une troisième édition française. Après s’être imposé comme une référence incontournable du punk/pop punk en Angleterre, en Allemagne, ou en Italie, ce rendez-vous des nostalgiques des années 2000 pose cette année ses amplis à l’Amphithéâtre 3000. Un nouveau cadre plus maîtrisé, offrant un son impeccable et un esprit d’arène qui s’accorde parfaitement avec l’énergie bouillonnante du festival. Seul bémol notable : des files interminables pour accéder aux stands de restauration et aux toilettes, contrastant avec la fluidité remarquable des changements de plateau.
L’open bar de Zebrahead
Ce sont les Américains de ZEBRAHEAD qui lancent les hostilités avec un set riche en couleurs et en humour. Pas très connus en France, le groupe propose une musique teintée de skate punk avec des riffs de guitare nerveux et incisifs, une rythmique énergique typique des groupes punk de la côte ouest américaine. Ce qui fait le petit plus – ou le petit moins selon les points de vue – c’est la volonté du groupe de créer un show participatif. Comme d’autres avant eux, ils jouent la carte de l’énergie juvénile, de l’ambiance festive et des paroles sarcastiques ou humoristiques. Les Américains décident de tout donner pour réussir l’échauffement.
Incitation au circle pit, au wall of death, tout est bon pour remuer la fosse. Sur “Rescue Me”, un classique des concerts de Zebrahead, le public n’a pas besoin de se faire prier pour chanter, sauter et participer activement. “Qui ne saute pas n’est pas lyonnais“, comme le chantonnaient les supporters de l’OL à la belle époque. Sur “Drink, Drink”, le bar est ouvert pour les slammers qui parviennent à rejoindre la scène. Au final, c’est un show court mais très bonne ambiance, qui met l’audience dans les meilleures conditions pour accueillir le groupe suivant.
Pop punk gallois engagé
Pas le temps de reprendre son souffle, sur scène tout le monde s’active pour monter le nouveau plateau. Le backdrop se déroule et se gonfle, et en quelques minutes le noir annonce le début de set de NECK DEEP. Déjà présents au Hellfest 2024 et en première partie de Sum 41, le groupe commence à bien connaître son public français. Neck Deep incarne un certain renouveau du pop punk énergique. Porté par des mélodies entêtantes, un son moderne et des textes introspectifs, le groupe trouve souvent un bel équilibre dans ses compositions. Dès les premiers accords de “Motion Sickness”, les Gallois donnent le ton : rythme survolté, riffs efficaces et mélodies immédiatement entêtantes provoquent l’adhésion instantanée du public.
Les pogos se forment et ça chante un peu dans la fosse. Avec “Gold Steps”, le groupe renforce encore l’unité avec ses fans. Un hymne pop punk porteur d’un optimisme contagieux. Mais Neck Deep n’oublie pas ses messages plus politiques. “STFU” et “We Need More Bricks” révèlent une critique acerbe des dérives sociales. Ben Barlow profite de ces titres pour interpeller directement la foule avec des prises de parole franches et engagées. C’est cette prise de parole un peu longue qui privera l’audience d’un titre supplémentaire. En effet, les organisateurs refusent tout dépassement de temps. Après une poussée d’énergie punk radicale et débridée sur “Dumbstruck Dumbf**k”, la soirée atteint son sommet avec l’incontournable “In Bloom”. Repris à l’unisson par toute la salle, ce titre emblématique conclut la performance sur une note joviale. Un super set, un peu trop court.
La team Converse balaie tout sur son passage
Qui aurait cru que voir NEW FOUND GLORY en 2025 pouvait être aussi jouissif ? Quand en l’an 2000 le groupe propulsait “Hit Or Miss” sur toutes les radios, le terme pop punk prenait tout son sens. C’était comme si un nouveau vent de fraîcheur soufflait sur une scène déjà bien active. Un son adolescent entre énergie brute et cœur sur la main. Plus de 20 ans plus tard, ce sentiment est intact. Le début de set envoie du lourd avec un enchaînement qui claque : “All Downhill From Here” puis “Understatement”. Immédiatement, la salle décolle. Le backdrop aux faux airs de jaquette de cassette usée évoque avec humour et tendresse l’esthétique des années lycée. Sur scène, rien n’a bougé. Le son est net, les musiciens sont toujours aussi habités, et leur plaisir de jouer se ressent à chaque riff.
Petit moment d’émotion quand le public apprend que Chad Gilbert ne participe pas à cette tournée pour raisons de santé. Une pensée partagée à voix haute, sobrement mais avec cœur, avant que le groupe ne reprenne le fil. Et là, surprise totale. Les premières notes de “Part Of This World”, oui, la chanson de La Petite Sirène, surgissent des amplis. D’abord l’incompréhension, puis l’explosion de joie. Le clin d’œil est absurde, parfait, irrésistible. Le set se termine sur “My Friends Over You” dans une euphorie collective. Tout le monde chante, saute, se regarde en souriant. Les ados qu’on était sont toujours là, quelque part, Converse aux pieds et cœur ouvert. Oui, c’était trop court. Mais c’était précieux. Une parenthèse joyeuse et sincère dans une soirée déjà riche en émotions.
L’émo de The Used en demi-teinte
THE USED n’a jamais vraiment trouvé sa place dans le cœur du public français, mais cela ne les a pas empêchés d’arriver avec l’intention de tout donner. Et à en juger par l’accueil qui leur est réservé à Lyon, il y a une base fidèle, bruyante, passionnée. Dès l’ouverture sur l’excellent “Pretty Handsome Awkward”, la salle explose. Le riff accrocheur fait danser la fosse, et le groupe, visiblement ravi de la réception, enchaîne avec enthousiasme.
“Take It Away” provoque une belle montée d’adrénaline, entre cris, chants et mouvements de foule. Mais rapidement, l’énergie retombe. Le reste du set, plus introspectif, plus lent, parfois plombé par des breaks pesants ou des solos de guitare un peu démonstratifs, peine à maintenir l’attention d’un public venu pour vibrer. La voix haut perchée de Bert McCracken, à la fois signature et limite, divise. Le son aussi.
Certains spectateurs chantent chaque mot, visiblement touchés en plein cœur, là où d’autres décrochent, profitant du moment pour tenter leur chance au bar ou au stand de merch. Ce n’est pas que The Used joue mal, au contraire, la prestation est sincère, mais son univers très marqué emo 2000’s, entre colère, mélancolie et théâtralité, reste une affaire de goût. Dans un line up aussi dense, sa proposition est peut-être celle qui demandait le plus d’attachement préalable pour réellement embarquer.
Le feu sacré des Marseillais
Pas de doute, les stars de la soirée sont françaises. D’un seul coup, la salle est pleine à craquer. Dès son arrivée sur scène, LANDMVRKS déchaîne une ferveur rarement atteinte dans une salle aussi grande. Le public est à bloc, chaque spectateur prêt à hurler chaque mot, à sauter, à slamer, à pogoter. C’est l’euphorie totale.
Le groupe n’a besoin d’aucun artifice pour briller : ses titres parlent pour lui. Les effets de lights limités du Slam Dunk ne freinent en rien l’impact de leur show, car ce qui transpire de chaque note, c’est la sincérité, la puissance, l’envie de tout retourner. Dès les premières secondes de “Creature”, Flo explose littéralement. Sa voix est là, parfaite, tranchante, émotionnelle, maîtrisée, et la fosse devient immédiatement un maelström de mouvements.
Un instant suspendu dans le temps
“A Line In The Dust” agit comme une décharge d’adrénaline pure, tandis que “Sulfur” déclenche l’un des plus beaux wall of death de la soirée. Chaque riff est exécuté avec une précision chirurgicale. Les musiciens sont carrés, engagés, mais laissent de la place à l’humain, à l’émotion. On n’est pas dans un rouleau compresseur mécanique, on est dans une célébration du live, du vrai.
Et puis il y a cette capacité rare à savoir ralentir. Lorsque Flo attrape sa guitare pour interpréter “Suffocate” en acoustique, le temps s’arrête. L’instant est magique : la fosse s’agenouille spontanément, les lumières s’allument, et chaque voix s’élève pour l’accompagner. Ce moment suspendu, presque sacré, précède un retour à la tempête. “Blood Red” explose comme un cri du cœur. Sa montée en intensité, son équilibre entre violence et beauté, ses phases rappées et chantées, en font un des sommets du set.
Le final, “Self-Made Black Hole” en duo avec Anthony Diliberto de Resolve, est l’apothéose. Le feu, la rage, la fraternité, tout y est. LANDMVRKS ne joue pas seulement à “domicile“, il impose une leçon de performance et d’authenticité. Une fierté française, une claque scénique, un moment qu’on n’est pas près d’oublier.
Pogos et Nostalgie
A DAY TO REMEMBER a rappelé pourquoi il demeure l’un des groupes les plus captivants au croisement du pop punk, du metalcore et du hardcore mélodique. Originaires d’Ocala, en Floride, ces musiciens imposent depuis leurs débuts une signature sonore unique, fusionnant habilement riffs lourds, breakdowns agressifs et refrains mélodiques qui restent en tête. Dès l’ouverture explosive sur “The Downfall Of Us All”, la communion avec le public est instantanée, lançant une soirée riche en intensité et en émotion. Les fans répondent avec une énergie sans faille, atteignant des sommets d’intensité pendant les incontournables “2nd Sucks” et “Mr. Highway’s Thinking About The End”.
Deux moments forts aux breakdowns monumentaux qui déchaînent systématiquement les pogos les plus fervents. Les passages émotionnels sont particulièrement marqués sur “Have Faith In Me” et l’incontournable ballade “If It Means A Lot To You”, chantée à l’unisson par toute la salle avant un final libérateur avec l’hymne “All Signs Point To Lauderdale”.
With All My Friends
Cette tournée est également l’occasion pour ADTR de dévoiler ses nouveaux morceaux, accueillis avec enthousiasme par un public toujours avide de surprises. Le puissant “Miracle” s’inscrit naturellement dans l’univers sonore du groupe, combinant riffs incisifs et mélodies fédératrices avec une touche très actuelle. “Bad Blood” et “Resentment” offrent une profondeur émotionnelle marquante. Ils explorent avec force la colère et les frustrations intérieures, tandis que “Flowers” impressionne par son équilibre subtil entre douceur mélodique et montées explosives.
Quant à “All My Friends” et “LeBron”, ils confirment la volonté d’A Day To Remember de se renouveler sans jamais perdre son authenticité ni son efficacité scénique. Visuellement, le groupe ne fait aucune demi-mesure. Le show prend des airs de kermesse géante avec flammes, jets de confettis, rubans de papier multicolores, ballons lancés dans la foule, et surtout d’épaisses vagues de fumée envahissant constamment la scène. L’expérience scénique est totale et chaque élément est là pour renforcer l’atmosphère festive et explosive propre à A Day To Remember.
Slam dunké, mais jamais rincé
Cette troisième édition lyonnaise du Slam Dunk Festival France est une réussite éclatante, oscillant parfaitement entre nostalgie adolescente et découvertes modernes. C’est un peu comme retrouver ses potes de lycée dans la cour mais version ampli à 11 et breakdowns cathartiques. L’énergie, la sincérité et l’émotion vécue tout au long de cette soirée nous rappellent que le punk rock, le vrai, celui qu’on a aimé à 15 ans, est toujours bien vivant. Vivement l’année prochaine.






















































































