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SKIP THE USE @ Zenith (04/04/13)

La dernière fois que nous les avions vus en concert, c’était dans le cadre intimiste d’une soirée Pression Live à la très classe Salle Wagram le 28 février dernier. Cette fois, c’est un terrain de jeu autrement plus grand que la bande à Mat Bastard s’apprêtait à investir en ce frileux début avril, puisque c’est au Zenith qu’elle nous donnait rendez-vous. On n’aurait manqué ça pour rien au monde.

A en juger par le monde emplissant doucement mais sûrement places assises et fosse peu avant le début du show, il apparait que Skip The Use est vraiment devenu un groupe avec lequel compter, apte à remplir les zeniths de légions de fans. N’hésitons pas à parler de prouesse, au regard du peu de formations rock françaises qui parviennent actuellement à ce niveau de reconnaissance, parmi lesquels leurs amis de Shaka Ponk. L’une des forces du quintette lillois, c’est que sa musique semble toucher tous les publics, ce que la foule mélangée présente ce soir démontre effectivement. Avant de retrouver nos nordistes préférés, c’est le duo anglais DRENGE qui se charge d’ouvrir la soirée à partir de 20h, avec un son étonnamment massif oscillant entre indie et garage rock à la Arctic Monkeys. Les frères Loveless se montrent à la hauteur, parvenant à capter l’attention d’un public qui les découvre et à nous faire à peu près oublier qu’ils ne sont pas aussi démonstratifs que leurs camarades de Skip The Use. En effet, le duo britannique, constitué du guitariste-chanteur Eoin et du batteur Rory se cantonne à un petit espace au centre de la scène, misant sur l’énergie de ses morceaux courts plutôt que sur un jeu de scène plus rentre dedans, mais cela fonctionne plutôt bien comme ça. Et si l’on pourrait attribuer cette relative immobilité à de la timidité, bien concevable pour un jeune groupe face à une salle de cette dimension, la ferveur dont font preuve les frangins à travers leur set suffit à nous prouver le contraire. Mis en valeur par des jeux de lumière efficaces, les deux garçons au rock typiquement anglo-saxon parviennent à toucher l’assemblée avec puissance et simplicité. Et comme pour nous montrer que nous n’avons encore rien vu de son potentiel, le duo achève sa performance au bout d’une demi-heure sur un morceau progressif particulièrement heavy, accélérant pour finir sur un tempo ultra rapide sur lequel la voix rauque d’Eoin prend une nouvelle ampleur, entre chant et hurlements. Un final surprenant qui sera largement applaudi par l’audience, visiblement convaincue par ce duo à suivre.

 


Les lumières s’éteignent à nouveau à 21h pour laisser place aux têtes d’affiche de ce soir, les cinq gaillards de SKIP THE USE. Alors qu’un compte à rebours de 30 secondes se déclenche sur un grand écran, le public commence à retenir son souffle en trépignant d’impatience, prêt à recevoir la formation comme il se doit. Et lorsque le nom du groupe vient s’afficher en lettres dorées une fois le 0 atteint, la foule explose en acclamant la bande, qui fait alors son entrée. C’est la très dansante “People In The Shadow” qui ouvre le bal, mettant immédiatement la fosse entière en mouvement, et rapidement debout une bonne partie des spectateurs qui ont opté pour les gradins. Comme toujours, Mat Bastard est en grande forme, sautant et s’agitant dans tous les sens pour le plus grand plaisir de tous, y compris le sien. Les autres ne sont pas en reste, chacun se donnant entièrement à travers son instrument et assurant les chœurs avec bonne humeur, tous les membres étant mis en valeur grâce à une configuration optimale de la scène. A eux cinq, les lillois occupent non seulement tout l’espace qui leur est donné, mais ils parviennent à emplir également la salle entière de leur énergie débordante. Et à les voir se déchainer sur les multiples tubes de leur répertoire, basé sur leur dernier “Can Be Late” mais pas que, on s’aperçoit que les complices, toujours dans leur élément sur scène, sont vraiment à leur place ici, au Zenith. Entre des jeux de lumière épatants, des écrans et une énorme boule disco, tout est mis en place au niveau technique pour que l’on ait l’impression de participer à une énorme fête, si bien qu’il faudrait vraiment y mettre du sien pour ne pas passer un excellent moment. Et c’est tout à fait le sentiment que l’on a tout du long, autant lorsque l’on se déhanche en reprenant en chœur les paroles d’un “P.I.L” que quand le frontman s’adresse à nous avec son humour et sa simplicité habituels, en nous tutoyant. Certains moments en particulier relèvent du délire absolu, comme lorsque Mat incite la foule à sauter de gauche à droite et inversement pendant la trippante “Give Me Your Life”, la fosse prenant alors des airs de marée humaine bondissant à l’unisson, ou que la bande fait appel à deux danseuses pour ajouter encore au coté visuel de leur performance sur “She’s My Lady”. Impossible de ne pas mentionner également les deux morceaux (“St Mark’s Place” et “Don’t Want To Be A Star”) de Carving, la formation punk dont sont initialement issus les cinq, dont l’interprétation déclenche dans la fosse pogos et crowdsurfing, pendant que sur scène jaillissent des flammes. Le magnétique leader en profitera d’ailleurs pour pointer quelques personnes venues déguisées en cochon, lapin et vache. “Unbreakable” constitue l’un des rares moments de répit qu’est prête à nous laisser la formation, avant de repartir de plus belle avec “The Face” et son solo de batterie aussi inattendu que bluffant en plein milieu. Comme d’ordinaire, Mat prendra bien le temps de remercier chaleureusement le public ainsi que les équipes encadrant le show, mais aussi de saluer les proches et amis du groupe. C’est sur le très populaire “Ghost” que la bande conclue son set, recevant des applaudissements à tout rompre. Il n’est donc pas étonnant de la voir revenir pour un rappel tout aussi décapant, avec au menu six titres dont les reprises de “Song 2” de Blur et de “Smells Like Teen Spirit” de Nirvana, et bien sur l’obligatoire “Bastard Song”, pendant laquelle Mat attrape dans le public une banderole indiquant “We Are Bastards”, que tous les membres soulèveront en saluant la foule, définitivement acquise à leur cause après une soirée mémorable.

 


C’est un show à proprement parler que nous a fait vivre Skip The Use ce soir, s’emparant de l’attention du public pour ne plus la lâcher pendant près de 2h. Il fallait bien un Zenith pour contenir une performance aussi oversize. On attend la prochaine avec impatience.

Setlist :

People In The Shadow
Antislavery
Give Me Your Life
Cup Of Coffee
Dr House
Fallin’
Living In Soho
P.I.L
She’s My Lady
Unbreakable
The Face
Mirror
Off Me
Enemy
Darkness Paradise
St Mark’s Place
Don’t Want To Be A Star
Ghost
—-
Hell Parade
You Are
Song 2
Bullet
Smells Like Teen Spirit
Bastard Song

Crédit photos : Nicko Guihal