ReportsSlideshow

SHAKA PONK @ Zénith (19/10/23)

L’aventure Shaka Ponk touche à sa fin. Nous étions impatients de voir ce que le groupe français allait pouvoir réserver à ses fans pour ce The Final F**ked Up Tour, tant la réputation de ses shows n’est plus à faire. Des adieux douloureusement heureux, RockUrLife vous raconte !

Sun

Plongée dans le noir, la scène du Zénith s’illumine d’un faisceau de lumière pointé sur une jeune femme, habillée d’une robe de princesse, accompagnée de deux musiciens, dont on a à peine pu observer les visages cachés par des capuches à paillettes. Voici là de drôles d’accoutrements. Dès les premières notes, SUN, alias Caroline Rose, capte le public avec cette voix doucement délicate. Attention aux néophytes, Sun a un style bien particulier : la “brutal pop“. Ces deux mots antinomiques résument parfaitement la double personnalité de cette artiste dont on ne connaît aucun semblable.

Par sa force vocale, Sun oscille entre tendresse et agressivité avec une voix metal, un growl surprenant. Elle joue de cette double personnalité de princesse Raiponce et metalleuse brutale avec ses expressions de visage tantôt douces, tantôt bestiales. Une prestation à la hauteur de ce qui attendait le public en termes d’énergie, de folie et de headbang !


Shaka Ponk

20h50, la salle se met à crier. Lumières allumées, SHAKA PONK entre non pas sur scène, mais dans les gradins pour saluer ses fans comme il se doit. D’un bout à l’autre du Zénith puis dans la fosse, le groupe se sépare en deux : Steve (piano), Mandris (basse) et Ion (batterie) sur la scène principale, et CC (guitare), Frah (chant) et Samaha Sam (chant) sur la seconde scène placée au milieu de la fosse. La bande Shaka Ponk sert à la salle une introduction de set des plus originale. Quatre chansons en acoustique, “I’m Picky”, “Gung Ho”, “Run Run Run” et une reprise de The Animals, “House Of The Rising Sun”. Une réelle ambiance intime se dégage de ces réinterprétations des classiques du groupe, qui s’organisent en question-réponse avec les musiciens restés sur la scène principale par un jeu de lumière qui donne la parole à l’un puis à l’autre. Frah l’a annoncé : “Pour cette dernière tournée exceptionnelle, on voulait débuter le spectacle de façon exceptionnelle.” Et c’est réussi.


Shakactivisme

Niveau setlist, le quintette laisse beaucoup de place aux morceaux issus du nouvel album. Cinq titres disséminés tout au long du set à commencer par “Je M’Avance” qui inaugure la deuxième partie du spectacle après le set acoustique, puis un enchaînement avec “J’Aime Pas Les Gens” et “Tout Le Monde Danse”, et enfin “Dad’Algorithme” et “13000 Heures” pour terminer avant le rappel. Un choix qui, de prime abord, surprend étant donné la nature de la tournée qui sonne la dernière de Shaka Ponk avant de se retirer définitivement. Les fans s’attendent davantage à un best of des titres les plus emblématiques. Mais avec du recul, ce choix est tout à fait cohérent avec le contexte autour de cette tournée. La sémantique de cet ultime disque est un réel appel à la révolte mais également un album de militant autour de la politique et de l’environnement. La raison de la fin de la carrière de Shaka est d’ailleurs directement liée à cette problématique de société et au caractère activiste du groupe. La chanson “J’Aime Pas Les Gens” est accompagnée d’un clip vidéo montrant des images liées à différentes problématiques comme la déforestation, l’immigration, la politique, la société de consommation, ainsi que l’insertion finale d’une représentation du Président de la République Emmanuel Macron en marionnettiste, une image caricaturale du chef de l’État français lourde de sens.


Concert spectacle

Shaka Ponk est largement réputé pour offrir à ses fans une qualité de show hors du commun et surtout accessible à tous en termes de prix, ce qui est assez honorable pour être souligné ici. Avec The Final F*cked Up Tour, le quintette français relève le niveau d’un cran en proposant un concert aux airs de spectacle vivant, invitant sur scène vingt choristes et danseurs répartis de part et d’autre de la scène principale qui accompagnent le groupe toute la durée du set à travers différentes chorégraphies. Habillés de longues tenues blanches aux airs de sculpture grecque, les choristes/danseurs assurent d’ailleurs une partie du spectacle en proposant une partie gospel au moment du rappel. Un régal pour les yeux et les oreilles. Finalement, ce qu’il faut retenir de cette ultime tournée de Shaka Ponk, c’est la proximité qu’il entretient avec le public. Tout est fait pour entrer en connexion totale avec le groupe. L’énergie qu’il dégage est communicative et la foule est totalement en délire jusqu’en haut des gradins du Zénith pendant une heure cinquante de set. Mention spéciale au circle pit, un classique des concerts de Shaka Ponk avant lequel Frah fait un discours de prévention : “Si tu n’es pas prêt à te casser le bras ou à perdre ton téléphone portable, tu dois partir loin d’ici !” Le circle pit géant se met ainsi en place sur le célèbre riff de “I’m Picky”. Frah trouve même une chaussure perdue dans la fosse et la rend à son propriétaire, un geste qui fait sourire. L’auditoire est un membre à part entière du show, ce qui est souligné par Frah après “Killing Hallelujah” qui clôture le concert : “Nous n’étions pas Shaka Ponk ce soir, vous l’étiez !“.

C’est le moment du salut, des au-revoirs. Le groupe a du mal à partir de scène. Tous se jettent dans la fosse pour slammer, et nous avons été remerciés à plusieurs reprises pour ces quinze belles années passées ensemble. Ce qui est sûr, c’est que Shaka Ponk laisse une trace indélébile dans l’histoire du rock.

Nous profitons de ce live report pour adresser un message de prévention concernant la sécurité des spectateurs lors des concerts. De nombreux vols d’effets personnels ont eu lieu dans la fosse lors des deux dates de Shaka Ponk au Zénith de Paris. Il est important de rester vigilant.

Shaka Ponk Setlist Le Zénith, Paris, France 2023, The Final F#*cked Up Tour

1 Commentaire

Ecrire un commentaire

Kaithleen Touplain
Historienne de l'art et passionnée de musique rock à mes heures perdues.