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SEPULTURA @ Le Bikini (08/11/22)

Malgré une arrivée tardive, rocade toulousaine oblige, nous arrivons malgré tout à bien nous placer à l’étage du Bikini pour profiter pleinement de ce qu’on pourrait appeler une triple affiche, tellement les groupes de premières parties sont établis et confirmés. Le concert est quasi complet, et c’est bien normal vu la qualité proposée.

Dès 19h30, ce sont les Américains de CROWBAR qui ouvrent les hostilités. Issus de la “NOLA Metal Scene” (groupes originaires de la Nouvelle-Orleans tels que Down, Eyehategod, Superjoint Ritual etc.), le groupe nous balance avec un son littéralement pachydermique, sludge/stoner made in Louisiane. Et la fleur de lys sous le nom du groupe apparaissant sur le backdrop est là pour nous le rappeler. Si le style peut paraître peu pertinent avec les formations qui suivront, les headbangings lents et lourds se propagent quasiment immédiatement, tant il est difficile de résister à ce rythme imposant. C’est évidemment le frontman et fondateur Kirk Windstein (chant/guitare, qui officie également chez Down) qui prend régulièrement la parole entre les titres, en demandant un brin taquin au public si tout va bien, et de faire du bruit : “Come on, make some noise. Pff, it sucked, and not in a good way“. Malgré quelques problèmes de retour de voix qu’il juge trop fort en début de set, il est aussi sérieux que possible avec son look de camionneur peu souriant. Sa voix rocailleuse et ses power chords dévastateurs et entêtants sont fichtrement efficaces. Le morceau qui tournait à l’époque sur MTV “All I Have (I Gave)” est évidemment interprété, comme “Chemical Godz” issu du dernier album Zero And Below (2022). Environ trente-cinq minutes de Crowbar en guise d’apéritif, cela ne se refuse pas.


Il est 20h35 lorsque SACRED REICH, le groupe originaire de Phoenix en Arizona, monte sur les planches toulousaines. Si cette formation pionnière du thrash fondé en 1985 n’a jamais vraiment éclaté comme on pouvait l’espérer, c’est un réel plaisir de la retrouver pour une prestation que l’on trouve meilleure que celle donnée lors du dernier passage au Hellfest en 2016. Phil Rind (basse/chant) est plus affûté physiquement, et est tout sourire, presque surpris de l’accueil chaleureux sans cesse grandissant dont la bande va bénéficier. Le son est tranchant, que ce soit pour les solis de Wiley Arnett (guitare) que Dave Mc Clain (batterie, ex-Machine Head). Le riff de “The American Way” défonce littéralement tout sur son passage, et les pogos et circle pits s’organisent de plus en plus régulièrement sous les regards amusés et reconnaissants des musiciens. Le frontman nous confie qu’il adore réellement la France, sa langue, ses gens, sa cuisine, etc., et que s’il parlait français, il y vivrait probablement.

Fidèle à sa réputation engagée, Phil nous explique que “les politiques ne feront jamais rien pour nous, qu’il n’y aura jamais de sauveurs, que tout ne dépend que de nous pour faire changer les choses […]“, avant de balancer l’excellent “Manifest Reality”, extrait de dernier album Awakening sorti en 2019. D’ailleurs, pas moins de cinq titres issus dudit disque seront joués ce soir et il nous indiquera  que “Salvation” est probablement sa préférée du dernier album. L’évident “Surf Nicaragua” clôture de fort belle manière un set réussi de cinquante minutes qui comble les fans présents, bien chauffés avant la venue des Brésiliens. C’est ce qu’on appelle un bon choix de premières parties en tout cas, au vu des déjà nombreux sourires.

La pause est la bienvenue avant le set des Brésiliens. SEPULTURA arrive comme prévu vers 21h50 pour délivrer quatre-vingt dix minutes de bourre-pif quasiment sans interruptions. Le backdrop à l’image de la pochette du dernier et réussi album Quadra (2020) annonce la couleur avec pas moins de six morceaux ce soir au menu. Avec le très bon “Isolation” en guise d’intro, tout le monde se déchaîne sur “Territory” au point qu’Andreas Kisser (guitare) déclare : “mais on est qu’en début de soirée et vous êtes déjà complètement fous !“. Il est vrai que l’ambiance est excellente, le son bon, même celui de la batterie est perfectible (cymbales trop aiguës, double basse pas assez grave). Eloy Casagrande justement, en tant que véritable athlète est parfait, et son énergie de frappeur dingue est communicative. Après deux nouveaux titres issus de Quadra, premier sommet de la soirée avec l’enchaînement “Kairos”, véritablement hurlé par Derrick Green (chant) et “Propaganda”, cela headbangue de partout, même à l’étage, tellement ces titres sont irrésistibles.

Si Andreas Kisser, qui arbore un T-shirt de Crowbar, est dynamique, souriant et très proche du public, le bassiste Paulo Jr est son opposé, concentré mais très en retrait. Si l’on est pas toujours très fan de ce genre d’attitude scénique, on n’oublie pas qu’il est le seul membre fondateur restant du combo fondé en 1984, Kisser n’étant arrivé qu’en 1987 en remplacement de Jairo Guedez.

Après une respiration acoustique nommée “Guardians Of Earth”, nous avons l’immense plaisir de voir Andreas sortir une guitare jaune signature Van Halen sur “Last Time”. Les pogos et circles pits n’arrêtent quasiment jamais, et certainement pas sur “Cut-Throat” de l’album Roots (1996) et “Dead Embryonic Cells”. Quel enchaînement encore une fois ! Les mines radieuses et commentaires de Green et Kisser confirment que cette ambiance ne les laisse pas insensibles, comme nous à leur musique. Si “Machine Messiah” du disque éponyme et “Agony Of Defeat” font quand même retomber un peu l’ambiance et l’énergie, même si la dernière n’est pas inintéressante niveau ambiance avec la voix claire et chantée de Green, que dire du final “Refuse/Resist” (LE morceau), “Arise”, “Ratamahatta” (où tous les poings présents se dressent comme un seul homme) et “Roots” ?

On sort fatigué et sans voix, mais ravi d’avoir assisté à un tel déluge sonore, qui laisse même un encore meilleur souvenir que lors de la dernière venue de Sepultura dans la ville rose en 2017. Obrigado !

Sepultura Setlist Le Bikini, Ramonville-Saint-Agne, France 2022, Quadra