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SATYRICON @ La Machine Du Moulin Rouge (07/03/18)

“Annulé et non reporté”, voilà comment le concert de Satyricon du 30 septembre dernier s’était soldé. Presque six long mois se sont écoulés depuis cette triste annulation mais bonne nouvelle pour les fans des Norvégiens, La Machine Du Moulin Rouge ayant une capacité double à celle de La Maroquinerie, ils seront donc plus nombreux à pouvoir assister au concert… qui affiche tout de même sold out !

19h30, les Grecs de SUICIDAL ANGELS foulent les planches après une introduction orchestrale, prêts à nous envoyer un gros thrash moderne aux rythmiques acérées. En backdrop, la créature qui orne leurs pochettes d’album laisse présager un show sanglant même si cette imagerie qui flirte avec le death metal des années 90 prête un peu à rire. La moitié du set est puisé du sixième et dernier album en date du combo, “Division Of Blood”. Suicidal Angels fait le boulot, à savoir envoyer des riffs saccadés à toute vitesse bardés de solos impromptus, le tout en headbanguant généreusement. Mais voilà, même s’il faut bien admettre que l’on passe un bon moment, Suicidal Angels est à Slayer ce qu’Ektomorf est à Sepultura : ni plus ni moins qu’une pâle copie, avec vingt ans de retard et un peu moins d’imagination. Heureusement, la joie des Grecs est vraiment contagieuse et gagne l’assemblée qui se livre à un braveheart sur “Moshing Crew”. Le classique “Apokathilosis” clôt quarante minutes de set, qui auront fait penser tout du long à un croisement entre Kreator et Slayer. Le culte en moins.

 

 

La foule maintenant chauffée, le backdrop de “Deep Calleth Upon Deep“, neuvième et dernier album de SATYRICON s’installe. Une grosse demi heure plus tard, l’obscurité reprend ses droits, une introduction industrielle retentit et les Norvégiens investissent la scène, rejoint en dernier par Satyr, tout de noir vêtu dans sa veste de cuir. Sans surprise, cette séance de rattrapage commence par “Midnight Serpent” qui ouvre la nouvelle offrande. D’emblée, le son est massif, froid et carré. Malgré une batterie parfois trop en avant, les nouvelles chansons passent facilement l’épreuve du live. C’est un Satyricon iconoclaste et plus mature qui se présente à nous.

 

 

Satyr est réellement content de revenir à Paris et même si son côté rockstar qui ne rechigne pas à se faire applaudir peut gêner, ce n’est pas ce qu’on va retenir. Ce dernier empoigne la base de son micro trident pour cracher ses tripes sur à peu près toute la discographie du groupe. Les titres les plus fédérateurs tels que “Black Crow On A Tombstone” et “Die By My Hand” sont repris en cœur par un public déchaîné. Qui l’aurait cru ? Non seulement l’audience scande les paroles mais en plus, une partie se livre à des pogos et autre circle pit, pour le plus grand plaisir du leader des Norvégiens. C’est avec cette dimension du concert que l’on comprend que Satyricon a largement transcendé son simple statut de pionnier du black metal. Les influences du duo n’ont cessé d’évoluer et de s’élargir depuis “Rebel Extravaganza”, et c’est tout naturellement que cela se ressent sur scène à travers ce type de comportement. N’en déplaise aux quelques puristes qui n’ont pas toujours pas intégré le message : Satyricon assume jusque sur les planches son statut d’outsider du black metal.

 

 

A ce titre, si les Norvégiens avaient cette incroyable capacité de casser les rythmes et de passer d’une ambiance à l’autre sur leur dernier méfait, ce constat se vérifie encore plus en live ! Les mélodies d’un “Blood Cracks Open The Ground” se détachent parfaitement et gardent ce son propre et organique alors que lorsque Satyricon retourne à ses premiers amours avec “Walk The Path Of Sorrow” (1994 !), on retrouve l’essence primitive de la première vague de black metal norvégienne avec un son cradingue. Plus le show avance, plus la messe noire s’installe et plus Satyricon montre qu’il est parfaitement capable de restituer chacune de ses grandes époques, notamment lorsque Satyr s’empare d’une guitare.

 

 

Le point d’orgue de la soirée sera sans conteste sur “Mother North” : les guitaristes se donnent des crampes et Satyr vomit ses tripes sur ce qui reste à ce jour l’un des plus grands hymnes du metal noir. Après 1h30 de concert, les Norvégiens s’éclipsent pour un court rappel. La fosse ne tarde pas à crier “Satyricon” et c’est avec fierté et enthousiasme que Satyr et sa bande reviennent pour nous achever avec les traditionnels “The Pentagram Burns”, “Fuel For Hatred” et bien entendu “K.I.N.G.”, l’un des morceaux les plus fédérateurs du groupe.

 

 

Dix-sept chansons qui retracent à merveille ces vingt-cinq années de Satyricon, entre celui d’hier et celui d’aujourd’hui, toujours avec cette grâce et ce respect pour ce qu’a été jadis le black metal, voilà ce qu’a magnifiquement délivré Satyricon au cours de cette séance de rattrapage. Vous n’y étiez pas ? Regrettez-le amèrement. Mais pas trop non plus car Satyricon sera au Hellfest 2018 !

Setlist :

Midnight Serpent
Our World, It Rumbles Tonight
Black Crow On A Tombstone
Deep Calleth Upon Deep
Die By My Hand
Nocturnal Flare
Repined Bastard Nation
Blood Cracks Open The Ground
Now, Diabolical
To Your Brethren In The Dark
Dissonant
Walk The Path Of Sorrow
Transcendental Requiem Of Slaves
Mother North
—-
The Pentagram Burns
Fuel For Hatred
K.I.N.G.