ROCK EN SEINE 2025 – Rock En Reines : une soirée 100% féminine menée par Chappell Roan (20/08/25)

Pour la troisième année consécutive, Rock En Seine s’ouvre sur une soirée 100% féminine. Après Billie Eilish et Lana Del Rey, c’est Chappell Roan qui occupe le haut de l’affiche cette année, pour son unique concert en France cette année. Retour sur un lancement en trombe !
Après un premier concert intimiste à Paris en 2023, Chappell Roan avait été contrainte d’annuler son concert prévu au Bataclan en 2024. C’est sur la grande scène de Rock En Seine qu’elle marque son vrai retour en France. Une montée en puissance fulgurante pour celle qui, en moins d’un an, est passée des petites salles aux plus grandes scènes, tout en restant fidèle à son univers flamboyant et théâtral.
La météo capricieuse n’arrêtera pas les fans déguisés et maquillés. Pour patienter jusqu’à 21h45, le festival a inscrit de jolis noms sur l’affiche ! Parmi lesquels SOFIA ISELLA, chanteuse et multi-instrumentiste magnétique qui marche dans les traces des plus grandes. Forgée par ses premières parties de Tom Odell et Taylor Swift, elle parvient aisément à fasciner les premiers curieux par sa poésie sombre et provocante. Retenez bien son nom, son premier album qui ne saurait tarder risque de faire du bruit !
SUKI WATERHOUSE vient réchauffer la main stage devant laquelle les fans de Chappell Roan sont massés depuis déjà quelques heures avec son indie rock solaire, teinté d’électro pop. La mise en scène digne d’une héroïne hollywoodienne, avec son ambiance boule à facettes, couplée à sa présence scénique envoûtante, charme l’auditoire malgré la pluie qui vient se mêler à la fête. Mention spéciale pour sa très belle reprise de “Don’t Look Back In Anger”, qui n’est pas sans nous rappeler un épisode douloureux dans l’histoire du festival (le groupe Oasis s’y était séparé en 2009).
Le trio SUNDAY (1994), en revanche, aura peiné à convaincre. C’est devant une foule clairsemée qu’ils enchaînent leurs titres, victimes de plusieurs larsens. Le set n’embarque pas le public qui s’était déplacé vers la petite scène Horizons. On ne s’attendait évidemment pas à pogoter sur de la dream pop, mais on aurait apprécié un peu plus d’interaction entre le groupe et les festivaliers.
Malgré un set plus court que prévu et un son vraiment pas au niveau, assister à un concert de LONDON GRAMMAR fait toujours son petit effet. Comme à leur habitude, les interactions avec le public sont limitées, mais la voix cristalline d’Hannah Reid subjugue une grande partie de l’assistance. Au milieu du set, elle prend le temps de remercier le public français d’avoir toujours été l’un des plus fidèles, avant d’entonner l’iconique “Wasting My Young Years”. Le dernier titre “Lose Your Head”, dans sa version remixée par Camelphat, fait danser la foule pendant que la leader descend saluer le public du premier rang.
Chappell Roan ou l’art de briller sans filtre
Spoiler alert : même sous la pluie, les fans de CHAPPELL ROAN sont restés FABULEUX. Imperméables + bottes en caoutchouc + déguisements roses = combo gagnant pour braver la météo et invoquer leur princesse. L’excitation est palpable à mesure que le moment tant attendu approche.
Le concert débute sur une longue intro musicale et colorée, quasi cinématographique, digne de Game of Thrones meets RuPaul’s Drag Race : un château gothique animé, des lumières mouvantes, une ambiance presque surnaturelle. Les retardataires se frayent un chemin pour ne pas rater l’entrée en scène de la star de la soirée. On est prêts à se laisser embarquer dans un spectacle total, un opéra pop. Acclamée comme la nouvelle star qu’elle est devenue, Chappell entre sur scène en corset vert, perruque rousse, et maquillage blanc intégral, comme sortie d’un rêve ou d’un clip de drag fantasy. Le ton est donné.
Une performance sans limites
Dès “Super Graphic Ultra Modern Girl”, la performance vocale est là, l’énergie aussi, et le décor est immédiatement mis à profit : Chappell emprunte les escaliers, fait plusieurs allers-retours en hauteur, tout en agitant la baguette magique, symbole de son univers féérique, avec laquelle elle a fait son apparition.
On découvre un groupe 100 % féminin sur scène, qui soutient Chappell avec une intensité rock inattendue. L’alchimie est palpable, et donne une dimension plus organique aux versions live de ses titres.
Quand arrive “HOT TO GO!”, la fête s’intensifie. Tout le public suit la chorégraphie en épelant les lettres, dans une ambiance survoltée. Des flammes s’élèvent pour accompagner le propos, dans une ambiance visuelle mi-disco mi-Halloween. Puis, dans un retournement théâtral, le pont-levis du décor s’abaisse. Chappell réapparaît, dans une nouvelle tenue, pour une reprise furieuse de “Barracuda” (Heart). Guitares saturées, voix rauque, flammes à nouveau : c’est une déclaration rock, une performance musclée qui contraste totalement avec le côté pop initial. Et ça fonctionne. Tout le monde est pris de court, mais conquis par la capacité de la jeune femme à explorer les styles musicaux avec une aisance déconcertante. L’hymne country queer “The Giver” en est une autre preuve. “Kaleidoscope”, titre piano-voix livré avec beaucoup de sincérité, laisse entrevoir une Chappell Roan plus vulnérable, sans artifice. Les visages des fans s’illuminent, certains pleurent. Une bulle suspendue dans le temps.
Chappell prend le temps d’exprimer toute la gratitude qu’elle ressent : “Thank you for letting me be myself“. (Merci de me permettre d’être moi-même) Elle mentionne son report de 2024, sa joie d’être enfin en France, et le bonheur qu’elle ressent de pouvoir exister sans se cacher. Très touché à son tour, le public l’acclame à grands coups de “Oh Oh Oh Oh Oh“. Chappell Roan a littéralement lancé une secte pop, et on a tous signé.
Le sacre d’une nouvelle icône
La pluie qui refait son apparition n’entame en rien l’énergie du final. En enchaînant “Good Luck, Babe!”, “My Kink Is Karma” et “Pink Pony Club”, elle transforme Rock En Seine en temple queer pop, dans une explosion de lumières, de cris, et de communion euphorique.
Chappell Roan n’a pas simplement livré un concert : elle a offert une célébration de soi, un manifeste pop haut en couleur, bouleversant et libérateur. À Rock En Seine, elle a fait rêver et conquis les cœurs, allant bien au-delà des attentes. Et hier soir, une chose est devenue évidente : ce n’est que le début.


























































