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ROCK EN SEINE 2013 – Jour 1 (23/08/13)

Chaque année depuis 2003, le festival du Domaine National de St-Cloud (92) est LE rendez-vous rock marquant la fin de la saison des festivals. Cette année, Rock En Seine fête sa 11ème édition, placée sous le thème de la mer, histoire de prolonger les vacances de trois jours supplémentaires. Niveau programmation musicale, mêlant comme à l’accoutumée, groupes actuels et nouveaux talents, les organisateurs ont fait appel à Franz Ferdinand, Phoenix, Nine Inch Nails et autres System Of A Down, du lourd !

Vendredi, 15h30, sous un soleil radieux, débutons avec CHANCE THE RAPPER, qui s’était produit la veille au Stade De France en première partie d’Eminem aux côtés de Kendrick Lamar, Tyler The Creator et Earl Sweatshirt. Après quinze minutes d’attente durant lesquelles DJ Orio chauffe la centaine de personnes massées devant la Grande Scène à coup de Kanye West, Jay Z ou encore le “Harlem Shake” de Bauuer, Chancelor Bennett, de son vrai nom, se pointe enfin, coiffé d’un bob. Agé tout juste de 19 ans, l’américain possède déjà deux mixtapes autoproduites dont “Acid Rap” qu’il mettra en avant tout au long de son set.

Un peu plus loin sur la scène Industrie se produit au même moment le projet solo de Jonathan Bates (Mellowdrone), BIG BLACK DELTA. En tenue à la “cool”, chemise à carreau et débardeur, Bates est accompagné sur scène par une batteuse, et livre une electronica futuriste, boostée au vocodeur et aux murs de synthés futuristes.

Pas le temps de trainer, direction notre premier show rock de la journée avec SAVAGES à 16h15 sur la scène Cascade. Les quatre londoniennes, emmenées par la frenchy Camille Berthomier aka Jehnny Beth, aux faux airs de Sinnead O’Connor, de par son style, cheveux courts et débardeur noir, entament le set avec ” I Am Here”, la seconde piste de l’album “Silence Yourself” paru en mai. Un set énervé et sauvage empreint de noirceur comme si Siouxie & The Banshees avait forniqué avec PJ Harvey et Joy Division. Amateurs de post punk anglais, vous voilà servis !

 

17h, la Grande Scène accueille pour la première fois en France la pop douce de BELLE AND SEBASTIAN en date unique de festival français. Le leader Stuart Murdoch et Stuart David, entourés d’une dizaine de musiciens, débarquent sur scène pour jouer une instrumentale “Judy Is A Dick Slap” avant d’offrir des compositions pleines de positivité ! La voix calme de Stuart, limite crooner, berce les festivaliers qui ne cessent d’acclamer le groupe. “Bonjour, ça va ? C’est un plaisir d’être ici à Paris. Nous avons une chanson un peu française”, dixit l’une des membres avant “Le Pastie De La Bourgeoisie”. Suite à ce troisième morceau, le frontman à la vue d’un drapeau écossais plaisantera : “Oh, il y a un drapeau de l’Ecosse dans la foule, ça fait plaisir. Mais est-il vraiment là pour nous ou pour Franz Ferdinand ?” Une chose est sûre, Belle & Sebastien ne sont pas avare en communication !

 

Direction la Cascade pour voir le projet de Mike Patton, charismatique ex-chanteur de Faith No More, TOMAHAWK. Devant un parterre de spectateurs d’ores et déjà acquis à sa cause, le groupe, composé du guitariste Duane Denison (ex-Jesus Lizard), du batteur John Stanier (ex-Helmet) et de Trevor Dunn (Fantomas, Mr Bungle), propose des compositions totalement barrées, mélange de metal, rock et d’expérimental, démontrant toutes les prouesses vocales de Patton, caché derrière son pupitre en contre-jour, entre hurlements et autres envolées vocales dont seul le chanteur a le secret.

 

18h45, devant une Grande Scène noire de monde, le trio australien TAME IMPALA, le phénomène musical hype venu d’Australie, formé par Kevin Parker, Jay Watson, Dominic Simper et Nick Allbrook, séduit le public avec sa pop psychédélique influencée par Pink Floyd, Jefferson Airplanes ou encore The Beatles. Le fantôme de Lennon plane particulièrement sur l’hypnotique “Elephant” tiré du deuxième album “Lonerism” paru en 2012. La voix du frontman, pied nus, ressemblant à celle de John. Ce dernier opus sera d’ailleurs défendu, avec pas moins de six titres sur onze au total. Sur fond d’écrans sur lesquels sont projetés des effets kaléidoscopiques très 70’s, on a l’impression de revenir en plein Woodstock, même si la Grande Scène parait un peu trop grande pour la formation !

 

Il est temps de reprendre des forces avec un bon sandwich du stand des spécialités corses situé en face de la scène Industrie où joue l’élégant mancunien JOHNNY MARR, l’ex-guitariste de The Smiths, qui présente principalement les chansons de son album solo “The Messenger” avec ici et là, des titres de son ancienne formation, quatre au total dont “How Soon Is Now?”, connu par les jeunes comme étant le générique de la série “Charmed”. Cette cover a succédé à la reprise du “I Fought The Law” des Crickets.

 

19h45, la nouvelle sensation venue d’outre-Manche ALT-J, qui a écumé tous les festivals cet été dont Les Eurockéennes De Belfort ou encore le Main Square Festival, est l’un des groupes les plus attendus en ce premier jour de Rock En Seine. Les premiers rangs, envahis par la (jeune) gente féminine, hurlent déjà et ne cesseront de reprendre les paroles durant tout le set, qui comme sur “An Awesome Wave” débute par l’intro avant l’arrivée de Joe Newman (chant/guitare), Gwil Sainsbury (guitare/basse), Thom Green (batterie) et Gus Unger-Hamilton (claviers), suivi de “Interlude I (The Ripe & Ruin)” a cappella par les deux chanteurs dont les voix se complètent mutuellement. Durant moins d’une heure, les natifs de Leeds dévoileront la quasi-totalité des morceaux du premier album avec entre autres les singles “Tessellate”, “Matilda” ou encore “Breezeblocks” qui seront repris à plein poumon avec ferveur (trop même ?). Les festivaliers auront également droit à une nouvelle chanson, “Warm Foothills” mais aussi à “Buffalo” de la B.O. du film “Happiness Therapy” et à une cover du “A Real Hero” de College. Alt-J réussi à charmer l’audience par la voix si particulière de Joe Newman et des mélodies envoûtantes alliant pop, beats hip hop et une touche de folk. On regrettera peut-être un set trop carré, pas de mise en scène à part les trois bandeaux du backdrop à l’image de la pochette de “An Awesome Wave”. Niveau échange, ce phénomène made in UK a appris à communiquer davantage avec son public, mais reste toutefois réservé, concentré sur sa prestation.

 

20h45, la Grande Scène est blindée pour la première tête d’affiche FRANZ FERDINAND qui fait son grand retour en 2013 après quatre ans d’absence. Alex Kapranos et sa bande, tous en chemise hawaïennes, apparaissent sur une intro au piano sous les acclamations. “Bonsoir tout le monde”, lance le frontman, au top de sa forme, avant les premières notes de “Not You Girls”, l’un des premiers titres du groupe, qui met tout de suite dans le bain. S’ensuit “Right Action”, premier des quatre titres du nouvel album “Right Thoughts, Right Words, Right Action“, qui seront interprétés ce soir. Même si l’on ne connait pas ce groupe, on connait forcément au moins un morceau de Franz Ferdinand, ancien ou nouveau. C’est ce qu’on appelle l’efficacité à l’écossaise. Dès lors, on se met alors à fredonner et à se trémousser comme jamais sur les hits survitaminés du quatuor. C’est ce qui se passera durant plus d’une heure à un rythme effréné. De “Do You Want To” à “The Dark Of The Matinée” en passant par le célèbre “Take Me Out”, les écossais livreront, avec classe, un show best of énergique à souhait et bien rôdé, qui se terminera avec les quatre membres munis de baguettes, autour de la batterie de Paul Thomson, frappant la mesure en rythme sur “Outsiders” pour le plus grand plaisir des milliers de festivaliers, heureux d’avoir assisté au comeback triomphant de Franz Ferdinand.

 

Alors que la nuit est déjà tombée, ALEX HEPBURN se produit à l’autre extrémité du Domaine De St-Cloud sur la scène Pression Live. Sur scène, deux choristes, Connie Bidouzo et Ulricj Kwasi, un claviériste, un batteur au centre et guitariste et bassiste à droite, jouent une intro pendant que la chanteuse londonienne d’origine écossaise arrive et enchaine avec la ballade “Love To Love You”. On remarque d’emblée que la version live est plus posée que sur CD, plus soul/blues. Ce sera le cas pour tous les titres de son premier album “Together Alone“. C’est ça aussi une vraie artiste, être capable de surprendre l’auditeur en donnant un nouveau souffle aux compositions. Outre son unique disque, la chanteuse à la voix rocailleuse, vêtue dans un ensemble sobre, telle une pin up des 50’s, propose également des reprises de Nancy Sinatra (“Bang Bang”) et de Nehneh Cherry (“Woman”), mais aussi quelques nouveautés dont “Closing Doors après le hit “Under”, qui a révélé la jeune femme au grand public. Celle qui possède déjà l’étoffe d’une diva, n’en demeure pas moins proche de ses fans, les “Hepsters” comme elle les appelle, n’hésitant pas à communiquer (en français !) avec l’assemblée et en les faisant frapper des mains comme au début du nouveau single “Miss Misery”. Le tout en instaurant une certaine “distance respectueuse”. Mention spéciale à la version acoustique de “Pain Is”, avec comme seule accompagnement une guitare acoustique. C’est à ce moment précis qu’on peut entendre à quel point la voix d’Alex Hepburn est si particulière, pleine de vécu alors qu’elle n’a que 27 ans, tout en étant puissante et sans artifice. Simplicité et émotion sont les maitres mots de cette -trop courte- prestation de Miss Hepburn, qui reviendra le 28 octobre en concert à La Cigale, déjà sold out. Il se murmure qu’une date supplémentaire au Trianon est en préparation.

 

A peine remis de nos émotions, en route pour la scène Industrie avec HANNI EL KHATIB, qui lorgne du côté d’un classic rock blues avec une pointe de “garage”. Le californien, qui a ouvert les derniers Bercy de notre Johnny Hallyday national en juin, parait fatigué, ce qui est normal au vu de la grande tournée actuelle. Comme les musiciens sont globalement statiques, le show, dans une ambiance plutôt feutrée, manque un grain de folie, caractéristique du registre dans lequel il opère. Le set est principalement axé sur le second album “Head In The Dirt”. En espérant que Hanni carburera pour sa prochaine date parisienne à La Cigale !

 

A l’inverse, les américains de !!! (CHK CHK CHK), font le show un peu plus loin sur la scène Pression Live ! Le frontman Nic Offer, en tenue de plage, comme à son habitude, passe son temps à arpenter la scène de fond en comble, haranguant la foule, descendant dans le crash, saute partout. Niveau musique, tous les morceaux électro punk à base de beats fiévreux, basses funky et guitares psychédéliques, donnent envie de danser. Un bon moment sympathique et enjoué, histoire de terminer la journée sans prise de tête, fun !

 

Alors que l’électro mainstream de PAUL KALKBRENNER fait danser la pelouse de la Grande Scène, il est déjà temps pour nous de quitter le Domaine De Saint-Cloud, après une belle et chaude première journée sans accroc. Le meilleur reste encore à venir pour le week-end avec entre autres, les têtes d’affiches les plus attendus du festival : Nine Inch Nails et System Of A Down !

 

 

 

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Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife