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RIDE @ Le Trianon (13/02/20)

En 2014, le groupe culte du shoegaze des années 1990 Ride a annoncé son retour presque vingt ans après sa séparation. Depuis, deux albums ont vu le jour, le très moyen “Weather Diaries” (2017) suivi deux ans après par “This Is Not A Safe Place” (2019), nettement plus inspiré. Avec ce dernier sous les bras, les Anglais ont terminé leur tournée européenne ce jeudi soir à Paris.

Une première partie impeccable

En arrivant tôt dans la salle encore peu remplie, on découvre CRUSHED BEAKS. Au premier abord, cela sonne à peu près comme si Damon Albarn s’était retrouvé aux manettes d’un projet noise pop. Il s’agit en réalité du groupe monté il y a presque dix ans par son chanteur guitariste Matthew Poile, dont le timbre de voix rappelle celui du leader de Blur. Il est aujourd’hui épaulé par un batteur et un bassiste qu’on retrouve à ses côtés. Le trio a sorti le deuxième disque “The Other Room” l’année dernière.

La formule est classique : guitare saturée et noyée dans les effets, voix chargée de reverb et rythmique intense. L’énergie qui se dégage de la scène devient vite contagieuse. La sauce prend et c’est sous les applaudissements bien nourris du public, bien que peu fourni, que les Londoniens quittent la scène.

R.I.D.E.

Après cette première claque sonore, la salle se remplit peu à peu, même si les balcons restent clairsemés. Bien à l’heure, les quatre musiciens de RIDE prennent place sur une scène dépouillée, devant leurs bons gros pedalboards et une large bannière au nom du groupe. Les musiciens commencent par l’enchaînement de “Jump Jet” avec “Future Love”, deux très bons extraits du dernier album. Les voix de Mark Gardener et Andy Bell, un poil marquées par la fatigue, résonnent malgré tout en parfaite harmonie.

Le son est très fort et ne fera pas de cadeau tout au long du set, même s’il reste relativement clair. Détail vite oublié quand les premières notes de “Leave Them All Behind” envahissent le Trianon. A la réaction instantanée de l’assemblée, on devine que celle-ci est plus sensible aux pépites soniques qui ont marqué l’histoire du quatuor qu’aux compositions récentes, ce qui se comprend parfaitement. Mais on ne peut pas nier que certains nouveaux titres sont tout aussi percutants, comme “Charm Assault”, extrait de “Weather Diaries”. Ce disque n’est peut-être pas à la hauteur de ce qui se fait aujourd’hui dans la vague noisy rock. Mais en tant qu’inspirateurs majeurs de toute cette scène moderne, les Anglais ont fière allure.

Un petit creux et puis repart

Contrairement à l’Olympia mémorable de 2015, on n’assiste donc pas à un concert best of. Les Oxfordiens axent la première partie de la setlist sur leurs deux récents albums. Une petite baisse de régime se fait ressentir en milieu de set, malgré le gros son envoyé par “Fifteen Minutes” et “End Game”. C’est vraiment avec le retour aux racines que la soirée prend un nouveau souffle. “OX4”, tiré de “Going Blank Again” (1992), et “Taste”, du cultissime “Nowhere” (1990), réveillent l’assistance bien sage jusqu’à présent. “Kill Switch”, extrait du dernier album, tabasse tout autant que la puissante “Dreams Burn Down”.

Poursuivant sur la lancée des classiques, la formation interprète encore “Polar Bear” et “Vapour Trail” qui en plongent plus d’un dans la nostalgie. Le rappel synthétise la carrière de Ride en deux morceaux. La longue et étourdissante “In This Room” suivie par “Seagull” et sa furieuse ligne de basse achèvent la soirée d’une manière éclatante.

Les Anglais de Ride ont signé une belle performance, même si un peu entachée par la fatigue de fin de tournée. Cela fait en tout cas bien plaisir de voir un tel quatuor reprendre du service avec simplicité et entrain. Si cela peut encore durer à l’avenir, on en reprendra !

Gabrielle de Saint Leger
Indie rock, folk, shoegaze, post tout, etc. -> https://www.last.fm/fr/user/stealthisystem