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PETER MURPHY @ Le Trabendo (05/06/13)

Le ténébreux Peter Murphy fête en solo les trente cinq ans de Bauhaus avec une tournée intitulée “Mr Moonlight Tour” (en référence au titre “Who Killed Mr. Moonlight?”). Par chance, il n’a pas oublié de placer le Trabendo sur son carnet de route !

En guise de première partie résonne une musique d’attente choisie, mais à fort volume sonore : un set de DJ GREBO. Dans le public, de jeunes gothiques claquent des poses avec sérieux pendant que la génération précédente tire sur des cigarettes électroniques. Le décor est planté, la grand messe du godfather of goth peut avoir lieu.

Il est 20h05 quand une petite rousse annonce la diffusion d’une vidéo teaser de “Lion”, le prochain album de PETER MURPHY réalisé en collaboration avec Killing Joke, dont la sortie est prévue pour cet automne. Pendant cinq minutes, cinq titres illustrés d’images en sépia, arrangées comme un film muet sont projetées sur l’écran et cette mise en bouche fait monter d’un cran la fébrilité de l’attente. Mais lorsque l’écran se rembobine, la lumière qui se rallume déçoit les espoirs d’un enchainement bien senti. La frustration ne sera que de courte durée puisqu’à peine cinq minutes plus tard, résonnent les accords médiévaux de “King Volcano”. Il fait effectivement déjà chaud comme dans un volcan, et les musiciens jouent cette première valse dans le noir intégral. S’ensuit le Bowiesque “Kingdown’s Coming”, et Peter Murphy et ses sbires continuent à entretenir le mystère où seuls quelques flashs écarlates se stabilisant en éclairage rouge permettent de distinguer les musiciens qui accompagnent la voix caverneuse de Murphy : Mark Gemini-Thwaite, ex-The Mission à la guitare à droite, Emilio Zef Noise à la basse à gauche, et Nick Lucero à la batterie avec leur look homogène de gaillards rock indus sépulcral. L’ambiance lumineuse reste aussi mystérieuse et syncopée que la musique sur le riff de basse saturée de “Double Dare”, et les spectateurs peuvent seulement commencer à entrevoir sous les stroboscopes le revers de fourrure de la veste du vampire en chef. Il rugit comme un diable sur une basse ultra lourde et enchaine comme sur l’album éponyme de 1980 avec “In The Flat Field”. Cette fois l’ambiance lumineuse est violette pour “God In An Alcove”, un morceau un peu moins connu du répertoire de Bauhaus, et pendant que les guitares cisaillent, Peter Murphy tient une petite lampe à néon juste au dessus de ses yeux. Sa face de loup et les visages de ses musiciens se révèlent sous la lumière crue au gré de ses déplacements, et disparaissent dans l’ombre aussi rapidement qu’elles sont apparues, comme autant de photos-portraits éphémères. Voilà “Silent Hedges” qui résonne à la guitare électro acoustique, puis le hit “Kick In The Eye” où la basse infuse son irrésistible groove un peu au détriment de la voix de baryton de Murphy, mais qu’importe, tout le monde se dandine ! Pour la suite, le dandy a choisi une ballade de sa discographie en solo avec le romantique “A Strange Kind Of Love” accommodé de guitare sèche et de violon, au terme de laquelle, ô surprise, il proposera sur ces mêmes accords une version originale de “Bela Lugosi’s Dead”. Naturellement, la transition avec la version classique, aussi lourde que vaporeuse, de cet hymne délicieusement lancinant est toute trouvée; sous des stroboscopes hystériques, le public se délecte d’en déclamer les paroles “white on white”… Sans laisser retomber l’ambiance, ils enchainent avec un autre tube “The Passion Of Lovers” sur lequel le vocaliste saute et tourne en écartant les bras ou ouvre sa chemise à l’emplacement de son cœur, et surtout “She’s In  Parties” où il souffle dans un mélodica avant d’aller soutenir les percussions pour un final très réussi. Il continue à la guitare sur l’hypnotique “Stigmata Martyr” encore renforcé par nos amis les stroboscopes, avant que le riff n’roll de “Dark Entries” ne déclenche un pogo. Ils clôtureront cette heure et quart en calmant le jeu avec une reprise de Dead Can Dance avant de sortir de scène sous les cris et applaudissements des fans. A peine quelques minutes plus tard, revoici les trois musiciens suivis par Peter Murphy portant un grand foulard coloré sur sa chemise noire et mouillée. Pour alimenter son jeu de scène ultra théâtralisé, il choisit une nana au premier rang pour créer un tableau vivant, il se place de dos le regard vers un horizon imaginaire, ou bien il mime des poses outrées sur sa très bonne reprise de Bowie, “Ziggy Stardust”. Il y aura un second encore avec “Subway” (de sa discographie solo) avant que le groupe ne vienne saluer en ligne tandis que ce farceur de Peter pince la joue de son colosse de bassiste, serre des pognes au premier rang et présente ses musiciens. Fin de la cérémonie à 22h42.

Un bon show, bien ficelé, avec un vrai travail de réorchestration sur certains titres, mais peut être juste une légère réserve sur un manque d’échange d’énergie avec la salle. Néanmoins, Peter Murphy joue à merveille son rôle de buveur de sang tout droit sorti du cinéma expressionniste allemand, et même si ce concert ne valait pas “la Mutualité en 98”, les vieux fans repartiront contents. Pas de doute, Bauhaus is not dead!

Setlist :

King Volcano
Kingdom’s Coming
Double Dare
In the Flat Field
God in An Alcove
Boys
Silent Hedges
Kick In the Eye
A Strange Kind Of Love
Bela Lugosi’s Dead
The Passion Of Lovers
She’s In Parties
Stigmata Martyr
Dark Entries
Hollow Hills
—-
Subway
Cool Cool Breeze
Ziggy Stardust