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PETER DOHERTY @ Le Trianon (26/04/25)

Figure majeure du rock britannique, Peter Doherty était de passage à Paris pour une date unique au Trianon, dans le cadre de sa tournée européenne Felt Better Alive. Entre nostalgie, nouvelles promesses musicales et surprises scéniques, l’enfant terrible du rock anglais a offert à ses fans une soirée à son image : imprévisible, terriblement vivante et 100% britannique !

Fidèle à sa réputation d’artiste insaisissable, le dandy normand s’offre une première apparition surprise dans le rôle inattendu de maître de cérémonie. Une petite silhouette furtive traverse la scène, Peter salue brièvement le public, lance quelques mots d’introduction, puis disparaît aussi vite qu’il est apparu, laissant place à la première partie de la soirée.

Dermot Henry

Il est 19h15 quand DERMOT HENRY entre en scène, seul avec sa guitare acoustique et une simple feuille de partitions posée à ses pieds. Originaire de Bristol en Angleterre, il s’adresse au public en français, un effort salué par les premiers spectateurs, même si la salle peine encore à se remplir. Mais qu’importe, ceux qui sont là se laissent immédiatement happer par la sincérité et la sensibilité de son univers. Sa voix et sa guitare suffisent à installer une atmosphère douce et touchante dans l’ensemble du Trianon.

À peine ce premier set terminé, Peter Doherty revient sur scène. Mais cette fois, ce n’est pas pour annoncer la suite du programme. Le chanteur se lance dans une vente improbable de magazines au prix de 10 euros, provoquant une scène surréaliste d’échanges d’argent entre la fosse et la scène. Il est même rejoint par sa fille de deux ans, dont le rôle est de ravitailler son père en stock. Une séquence cocasse, totalement imprévisible. Mais après tout, c’est aussi pour cela que le public apprécie le personnage.

Junior Brother

À 19h45, place à JUNIOR BROTHER. Lui aussi arrive seul avec sa guitare, mais accompagné d’un tambour actionné au pied. Dès les premières notes, sa voix puissante et singulière surprend l’assemblée. Originaire de Killarney, en Irlande, il puise dans une veine entre musique traditionnelle irlandaise et accents mystiques, captivant peu à peu l’attention. Complètement habité par ses morceaux, Junior Brother partage même une chanson inédite avec le public parisien, extraite de son prochain album à paraître le 5 septembre.

Entre deux prestations, Peter Doherty reprend son activité de vendeur ambulant. Une habitude qui commence à faire sourire les fidèles du premier rang.

Vona Vella

À 20h20, le plateau change de visage avec l’arrivée de VONA VELLA. Le quintette vient peupler la scène délaissée jusqu’ici aux solistes, apportant un vent de fraîcheur et d’énergie rock bienvenu. Une chanteuse, une bassiste, deux guitaristes et un batteur envoient un rock indé efficace, héritier de The Strokes, qui réveille le Trianon et prépare idéalement le terrain pour la tête d’affiche que tout le monde attend.

Peter Doherty

Quelques minutes avant l’horaire prévu, le public commence à scander le nom de PETER DOHERTY. Connaissant les frasques passées de l’artiste, les fans préfèrent assurer leur présence et leur détermination. Cette fois, pas de retard : Peter arrive à 21h15, à la minute près.

Une setlist sur mesure

Dès les premiers accords, Doherty et ses musiciens plongent dans le vif du sujet avec “Killamangiro”, un classique de Babyshambles. Une entrée en matière qui électrise la salle, d’autant plus que la rumeur d’une possible reformation du groupe plane dans l’air. Le chanteur promet une setlist spéciale pour Paris : l’audience est déjà conquise. Le concert navigue ensuite entre les différents chapitres de la carrière tentaculaire de Doherty. Des morceaux de Babyshambles, de The Libertines, de The Puta Madres, sans oublier son répertoire solo : un véritable panorama de ses multiples vies musicales.

Le dandy normand, costume sombre et chapeau vissé sur la tête, semble particulièrement en forme. Certes, l’attitude reste incertaine par moments – mais c’est là toute la signature du personnage. On retrouve ce soir un Peter maître de sa scène, charismatique et concentré.

Le concert prend une tournure plus intime avec “Felt Better Alive”, premier single de son album à paraître dans quelques semaines. Fidèle compagnon, son chien fait même une apparition, saluant le public avant de s’allonger tranquillement au bord de la scène pour le reste du show. Trois autres titres inédits s’enchaînent : “Ed Belly”, “Fingee” et “Pot Of God”. Une quasi séance d’écoute exclusive qui attise l’envie de découvrir au plus vite ce nouveau disque. Impossible de ne pas souligner la présence scénique de Doherty. Plus sobre, plus en contrôle que par le passé, il dégage une intensité qui frappe. Lorsqu’il entonne “Salome”, morceau issu de son projet solo, la salle entière reprend le refrain en chœur, créant l’un des moments les plus poignants de la soirée.

Le set se poursuit sans temps mort. Chaque titre fait mouche, jusqu’à l’incontournable “The Last Of The English Roses”, véritable masterpiece de son répertoire. La connexion entre l’artiste et l’auditoire est palpable, une émotion partagée qui enveloppe le Trianon. Pour le final, Doherty déchaîne la fosse avec “Time For Heroes” de The Libertines. Il invite l’assistance à monter sur scène pour chanter à ses côtés : une trentaine de personnes envahissent joyeusement la scène, concluant le show dans une communion totale. En guise de dernier clin d’œil, Peter et ses musiciens reprennent “Panic” de The Smiths, groupe culte de l’adolescence de Doherty. Les musiciens quitte la scène, mais la salle continue de scander le nom de Peter Doherty plusieurs minutes après la fin du set.

Et pour cause, une heure dix de concert, c’est peut-être un peu court pour certains ? Mais ce soir, une chose est sûre : Peter Doherty est bel et bien remis sur pied, prêt à nous faire vibrer encore longtemps.

Peter Doherty Setlist Le Trianon, Paris, France 2025, Felt Better Alive in Europe

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Kaithleen Touplain
Historienne de l'art et passionnée de musique rock à mes heures perdues.