
Trois ans après son dernier passage parisien, Parkway Drive revient dans la capitale pour célébrer comme il se doit son 20ème anniversaire. À cette occasion, la bande de Winston McCall investit à nouveau le Zénith, la même salle qui les avait accueillis en septembre 2022. Sur le papier, les natifs de Byron Bay promettaient pour cette tournée “plus de feu, plus d’énergie et une production encore plus impressionnante”. Alors, promesses tenues ?
Dès l’entrée, un détail intrigue : les gradins supérieurs sont condamnés, offrant une version plus “intimiste” de ce Zénith, rare privilège pour un groupe de cette envergure. Autre surprise, un cube trône au centre du parterre et une lourde structure métallique plane au-dessus des têtes. Deux indices qui annoncent une soirée hors normes.
The Amity Affliction – Rouge sang et catharsis post hardcore
18h30. Le premier assaut de la soirée est signé THE AMITY AFFLICTION. Leur logo enflammé tourne sur les écrans, tandis que le backdrop triangulaire plonge la salle dans une atmosphère rouge sang. Le set s’ouvre sur “Pittsburgh”, avant d’alterner entre nouveautés comme “Drag The Lake” ou “I See Dead People” et classiques tels que “Soak Me In Bleach”.
Visuellement, les lumières rouges et vertes renforcent l’ambiance dramatique, même si les musiciens restent souvent dans la pénombre. Joel Birch arpente sans cesse la scène, haranguant une fosse encore timide, tandis que la batterie tient l’ensemble d’une frappe chirurgicale. Peu à peu, l’atmosphère monte en intensité, jusqu’à la ballade finale qui apporte une respiration bienvenue. Avant de quitter la scène, Joel rappelle combien il est bon d’être de retour à Paris. Un échauffement solide, qui installe parfaitement la soirée.
Thy Art Is Murder – Deathcore apocalyptique et circle pits déchaînés
19h30. Après une intro ironique (“We Like To Party” des Vengaboys), THY ART IS MURDER plonge la salle dans l’apocalypse. Fumée rouge, visuels agressifs, et “Blood Throne” pour ouvrir le bal. Pas de voix claires ici, seulement des growls abyssaux et des rafales de blasts.
Les classiques – “Death Squad Anthem”, “Holy War”, “The Purest Strain Of Hate” – s’enchaînent à une vitesse vertigineuse, martelant un public qui hésite encore entre réserve stratégique et déchaînement total. Mais le frontman Tyler Miller finit par obtenir ce qu’il veut : circle pits, metal horns, headbang généralisé.
La brutalité du set, ponctuée par “Keres” et “Puppet Master”, finit par emporter toute la salle. Après quarante minutes de chaos, le groupe s’efface dans un contraste délicieux : “Always Look On The Bright Side Of Life” résonne dans le Zénith, comme un clin d’œil malicieux après la tempête.
Parkway Drive – Une entrée triomphale et un inédit fracassant
21h07. Les tubes 80’s (Journey, Bon Jovi, Queen) résonnent encore quand les écrans lancent une rétrospective des vingt ans du groupe. Puis, surprise : PARKWAY DRIVE surgit depuis les gradins, drapeau géant en main, pour rejoindre la scène B au centre de la fosse. Le Zénith explose dès les premières notes de “Carrion”, aussitôt enchainé avec l’imparable “Prey”.
La production scénique impressionne d’emblée : jets de flammes, étincelles, et la batterie encerclée par une armature métallique. Mais l’un des temps forts survient très vite : “Sacred”, inédit et probable premier extrait du successeur de Darker Still. Monumental, porté par un refrain taillé pour les arènes, le morceau prouve que Parkway Drive ne se contente pas de regarder en arrière : il projette déjà son avenir.
Héritage et fraternité australienne
La nostalgie prend le dessus avec un retour à Horizons (2007). Le public chavire, surtout lorsque Joel Birch (The Amity Affliction) revient pour un “Boneyards” furieux, fraternité australienne oblige. La fosse devient champ de bataille : circle pits géants, slams en rafale, chaos jubilatoire.
La complicité entre Winston McCall – désormais blond – et son public atteint son paroxysme quand il descend lui-même dans la fosse sur “Idols And Anchors”, déclenchant un circle pit autour de lui avant de regagner la scène… porté par la foule. Un instant de communion pure, rare et puissant.
Entre rituel et grand spectacle
Visuellement, le show bascule dans une autre dimension. Le pont métallique reliant les deux scènes s’élève au plafond dans une pluie d’étincelles. Sur “Cemetery Bloom”, Winston est entouré de danseurs vêtus en sorciers dans une mise en scène quasi rituelle. Plus tard, un trio à cordes introduit “Chronos”, avant une interprétation bouleversante de “Darker Still”, commencée en acoustique sur la scène B et illuminé par tout le Zénith.
Feu, pluie, pyrotechnies, projections et décors industriels : Parkway Drive joue désormais dans la même cour que Rammstein. On est loin du simple concert de metalcore : c’est du théâtre métallique à grande échelle.
Final apocalyptique et communion ultime
La dernière ligne droite est dantesque. “Bottom Feeder” rugit avant le rappel, puis un solo de batterie titanesque de Ben “Gaz” Gordon (qui se retrouve même la tête à l’envers !) précède “Crushed”, véritable déflagration scénique. Winston, juché sur le pont suspendu au plafond, domine une fosse en transe. Contrairement au dernier Zénith où les flammes se faisaient discrètes, elles jaillissent cette fois de partout : scène principale, scène B, flancs du pont.
Le concert s’achève sur “Wild Eyes”, repris en chœur par toute la salle. Musiciens et public se retrouvent réunis sur la scène B pour un dernier cri collectif, avant que “Tiny Dancer” d’Elton John n’accompagne un diaporama retraçant vingt ans d’histoire. La boucle est bouclée.
Plus grands que jamais
Annoncée comme leur tournée la plus ambitieuse, cette escale parisienne plaçait la barre très haut.
Verdict ? Non seulement les attentes ont été comblées, mais elles ont été largement dépassées. Ce show anniversaire fut à la fois une célébration du passé et une ouverture vers l’avenir, portée par “Sacred”.
Au final, ce Zénith aura offert une version survitaminée du passage de 2022, enrichie de morceaux issus de Horizons et Atlas (2012). Seule ombre au tableau : l’absence du medley Killing With A Smile (2005) habituellement joué sur toutes les dates de cette tournée 20 Year Anniversary mais sacrifié à cause du retard de trente minutes. Frustrant pour un set anniversaire, mais largement compensé par l’ampleur de la soirée.
Avec une scénographie monumentale, une proximité constante (le groupe ayant passé une grande partie du show sur la scène B) et une puissance scénique inaltérable, Parkway Drive confirme son statut : plus qu’un pilier du metalcore, une véritable machine de guerre dont l’ascension ne fait que commencer.
Assurément l’un des meilleurs concerts de 2025.



























































