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PARKWAY DRIVE @ La Cigale (11/02/16)

“Exaltant” est le mot qui pourrait décrire le mieux le concert qui avait lieu le 11 février dernier à La Cigale. Pour une affiche constituée de Parkway Drive, Architects ainsi que Thy Art Is Murder, il n’y a rien de très étonnant.

Initialement prévu au Bataclan, c’est en effet à La Cigale que s’est deroule le show. Nul besoin de souligner à quel point ce changement a pu affecter le tournant de la soirée. De fait, THY ART IS MURDER sont ceux qui ouvrent les festivités, et comme par symbolisme, le chanteur arbore un T-shirt “Life Or Death”, qui annonce l’ambiance de la soirée : ce soir, ce sera tout ou rien, mais surtout un soir où nous ferons le choix de la vie plutôt que celui de la mort. Ce ne sera pas the “Reign Of Darkness”, mais bien plutôt celui de la lumière et de la chaleur. Très vite, les corps, auparavant gelés, s’animent, se réchauffent, et se bousculent dans un chaos sans nom. On moshe, sans oublier de relever les tombés. Face à une telle émanation de vie et d’amusement, le frontman s’exprime : “Merci à tous d’être venus malgré la terreur. Levez vos majeurs bien haut dans les airs, adressez-les aux terroristes. Allez vous faire voir !”, avant d’enchaîner sur “Holy War”, un morceau dont le nom se prête tragiquement bien au contexte. Mais ce soir, c’est la guerre de la musique contre l’horreur, d’un exutoire face à la peine et la colère. Et de fait, le refrain, ponctué tout du long par des doigts levés est repris par les fans. L’émotion et la force sont palpables dans la salle. Par ce geste, par notre présence, on sait que l’on a emporté au moins une bataille. On est lessivé, épuisé, mais c’est un renouveau des esprits. Morts de fatigue, mais emplis de joie et de vie.

Arrive ensuite ARCHITECTS. Bien déterminé à faire de ce lieu leur royaume le temps d’une soirée, les Anglais posent d’entrée les fondations de leur demeure : sur des compositions massives, s’élèvent des riffs aériens qui structurent des mélodies solides, sublimées par les ornements vocaux de Sam Carter. L’architecture propre des morceaux est tel qu’il permet au public de s’élancer corps et âme dans ce pit qui déménage, tandis que les balcons profitent de l’élégante harmonie des compositions, en écoutant calmement, ou en s’adonnant à des headbangs. Lors de “The Devil Is Near”, le frontman demande à tous de se baisser, avant de reprendre après le break. La fosse entière saute, et l’on dirait un feu d’artifices humain, coloré de joie. L’on aurait presque envie de citer Kerouac dans “On The Road” : “the only people for me are the mad ones , the ones who […] burn like fabulous yellow roman candles exploding like spiders across the stars”. Nous brûlons de courage, car nous ne sommes que force dans cette salle, comme le souligne le vocaliste. Il n’y a plus de place pour la violence, et son choix de s’élancer dans la fosse par protestation contre le fait qu’un slammeur soit un peu malmené par la sécurité le confirme. En d’autres mots, les musiciens nous ont construit un havre de paix.

 

 

Après quelques partages musicaux dont un “Bohemian Rhapsody” repris en cœur par toute La Cigale, PARKWAY DRIVE fait son entrée devant une salle impatiente. Les premières notes de “Destroyer” retentissent, et la refrain est accompagné d’une pluie de confettis. Non, ce n’est pas déjà la fin, mais bel et bien le début d’une célébration qui va en mettre plein la vue. La salle est incandescente, et s’exécute à des circle pits indécents, toujours plus impressionnants à mesure que les morceaux défilent. La formation australienne nous offre une setlist des plus efficaces, parfaitement équilibrée entre leurs albums. Les incontournables “Carrion”, “Karma”, “Dark Days” et autres “Idols and Anchors” ne manqueront pas de briser une à une les nuques des fans déchaînés, et de faire s’entre-tuer les mosheurs.

 

 

Mais le climax de la soirée restera la très fameuse “Vice Grip” tirée du dernier album “IRE“, introduite par un touchant discours de Winston McCall : “Cette chanson a un tout autre sens désormais. Vous avez traversé de durs moments, été tristes et effrayés. Cette chanson est maintenant pour Paris, pour la France”. Les “get up, get up” déclamés par l’assemblée entière prennent une force indescriptible. Les poings levés, les regards vers le haut, les poumons vidés témoignent de l’envie de ne rien lâcher. Et c’est sans compter sur les prestations de “Wild Eyes” complétée par “Swing”, puis “Crushed” en rappel : la chaleur, la puissance qu’elles engagent en ce moment de communion parfait démentent le dernier titre de la soirée, “Home Is For The Heartless,” car nous étions là-bas comme chez nous, et qu’il n’y avait pas une trace de sans cœur. Bien au contraire, nous y avons trouvé une humanité débordante de générosité et d’amour.

 

 

Ce soir, à La Cigale, nous n’avions qu’une seule certitude : nous avons chanté tout l’été, nuit et jour. Et peu importe la brise qui soufflera, nous continuerons de danser maintenant.

Setlist :

Destroyer
Dying To Believe
Carrion
Karma
Dark Days
Deliver Me
Vice Grip
Idols And Anchors
Dedicated
Wild Eyes
Romance Is Dead
Swing
—-
Crushed
Home Is For The Heartless