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PARKWAY DRIVE @ Cabaret Sauvage (18/12/14)

Le Cabaret Sauvage n’aura jamais si bien porté son nom que ce jeudi 18 décembre, en compagnie de Carnifex, Northlane, Heaven Shall Burn et Parkway Drive.

Sur cette scène encore vierge, les garçons de CARNIFEX se sont posés en inquisiteurs, et ont revêtu leurs gros sabots pour cela. Après avoir traversé l’océan Atlantique, qui sépare leur Amérique de notre Europe, ces explorateurs débarquent en terre inconnue et confrontent la violence de leur musique, aux oreilles encore sauvages d’un public alors plongé dans le silence. Pendant à peine vingt petites minutes, la glace sera brisée, pillée, dévastée, à l’instar des cervicales et des membres de ceux participant au mosh pit formé sous le chapiteau de la salle. Ce n’est plus une fosse, mais un champ de combat sanglant, violent, sauvage. Les pygmées courent en cercle et se crashent au rythme des tambours de la batterie de Shawn, comme dans un rituel qu’ils partagent avec le groupe, en guise de cadeau de bienvenue. Ils invoquent tout ce qui est en leur pouvoir pour perdre leurs esprits, à la demande de Scott, porte-parole de ces conquistadors modernes. Mais peu importe les chants, dans la salle, il n’y aura pas de “Te Deum”, parce que “ce soir, le paradis va brûler”.

Seulement, pour que la conquête soit réussie, il s’agit de ne pas brusquer les populations. Si la première impression a été celle d’une violence, de la sauvagerie première, la seconde sera plus délicate. C’est ainsi que NORTHLANE prit la relève. Plus délicats que ses prédécesseurs, Northlane semble se présenter comme un havre de paix dans cette sauvagerie ambiante. Seulement ce que l’on a inculqué reste, et c’est ainsi que des pits un peu bancals se forment, pas toujours les bienvenus. De fait, les deux cultures semblent encore subsister sous tension : d’une part, certains demandent à ce qu’on leur laisse leur tranquillité, lorsque d’autres prennent part à l’agitation avec délectation. Des coups partent au milieu de quelques bousculades, l’espace se cloisonne, alors que les musiciens s’évertuent à donner un show irréprochable. Mais le “i” de “riot” finit par tomber, et la rébellion se termine presque aussi vite qu’elle a commencé, le calme revient, et subsiste jusque la fin de leur prestation, si ce n’est des claquements de mains effectués à l’unisson pour accompagner leur dernière piste.

Une fois tous sur la même longueur d’onde, et la nouvelle culture enfin adoptée, c’est une nouvelle civilisation qui naît. HEAVEN SHALL BURN pousse les portes du jardin d’Eden tout jeunement créé, afin de mettre le feu à la salle. Le Cabaret semble prendre vie comme d’une seule communauté, un seul peuple qui réserve à la formation un accueil digne d’une tête d’affiche. Ils sont reçus en seigneurs. Les iconoclastes détruisent tout ce qui s’est construi auparavant sur cette scène, il n’existe plus qu’eux, et des masses de cheveux qui se déchaînent d’un même mouvement. Il n’y a plus deux parties dans la salle, mais bien qu’un seul et même public qui se désarticule dans ce nouveau culte. La sauvagerie n’est plus celle primaire de l’ignorance, mais bien plutôt celle des gens civilisés qui se divertissent dans la violence, à l’image des arènes des cirques romains auxquels ressemblent de plus en plus le chapiteau du Cabaret Sauvage. Faisant horreur à cette nouvelle éducation, ils donnent à parole à ceux qui n’ont plus de voix en chantant “Voice Of The Voiceless”, ou plutôt font perdre leurs voix à ceux qui en avaient encore, et dédient leur cover à cette assemblée qui se donne en offrande à eux. Par des “Ahou” identiques aux spartiates de 300, ils appellent le groupe à continuer, et leur prouvent qu’ils les suivront dans la bataille. En guise de remerciement, Marcus se jette dans a fosse, et il est déjà temps de partir, c’est la fin du temps, “Endzeit”, pour les Allemands qui se seront battus jusque la fin afin de convertir jusqu’au dernier des infidèles présents dans l’auditoire.

 

 

Enfin, la liberté est rendue à ce peuple qui peut enfin prendre son indépendance. Les tant attendus PARKWAY DRIVE prennent la relève en se posant comme libérateurs. Ceux qui montrent d’autres “Horizons” à ce peuple désormais délivré de toutes oppression. Sur ce dernier groupe, chacun est convié à libérer ses passions, et profiter au maximum de cette leçon de vie donnée par les Australiens. Devant les yeux ébahis des ex-sauvages de ce cabaret, les garçons ouvrent leur setlist sur leur chanson phare “Wild Eyes” qui sera reprise à plein poumons par la salle entière. Ce ne sont plus des somnambules qui sont dans la salle, mais un public bel et bien réveillé, bel et bien présent, qui va swinguer au rythme de leurs sons, décidé à apporter de la lumière dans leurs jours sombres. Il y a une différence entre idoles et anchois, c’est pourquoi même s’ils semblaient se sentir comme des poissons dans l’eau, ils ne se sont pas échoués, mais ont plutôt accaparé tous et chacun dans leurs filets. Leur prestation aura été une explosion, une vie vécue à fond et résumée en moins d’une heure de set. Parkway Drive a indéniablement ravit ses fans, conquis les oreilles et les cœurs, sans pour autant briser les nuques. Leur succès s’est fait dans le pacifisme, mais l’amusement, donnant l’enseignement nécessaire à tous pour pouvoir à notre tour voler de nos propres ailes, et conduire notre vie.

 

 

Pendant ces quelques heures de concert, ces quatre combo ont su discipliner des spectateurs qui n’étaient pas facile, et faire naître un peuple, une cohésion, à partir de la sauvagerie primaire. Le Cabaret Sauvage aura donc été sauvage, selon toutes les nuances du terme, grâce à des artistes capables d’apporter leurs sonorités au chapiteau de la Villette, sans pour autant passer pour des clowns.