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PANZERBALLETT / DRH @ Le Triton (18/12/15)

Au menu, avant les fêtes, c’est un mix jazz/metal que nous proposent Panzerballett et DRH dans ce petit bar/restaurant accueillant, à la sortie du métro de la Mairie des Lilas. Panzerballett est formé en 2004 par le guitariste de formation classique Jan Zehrfeld et dix ans et six albums plus tard, le groupe jouit d’une solide reconnaissance sur la scène rock progressif allemande, ce qui nous vaut le plaisir de les voir aujourd’hui en tournée, et particulièrement ce soir, à Paris.

La première partie sera assurée par DRH, formation lyonnaise qui a eu la chance d’accompagner Panzerballett sur quelques dates allemandes. Les DRH proposent une formation identique avec eux aussi un saxophoniste, mais sonneront plus funky/rock progressif que djent/metal progressif en comparaison avec le combo teuton. Dès le premier titre, le guitariste aura un problème de son et la batterie un son très agressif malgré l’excellent touché jazzy du batteur. Même si globalement le son restera brouillon, DRH proposera néanmoins un set énergique pendant une heure avec des musiciens français d’un bon niveau, particulièrement le saxophoniste qui fera le show avec un tribute à Zappa. Cependant, on notera que les interventions du saxophoniste peuvent parfois être difficile d’accès, ne facilitant pas toujours l’entrée dans leur univers.

 

 

Un concert de PANZERBALLETT, c’est un peu comme un cocktail : une dose de standards, deux doses de metal, des rythmes syncopés et déconstruits, le tout bien secoué dans la tête de Jan Zehrfeld, maître d’orchestre de ce quintette teuton farfelu, servi sans glaçons pour un effet plus rapide. Bien que la setlist tournera autour de l’intégralité du nouvel album “Breaking Brain”, le bal s’ouvre avec “Jadoo”, reprise de l’excellent Passport en guise de mise en bouche. La petite salle du Triton tremble déjà sous les syncopes et propose un son parfait et équilibré. L’ingénieur son sera d’ailleurs nommé en fin de concert comme une partie intégrante du groupe. Les gros morceaux de l’album déboulent, “Euroblast” et “Smoocky Borg Funk” où les staccatos mettent en valeur une mise en place au cordeau, avec une exécution sans faille sans trop être étonné, vu le niveau technique de chaque musicien.

 

 

“Der Saxdiktator” et ses cot-cot endiablés, “Sshunyai” et “Frantik Nervesaw Massacre” sont enchainés avec tout autant de brio et d’excellence. Il n’y a aucun doute, nous en sommes en présence de grand talents : si Sebastian Lanser (Obscura) confirme qu’il est définitivement une machine de guerre à la batterie, Alexander von Hagke est une horloge au saxophone. Les guitares, elles, se répondent et créent des effets stéréo détonnant en se répondant de la six à la huit cordes que sont équipés respectivement les deux guitaristes. Hormis un leader qui ne peut s’empêcher ses pitreries entre les morceaux, les Allemands restent un peu froids sur scène, il faut dire que la complexité des compositions ne laisse pas de pas beaucoup de place à la décontraction, mais un peu plus de cohésion ne ferait pas de mal à ce supergroupe.

 

 

Plus tard, “la reprise de la reprise” de Pink Panther nous permet (enfin !) d’apprécier les talents de ce bassiste resté discret jusqu’ici mais qui nous compensera allègrement d’un solo mémorable d’une minute trente avec sa six cordes, qui sera rejoint en duo par le saxophoniste. La soirée se finit avec la version de “Thunderstruck”, reprise habile et déstructurée qui viendra clore cette masterclass.

 

 

Bien que l’ambiance était bonne, la seule déception de la soirée restera que la petite salle du Triton n’a pas été assez remplie pour accueillir comme il se doit des musiciens surdoués qui nous ont tout autant époustouflé par leur technique, que transporté par leur passion du jazz.

Setlist :

Jadoo
Euroblast
Smoochy Borg Funk
Der Saxdiktator
Shunyai
Frantik Nervesaw Massacre
Typewriter II
Mahna Mahna
Pink Panther
—-
Thunderstruck