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ORPHANED LAND @ Divan Du Monde (07/11/13)

Avec un nouvel album en poche, Orphaned Land était bien évidemment attendu par les fans européens. Ainsi, le public parisien s’était donné rendez-vous au Divan Du Monde, pour déguster un peu d’orient !

Tandis que la pluie s’abat sur Paris, dérangeant ainsi les nombreux fans positionnés devant le Divan, d’autres affluent en nombre. Avec quatre groupes à l’affiche, il était évident que la soirée allait commencer tôt et c’est sous les coups de 18h30 que THE MARS CHRONICLES arrive sur scène. Formation française fondée en 2012, TMC de son petit nom propose un mélange des genres avec de nombreuses influences. A la fois alternative mais également metal, leur musique recoupe également le post metal mais aussi le rock, aussi simple qu’il soit. Ayant sorti son premier EP, via Send The Wood Music le 13 mai dernier, “The Mars Chronicles – Eponyme EP”, il est tout naturel d’entendre une bonne partie des titres de celui-ci. “Constant Show”, “Abyss” et “Hell Is Born”, sur lequel Chen d’Orphaned Land viendra tenir la guitare, qui mettra un terme à leur set. Le public est captivé et répond positivement aux créations du groupe. Léger/lourd, rock/metal, les oppositions sont nombreuses dans la musique de TMC, pas seulement d’un titre à l’autre mais également au sein des titres eux-mêmes. La voix de Devy, claire et puissante, transporte l’auditeur tandis que Yann (guitare), Sébastien (basse) et Morgan (batterie) complètent l’orchestration extraterrestre. Extraterrestre, le mot n’est pas anodin puisque les quatre musiciens sont intégralement blancs. Cheveux, barbes, moustaches, tout y passe, quant aux yeux, ils sont d’un rouge alarmant et angoissant. Originalité et exploration musicale alambiquée, The Mars Chronicles n’en est qu’à ses débuts, souhaitons leur bonne chance !

 

Le second groupe aura fait parler de lui bien avant le début de la tournée. En effet, KHALAS est une formation venant de Palestine et tourne en compagnie d’un groupe venant d’Israël. La presse généraliste en aura beaucoup parlé mais concrètement, il n’y a rien de choquant. Les deux groupes partagent d’ailleurs le même tourbus et sont frères, comme le dira si bien Kobi, plus tard dans la soirée. Inconnu en Europe, l’occasion est parfaite pour se faire connaitre du public. Le quatuor composé de Mahmoud Shalabi (chant), Abed Hathout (guitare), Fadel Qandil (batterie) et Rooster (basse) s’installe et interpelle le public “Are you ready?” (“Êtes-vous prêts ?”). C’est parti pour une grosse demi-heure de découverte. Avec deux albums au compteur, dont le dernier “Arabic Rock Orchestra”, Khalas va rapidement plaire, ce soir. Des samples seront utilisés sur beaucoup des titres, avec l’apport de percussions supplémentaires, flûtes etc., tandis que Abed sera chargé du gros du travail. Mahmoud mettra une énorme énergie dans sa prestation, chantant en arabe, tout en prenant malin plaisir à évoluer à Paris. Côté musique, c’est la simplicité des morceaux qui ressortira rapidement, non aidé par une guitare au son un peu brouillon mais qui impose ses riffs. Les “clap clap clap” d’Orient vont rapidement faire surface, impliquant davantage l’audience. Un set coloré et vivant, à l’image des cultures orientales. Malheureusement, Abed n’aura pas trouvé de danseuse/danseur du ventre; une bière étant pourtant offerte ! Enfin, Kobi viendra épauler le groupe pour la reprise d’un titre égyptien, un excellent moment, une fois de plus. Néanmoins, l’absence d’une seconde guitare joue sur l’intensité offerte par l’actuelle et unique guitare. Sorti sous une pluie d’applaudissements, Khalas aura parfaitement tenu son rôle et aura assuré une très charmante prestation.

 

Après avoir ouvert pour Gojira, les français de KLONE parcourent maintenant les routes européennes en compagnie d’Orphaned Land. Disposant d’un temps de jeu plus conséquent que les deux précédents groupes, et ce malgré un quart d’heure de retard général, les cinq se mettent rapidement en place et entament sans détour avec “The Eye Of Needle, Part 2”. Les poitevins imposent d’entré leur son massif et leurs rythmiques saccadées. Mêlant metal progressif et divers éléments tant extrêmes que psychés, Yann Ligner et ses compagnons apportent une musique fraîche et recherchée. Aérien et angoissant, l’univers de Klone est assez bien défini. Quelques écoutes suffisent pour cerner la musique du groupe bien que beaucoup d’horizons restent, sans doute, à explorer ! “Immaculate Desire” va dans ce sens et les petites pointent de growl évitent une redondance au niveau vocal. Sous l’emprise de leur musique, les quatre de devant ne cesseront de bouger, malgré l’étroitesse de la scène, en raison de l’important matériel posé ici et là. “Rocket Smoke” et “The Dreamer’s Hideway” seront les dernières compositions jouées avant l’efficace reprise de “Army Of Me” de Björk. Yann Ligner tiendra à remercier Julian Gretz, qui a tenu le poste de bassiste, Jean Etienne Maillard n’étant pas disponible sur cette première partie de tournée. De plus, ayant récemment utilisé la plateforme “Ulule” pour financer leur tournée, Klone a reçu un massif soutien des fans, qui ont financé le projet à hauteur de 121% ! Un soutien sans faille qui fait évidemment plaisir à voir !

 

Trois sur quatre, il ne reste plus que la très attendue tête d’affiche. Le mot d’ordre était : bien se placer, pourquoi donc ? Car le Divan est plein à craquer et la température va rapidement grimper. Le dernier signal est donné et l’arrivée du combo se fait sur “Through Fire And Water”. Son introduction instrumentale permet à ORPHANED LAND de prendre tranquillement place sur scène, saluant les fans massés en masse au pied de la scène. Une brève réaction à la fin de celui-ci et c’est le titre éponyme “All Is One” qui suivra. Kobi mettra rapidement la foule à contribution, celle-ci étant priée de taper dans les mains pour accompagner l’introduction du titre. Sorti il y a quelques mois, “All Is One” est le cinquième album du groupe, trois années après la sortie de “The Never Ending Way Of ORWarriOR” (2010). Bien évidemment, les sonorités orientales font rapidement mouche et installent une atmosphère très festive et exotique. L’avant-dernier opus sera plutôt bien représenté; “Barakah” prend le pas des deux premiers titres et Kobi reprend ses growls, qui sont de plus en plus rares au fil des années. Kobi Farhi (chant), Uri Zelcha (basse), Matan Shmuely (batterie) et Yossi Sassi sont au rendez-vous, néanmoins une nouvelle tête, qui était apparue sur scène auparavant, rejoint le line up déjà bien fourni. Chen Balbus (guitare) est en effet le nouveau guitariste du groupe, prenant la place laissée vacante par Matti Svatitzki. Chen, simple fan, était connu de groupe pour avoir posté bon nombre de vidéos sur internet mais également pour avoir, quelques fois, joué avec la formation, épaulant le groupe en cas d’absence d’un des deux guitaristes. Une intégration évidente donc, comme nous le disait dernièrement Kobi, au cours d’une interview. Taper des mains ne sera pas l’unique tâche à laquelle sera invité le public. Voix et cris à plein poumon seront à l’ordre du jour, le tout débutant lors du break de “The Kiss Of Babylon”, Kobi et l’audience se renvoyant la balle. En intégrant, tout naturellement, sept morceaux de “All Is One”, “Simple Man” remettra les pendules à l’heure. En effet, contrairement à la tournée précédente, Kobi ne sera pas comparable à Jésus et il le fait savoir au travers de ce titre, de façon détournée. Il arbore d’ailleurs une tenue traditionnelle noire et non un linge blanc. Le show continue sur un rythme assez soutenu et pour cause, le groupe jouera presque vingt titres ! Le nouvel album sera essentiellement axé sur la première partie du set, tandis que les anciennes compositions feront de plus en plus leurs apparitions. Ainsi, “Ocean Land (The Revelation)” ou bien les récents “Sapari” et “Olat Ha’tamid” viendront faire part de leurs atouts musicaux. Bon nombre de samples seront utilisées, en raison des nombreuses et riches orchestrations de la musique d’Orphaned Land, néanmoins Yossi délivre quelques touches musicales différentes en raison de sa guitare. Sa “Bouzoukitara” comprend une Bouzouki et une guitare électrique, réunies sur un unique corps; un instrument unique ! Passé le solo de batterie de Matan, Kobi va inviter Devy Diadema à le rejoindre sur scène pour l’épauler sur “Our Own Messiah” tandis que son comparse Sébastien Ollive tiendra le poste de troisième guitare lors de “Children”. Un titre fort que Kobi dédie aux enfants syriens où la guerre fait toujours rage; il avait d’ailleurs donné son ressenti lors de notre interview en sa compagnie. Back to basics avec “El Meod Na’Ala” issu de “El Norra Alila” (1996). Malheureusement le show approche de la fin et il ne reste qu’un titre mais Kobi, avec beaucoup d’humour, proposera “vu que je suis juif, on va conclure un marché” pour jouer davantage, rire général dans toute la salle ! L’intense “In Thy Never Ending Way” suit et met fin à la prestation (avant de revenir pour un rappel).

 

 

Le rare “The Beloved’s Cry” verra le duo Kobi/Yossi venir sur scène, pour y être interpréter devant un parterre attentif et captivé. Passé ce titre, la fin est proche et c’est le traditionnel “Norra El Norra (Entering The Ark) / Ornaments Of Gold” qui va conclure, en beauté près d’une heure et cinquante minutes de concert. Comme Kobi a l’habitude de dire “everybody JUMP” dès les premières notes, qui suivent la courte introduction. Voilà le Divan qui saute, qui danse et qui chante. Un melting pot de fans qui correspond parfaitement à la philosophie de ce groupe, reconnu partout dans le monde arabe (un comble quand même ?).

 

Martiens, palestiniens, français, israéliens, ne manquait plus que les Jedi ! Une riche soirée musicale prend ainsi fin. Orphaned Land enflamme chacun de ses concerts, mobilisant des fans de tout horizon le message est clair : All Is One !

Setlist :

Through Fire And Water
All Is One
Barakah
The Kiss Of Babylon (The Sins)
The Simple Man
Brother
Birth Of The Three (The Unification)
Olat Ha’tamid
Let The Truce Be Known
Sapari
Ocean Land (The Revelation)
Solo (Matan Shmuely – batterie)
Our Own Messiah
Children
El Meod Na’Ala
In Thy Never Ending Way
—-
The Beloved’s Cry
Norra El Norra (Entering The Ark) / Ornaments Of Gold

Crédit photos : Olivier Gestin