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NIGHTWISH @ Bercy (17/04/12)

Quasiment trois ans après deux Zenith de Paris en 2009 (dont l’un affichait sold out), le quintette finlando-suédois metal symphonique n’a cessé d’accroitre sa popularité et de drainer un public de plus en plus nombreux, divers et varié. Après avoir sorti l’album concept “Imaginaerum” le 5 décembre dernier, Nightwish débarque à nouveau dans la capitale, cette fois-ci du côté du Palais Omnisports de Paris Bercy avec son “Imaginaerum World Tour 2012-2013”. Retour sur deux heures de spectacle inoubliable.

A peine arrivé aux alentours de 19h30 dans une salle pas encore remplie que les allemandes de Eklipse – quatuor classique à cordes composé de jeunes femmes au look gothico-lolita sexy – revisitent “Cry Me A River” de Justin Timberlake sur la scène de Bercy uniquement éclairée par trois lampadaires. “Nous sommes Eklipse et c’est un plaisir de jouer ce soir avant Nightwish” dixit l’une des deux violonistes avant que le groupe n’entame le “Wonderful Life” de Hurts. Vous l’aurez compris, Eklipse est un tribute band à la manière du String Quartet interprétant contrairement à Apocalyptica, – qui ne fait que dans le registre metal – de la variété internationale issue pour la plupart de l’album “A Night In Strings” sorti récemment, allant de Lady GaGa (“Paparazzi”), en passant par du Linkin Park (“In The End”) ou encore la B.O du film “Le Parrain” !  Après un set d’une demi-heure s’achevant sur “Clocks” de Coldplay et d’ultimes remerciements, Eklipse quitte la scène pour laisser place à la seconde première partie, Battle Beast. Original ou non, c’est plutôt une agréable surprise en guise d’entrée pour un concert de metal.

 

Après un très rapide changement de plateau n’excédant pas les quinze minutes, les lumières s’éteignent vers 20h15. Les six membres du combo heavy metal finlandais arrivent tels des guerriers sur une intro épique suivi de “Justice And Metal”. Probablement inconnu pour une partie du public, le sextette s’est fait connaitre en remportant la finale du Metal Battle à Wacken en 2010. Cette victoire lui offre l’opportunité de signer avec le label Nuclear Blast et de sortir un premier album intitulé “Steel” en avril 2011. Par ailleurs, le titre éponyme de l’opus résume à lui seul le set de huit morceaux. Emmené par la charismatique frontwoman Nitte Valo à la voix de Bruce Dickinson et dotée d’une certaine carrure, Battle Beast distille un heavy metal aux envolées lyriques de Iron Maiden mélangé à du Nightwish pour l’alternance chant féminin/masculin et à du DragonForce pour les solos de guitares infernales du duo Anton Kabanen/Juuso Soinio avec une touche omniprésent de clavier. Ajouté à cela, le côté fédérateur des morceaux taillés pour le live aux refrains entrainants (“Shake the world with heavy metal, shake the world with steel” sur “Steel”) n’évoquant que de bataille, de mort et surtout à la gloire du metal (“Enter The Metal World”, “Justice And Metal”, “Victory”, “Show Me How To Die”). Un cocktail so 80’s à la fois puissant et mélodique efficace bien que conventionnel qui plait comme en témoignent les nombreux “hey hey hey” et autres “whoohoo” repris par l’audience, le point levé. Rien à dire niveau prestation ou communication, Battle Beast réussit à réveiller le public avec un set musclé de 45 minutes, impatient de voir la tête d’affiche. 20h45, les membres au centre de la scène, posent pour une photo souvenir, saluent le public avant de disparaitre. Une excellente découverte !

 

Les lumières se rallument dans Bercy et un étrange rideau blanc en lambeaux vient couvrir la scène. La salle, qui se remplit de plus en plus, s’excite. Après une demi-heure d’entracte, le POPB plonge dans l’obscurité aux alentours de 21h18 et les premières notes de l’intro/comptine “Taikatalvi”, premier morceau de “Imaginaerum” se font entendre. Au même moment, sous les cris de la foule en délire, Marco Hietala (basse/chant) assis sur une chaise à bascule, apparait en ombre chinoise et achève son récital finlandais en jetant avec rage la chaise backstage. “Storytime” commence avec les fumigènes s’échappant de chaque côté de la scène alors que le rideau finit par céder à la fin du premier refrain, dévoilant ainsi les musiciens sous les ovations du public. On remarque d’emblée que Tuomas Holopainen, principal compositeur de Nightwish et claviériste, est entouré d’imposants tubes d’orgues, dont le design n’est pas sans rappeler le film “Pirates Des Caraïbes”. Par ailleurs, un écran géant placé derrière Jukka Nevalainen (batterie) diffuse des images en rapport avec les différents morceaux. De plus, dès le départ, le combo ne lésine pas sur la pyrotechnie pour le plus grand plaisir du public et enchaine les titres rythmés avec l’incontournable “Wish I Had An Angel” repris par tout Bercy (où la partie vocale est aussi assurée par un Marco très en forme) et “Amaranth” débutant avec les projections de fumées sur fond bleu. Arrive l’intro très épique de “Scaretale” avec sur écran un manège avant l’arrivée de Anette Olzon (chant) tout de noir vêtue dont la manière de chanter et l’ambiance du titre nous font penser à Tim Burton. S’ensuit “The Siren”, un petit speech sur Paris, la ville de l’amour introduisant ainsi “Slow, Love, Slow” avec son ambiance jazzy/cabaret des années 50. L’efficace “I Want My Tears Back” annoncé par les tic tacs d’une horloge marque l’arrivée de Troy Donockley, qui en plus d’être multi instrumentiste (cornemuse irlandaise, flûtes), chantera également sur le dernier single “The Crow, The Owl And The Dove”. Ce dernier apportera sa touche irlando-folklorique de temps à autre jusqu’à la fin du concert, accentuant le côté festif du show. En fond, un phare et le bruit des vagues, Marco demande à l’audience de ranger les portables et de sortir les briquets pour créer une ambiance adéquate pour la ballade “The Islander”, ce que fera tout Bercy durant toute la chanson interprétée à l’acoustique. Magique. Ce moment se prolonge avec une étonnante version acoustique de “Nemo” avant de repartir pour l’entrainant instrumental “Last Of The Wilds” qui nous donne presque envie de danser la gigue ! Après ce petit interlude, Bercy plonge dans un enfer rouge pour le bien metal “Planet Hell” qui nous en met plein la vue et plein les oreilles avant d’enchainer sur “Ghost River” et “Dead To The World”. Moment de solitude de la chanteuse avant la reprise de Gary Moore lorsque Anette comme au Zenith veut faire chanter le public sur un morceau dans la langue de Molière. Contrairement à “Frère Jacques” en 2009, elle a choisi “Chanson d’Amour” de The Manhattan Transfer, que personne ne connait (ndlr : reprise de l’américain Wayne Shanklin datant des années 60). Un poil vexée mais toujours souriante, elle enchainera directement avec “Over The Hills And Far Away”.

 

“Vous savez, on a plein de trucs puissants et il y a encore plus puissant, faites du bruit !”, dixit Marco avant que le groupe quitte la scène pour un rappel d’une minute. Tuomas, suivi de Troy reviennent alors que la fumée envahit la scène pour l’instrumental “Finlandia” jouée à la cornemuse irlandaise. Ils seront rejoints par les autres membres à l’exception de Anette comme ce fut le cas sur “Last Of The Wilds”. Retour du groupe au complet pour “Song From Myself” amputé de la partie narrée suivi de la dernière chanson de la soirée “Last Ride Of The Day” qui porte bien son nom. En guise de final, Nightwish sort l’artillerie lourde avec un festival de flammes, des confettis et un feu d’artifice juste avant l’outro “Imaginaerum” sur lequel les musiciens distribuent comme à l’accoutumée sticks et mediators. Un dernier salut au public et la troupe disparait pour de bon à 23h07. Prochaine représentation dans le courant de l’année, cette fois-ci dans les salles obscures avec le film “Imaginaerum”.

 

Durant deux heures, Nightwish nous embarque dans l’univers onirique et coloré de “Imaginaerum” en sortant le grand jeu durant tout le set avec tous les artifices digne d’un grand spectacle dans le sens noble du terme. Son parfait, écran géant diffusant différents tableaux et ambiances, jeux de lumières, pyrotechnie, les spectateurs ont eu la totale ! Coté prestation, on sent une véritable unité au sein de la formation. Le chant d’Anette est juste, rien à voir avec 2009. Il faut avouer que même si elle n’égalera sans doute jamais la puissance vocale de Tarja Turunen, elle donne cependant un nouveau souffle aux anciennes chansons du répertoire de Nightwish (trop peu mises en avant comparé à celles issues du dernier opus). Du vrai divertissement à la finlandaise !

Setlist :

Taikatalvi
Storytime
Wish I Had An Angel
Amaranth
Scaretale
The Siren
Slow, Love, Slow
I Want My Tears Back
The Crow, The Owl And The Dove
The Islander
Nemo
Last Of The Wilds
Planet Hell
Ghost River
Dead To The World
Over The Hills And Far Away
—-
Finlandia
Song Of Myself
Last Ride Of The Day
Imaginaerum

avec la participation de Nelly

Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife