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NICK CAVE AND THE BAD SEEDS @ Zénith (19/11/13)

Moins d’un an après la prestation particulièrement rock qu’il avait offert à son public au Trianon, Nick Cave et ses Bad Seeds sont de retour dans la capitale. Un concert qui ne fallait pas manquer cette année.

Il est à peine 19h15 lorsqu’apparaît SHILPA RAY & HER HAPPY HOOKERS en T-shirt à pois. Seule à l’harmonium, la brune a de la voix et déploie de grands écarts d’intensité un peu comme Anna Calvi. Le public reçoit tranquillement ses vocalises et applaudit poliment. Quarante minutes plus tard, la chanteuse ramasse son verre de vin et quitte la scène. Il était temps : non pas que la performance déméritait, mais elle était assez monotone et une vingtaine de minutes aurait largement suffit.

 

Surtout que cinq minutes plus tard, arrive une deuxième première partie : trois lutines nommées LES COLETTES. Violon, grosse caisse, et guitare : la chanteuse pose une voix à la Björk sur des rythmes sophistiqués. Les titres aux sonorités celtes sont bien plaisants, les autres un peu moins. Pile une demi-heure plus tard, c’est déjà fini.

 

 

 

21h : NICK CAVE AND THE BAD SEEDS font une entrée théâtrale dans un Zénith plein jusqu’au fond. Devant un grand rideau de théâtre, la scène est chargée d’instruments, de partitions, de quelques réverbères et d’une tasse de thé posée sur le piano. Le décor est planté : gueule de comte Dracula, costume de satin noir et chemise dorée, le grand échalas s’annonce d’un petit pas de danse. Nick veut de la place, alors c’en est déjà fini pour les photographes présents dans la fosse qui sont évacués après seulement un seul titre; malicieux, il leur adresse un petit au revoir de la main. De manière quasi permanente, il allume les premiers rangs en grimpant sur des caisses ou des amplis. En appui sur la barrière ou des épaules de fans, il prend des mains, s’arc-boute, et fait des signes aux gens en les regardant dans les yeux. Guitares électrique et électro-acoustique, claviers Korg, basse, batterie, violon, métallophone ou flûte traversière : les Bad Seeds en costume sont à l’image du dandy sombre, d’une élégance décalée. Warren Ellis a une manière bien particulière de caler son archet dans son col lorsqu’il joue de son violon comme d’une guitare électrique, qu’il fait mine de s’en servir pour frapper son patron, ou qu’il lance son archet très haut contre le rideau du fond. Le son est parfait. Pour “Jubilee Street”, Nick bondit brusquement de son piano, tandis que “Mermaids” calme le jeu. La suite suivra le même contraste : le frontman alterne des passages explosifs avec une série plus tranquille de titres au piano. “Can you feel my heart beat?” : Nick interpelle des fans sur les paroles de “Higgs Boson Blues”. A ce moment-là, certains sont si près de sa poitrine qu’ils peuvent probablement l’entendre battre ce cœur. L’allumette est prête, le dandy peut maintenant mettre le feu avec son titre fétiche “The Mercy Seat” (repris par Johnny Cash). Il terminera la cérémonie par l’incantatoire “Push The Sky Away”, extrait du dernier album éponyme, et le choix est idéal. Avant de sortir, il présentera ses musiciens. 22h35, après une très courte pause les musiciens reviennent pour un rappel. D’abord l’envoûtant “We Real Cool”, puis Nick Cave fait un signe à son guitariste et lui indique le titre à jouer, ce sera “Papa Won’t Leave You, Henry” extrait du concept album “Henry’s Dream” (1992). Nouvelle sortie de scène, nouveau retour pour le vintage “Deanna”. Les autres attendent un signe du maestro, il décide que ce sera tout pour ce soir. Clap de fin à 22h55.

 

Moins électrique que Grinderman, et mois rock que lors du précédent passage de la petite bande à Paris, Nick Cave n’en demeure pas moins un showman talentueux et imprévisible. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il est à la recherche de contact avec son public.

Setlist :

We No Who U R
Jubilee Street
Tupelo
Red Right Hand
Mermaids
The Weeping Song
From Her To Eternity
West Country Girl
God Is In The House
People Ain’t No Good
Into My Arms
Higgs Boson Blues
The Mercy Seat
Stagger Lee
Push The Sky Away
—-
We Real Cool
Papa Won’t Leave You, Henry
—-
Deanna

Crédit photos : Virginie Schmidt