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NECK DEEP @ Petit Bain (18/10/17)

La crème des formations pop punk/émo du moment était de passage en ce mois d’octobre dans la grande salle du Petit Bain, avec un plateau unique qu’il est réjouissant de voir en France. Prenez le groupe alternatif ayant le plus le vent en poupe aujourd’hui, aka Neck Deep, ajoutez-lui ses “frères” et voilà brièvement le tableau de ce que fût cette soirée du mercredi 18 octobre au 7 Port de la Gare.

Puisque l’engouement est de rigueur et que les fans sont venus en nombre, c’est en plein milieu du set de BLOOD YOUTH que nous entrons finalement dans la salle. Formation anglaise hardcore, anciennement celle de Sam Bowden, désormais guitariste de Neck Deep, celle-ci ne manque d’hargne, ni de puissance, pour nous convaincre et motiver les troupes. Alors que la fosse disparate se veut encore timide, ne répondant aux efficaces mélodies du quatuor que par des hochements de tête aléatoires, les Anglais trouvent la force de provoquer un remue-ménage maîtrisé en fin de set, notamment sur “Reasons To Stay”, extrait de leur album “Beyond Repair” sorti cette année. On retiendra de la performance l’intensité et le professionnalisme de Blood Youth, aux mimiques scéniques carrées.

 

 

A peine le temps d’observer l’imposant backdrop typé “The Peace And The Panic” déjà présent sur scène qu’il est déjà l’heure de REAL FRIENDS. Avant cela, Jonny Boucher, créateur d’Hope For A Day, s’approprie pour quelques minutes le micro afin de rappeler l’importance de parler en cas de troubles ou de dépression, avant d’appeler les Américains à venir performer. En forme, le quintette offre un set profond et expéditif, ouvert par un “Mess” des plus actifs. Les premiers vrais mouvements de foule se font, les langues se délient et les crowdsurfeurs perdent leur timidité, motivés par les réactions de Kyle Fasel (basse) et les envolés lyriques du frontman Dan Lambton. Parfait résumé de sa discographie (“Colder Quicker”, “Summer”, “Late Nights In My Car”), le groupe profite surtout de l’instant pour relativiser avec de sages paroles sur l’instant présent, enclin aux conflits. Comme de vrais amis.

 

 

Sûrement la seconde troupe (voire la première ?) la plus attendue, AS IT IS représente la facette la plus pop du pop punk programmé ce soir. Un genre qui convient et convainc l’audience, plein d’excès théâtralisés (lancés de micro, couplet de “Soap” avec Patty Walters allongé sur le sol) et de mélodies entêtantes qui, d’un autre côté, libéreront une bonne fois pour toute les plus indécis, notamment lors de “Concrete”, “Patchfork Love” et “No Way Out”. Même si les Britanniques vivent actuellement une mini-crise des suites de leur séparation récente et hasardeuse avec Andy Westhead, le quatuor promeut habilement son album “okay.”, en mettant de côté tout problème. Une chose est sûre : la bande a compris toutes les techniques pour se mettre le public dans sa poche et cela se ressent.

 

 

Suite à un second discours de Jonny Boucher, voici enfin venu le temps des Gallois, sous une température élevée. En quelques secondes, la scène se retrouve investit par NECK DEEP, leadé par un Ben Barlow torse-nu et hyperactif, débutant la soirée avec un “Happy Judgement Day” rapide. Presque trop rapide même, puisque ce premier titre est en partie cafouillé sur le bridge des suites d’une excitation trop importante. Fort heureusement, les formations pop punk contemporaines ne sont pas connues pour leur précision parfaite, ni pour leur show au millimètre près, mais bien pour leur énergie communicative et leur rendu live parfois brut. Une recette que le quintette connaît du bout des doigts, propulsé par le jeu de batterie dynamique et impressionnant de Dani Washington, surplombant le tout, et la voix toujours plus assurée de Barlow. Drôle de situation au Petit Bain : Jonny Boucher est ici le sixième membre sur scène, surplombant le backdrop et secouant ses bras au rythme des mélodies.

 

   

 

Malgré trois albums et quelques EP au compteur, la soirée sera principalement focalisée sur les deux derniers disques de Neck Deep, mélangeant majoritairement “The Peace And The Panic” (“Motion Sickness” et son premier couplet chanté par la foule, “Parachute”, “Don’t Wait” sans Dan Carter) avec “Life’s Not Out To Get You” (“Lime Street”, “Rock Bottom” et l’apogée des crowdsurfings, “Kali Ma”), pour un résultat éclectique et diversifié. La formation assume d’un bras de fer son extraction grandissante vers des contrées plus alt rock aux accents punks, sans que cela ne gêne réellement l’assemblée, réactive à chacun des morceaux. Même le duo acoustique “Wish You Were Here” et “A Part Of Me” trouvera sa place dans ce set, comme un aparté nécessaire. Neck Deep se renouvelle, certes, mais conserve cette particularité faisant la différence, ainsi qu’une certaine proximité avec son auditoire. Un respect à double sens.

 

 

Carton plein pour le genre au Petit Bain, carton plein pour Neck Deep qui évolue d’une façon on ne peut plus positive et carton plein pour les différents discours proclamés ce soir, qui véhiculent le respect, l’ouverture et un optimisme évident.

Setlist :

Happy Judgement Day
Lime St.
Gold Steps
Motion Sickness
What Did You Expect?
Parachute
Kali Ma
Rock Bottom
Citizens Of Earth
Don’t Wait
In Bloom
December
Wish You Were Here
A Part Of Me
—-
Can’t Kick Up The Roots
Where Do We Go When We Go