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MOTOCULTOR FESTIVAL 2012 – Jour 3 (19/08/12)

Le réveil ce dimanche matin a été un peu… difficile. Il faut dire que plus les jours passent, et plus les réveils sont difficiles. Et c’est dans cet état d’esprit totalement en dehors de la réalité que nous arrivons sur le site du festival.

COLLISION

Troisième groupe de la journée, mais le premier pour nous. Et il faut avouer que les compositions des hollandais d’entrée comme cela, sans échauffement préalable, c’est un peu rude. La rythmique est solide, mais le son de la batterie est vraiment agressif. Les deux chanteurs (hurleurs) ont visiblement la tête des lendemains difficiles. Pourtant, cela ne les empêche pas de balancer leur grindcore à 200 %. Ils vont et viennent sur la scène de façon totalement désordonnée, se croisent se recroisent, se prennent les pieds dans les fils des micros, manquent de perdre l’équilibre en marchant sur des câbles. Osons le dire… on guette la collision entre les deux chanteurs ! Bref, c’est un joyeux chaos. L’audience est peu nombreuse, offrant un beau terrain de jeu aux plus énervés. Mais cela ne décourage pas certains motivés qui iront même jusqu’à se lancer dans un circle pit déjanté.

 


INHUME

Des hollandais également, et eux aussi ont un duo vocal. Mais là, l’intérêt du duo prend là toute sa signification, permettant d’enchainer rapidement des notes intenses. Les chanteurs nous offrent une belle démonstration de pig squeals, growls et autres cris aigus. Inhume joue un grindcore simple, brutal mais efficace. A l’image de la bannière qui flotte à l’arrière de la scène : c’est l’artwork de l’album “Moulding The Deformed” sorti en 2010, et c’est gore-issime !

 

ADX

ADX est un “vieux” groupe français des années 80. Malgré un split en 1992, ils reviennent de plus belle en 2006. Aujourd’hui, ils sont visiblement heureux d’être là, heureux de jouer et d’être ensemble face au public. Cette joie authentique et bon enfant fait plaisir à voir et est très communicative. Le public apprécie leur jeu heavy très rapide et scande le nom d’ADX. Cette bonne humeur transpirante (Phil, le très charismatique chanteur blaguant avec le public, et s’amusant avec les musiciens survoltés) rend ce concert bien sympathique. Nous aurons même droit à un peu de pyrotechnie et des cotillons ! Le soleil fait lui aussi son grand retour et le jet d’eau également !

 

AS THEY BURN

 

AUDREY HORNE

 

PERVERT ASSHOLE

Gagnants du Headbang Contest 2012 qui s’est déroulé au Batofar à Paris le 11 mai dernier, que dire de ce groupe qui se qualifie lui-même comme un groupe de rock décadent ? Ils jouent sur un concept qui rappelle clairement l’univers des films de Rob Zombie. Sexe, alcool, sang et bidoche semblent un bon résumé. Sinon la musique ? Et bien heu… cela ne nous a pas frappé.

 

BEATALLICA

 

MYRATH

Voilà, juste le temps d’avaler notre crêpe et c’est au tour de Myrath d’entrer en scène. Ce soir, la formation est amputée du clavier qui n’a pas pu venir pour des raisons administratives. Les tunisiens jouent un metal qui leur est propre. A la fois progressif et oriental. Myrath signifie “héritage” en arabe. Et de leur héritage, ils en sont fiers. Du coup, leur musique et la façon de chanter s’en ressentent. Zaher, le chanteur très charismatique est très présent. Il ira même jusqu’à faire chanter le public. Il promène sa voix claire toujours juste même dans les sons plus aigus avec un aisance déconcertante. Myrath a littéralement conquis le public du Motocultor 2012 qui réclamera et obtiendra un rappel. Ce sera “Forever And A Day” de leur deuxième et avant dernier album “Desert Call”.

 

KRISIUN

Alors que le soleil commence doucement à décliner, offrant une belle lumière rasante, les trois frères déboulent. Les brésiliens nous déversent leur death ultra brutal. Le Motocultor sera la dernière date de leur “Great European Summer Execution Tour” avant d’attaquer la tournée brésilienne. Le public headbang et bat la mesure au son des blast beasts de Max qui se succèdent à une allure effrénée (peut-être trop même), et ce n’est pas le solo de batterie auquel nous aurons droit qui prouvera le contraire. La rythmique est efficace et la basse bien appuyée. De son côté, le guitariste aligne les riffs, muré derrière son épais rideau de cheveux. Les slammeurs s’en donnent à cœur joie. Le batteur finira le set totalement liquéfié, mais prendra le temps de faire quelques photos souvenir de la foule avant de partir. Tout cela est décidément terriblement sympathique.

 

BEHEMOTH

Dire que Behemoth était attendu est un doux euphémisme. C’est donc en toute logique sous les acclamations que le groupe entre en scène. Une scène étonnamment sobre et épurée. Sans déco. Pas même les habituels micros en fer forgé, certes superbes mais encombrants. Juste la bannière au fond. Le set démarre au quart de tour. Une chorégraphie qui semble réglée à la note prêt. C’est puissant et lourd. Comme à leur habitude, les polonais écrasent tout sur leur passage. Sans blabla (mais parfois il n’y a pas besoin d’en dire long, seuls quelques mots suffisent à l’image du désormais célèbre : “C’est bon d’être vivant !” de Nergal). Nous n’aurons pas de pyrotechnie non plus contrairement au Hellfest (mais est-ce bien nécessaire ?). La setlist sera la même qu’au Hellfest. Et tout pareil, après “Chant for Eschaton 2000” le groupe part. Après une coupure de quelques minutes, il revient pour un rappel. Nergal apparait coiffé de son casque/masque pour “Lucifer”, un classique du rappel désormais. Puis ils repartiront pour de bon, sans rien dire. Comme au Hellfest, la fin est brutale.

 

TEXTURES

Difficile d’enchainer après Behemoth. Et le choc est d’autant plus rude que le style de Textures n’a absolument rien à voir. Les hollandais jouent un savant mélange de metal progressif, death-trash, hardcore, groovy d’une grande maîtrise technique. Il est un peu difficile de se mettre dans l’ambiance, car cela nous éloignerait trop rapidement de la douce torpeur dans laquelle nous étions plongés quelques minutes auparavant et qu’on aurait bien voulu continuer à savourer encore un moment. Du coup, impossible de céder à l’appel de Textures. D’autant que sur la scène voisine Immortal se prépare… et que là cela risque d’être grandiose à nouveau. Non, décidément, Textures entre Behemoth et Immortal, ce n’est pas possible.

 

IMMORTAL

Dernier groupe à fouler les planches de ce dimanche, Immortal aura la lourde tâche de clore ce Motocultor 2012. Retour au black metal donc. C’est à un moment de pur bonheur qu’Immortal va nous convier ce soir. Le régal des oreilles : la voix d’Abbath, si reconnaissable et la musique, d’une puissance et d’une efficacité incroyable; et des yeux : le jeu de scène d’Abbath est un must et son crabcore est devenu légendaire ! D’ailleurs, le public en redemande et scande : “Le crabe ! Le crabe !” Immortal en live c’est vraiment au-delà de la claque : un gros direct qui vous met bien KO. A peine remis de la performance de Behemoth, pas et temps de reprendre ses esprits, et bam ! Un deuxième coup derrière les oreilles.  

 

Et voilà, le Motocultor 2012 se sera tenu du 17 au 19 août, et il est déjà terminé. La 4ème édition en plein air, s’achève sur un bilan plus que positif ont indiqué les organisateurs lors de la conférence de presse. Malgré quelques soucis de dernier moment avec la commission de sécurité qui auront entrainé un retard de deux heures à l’ouverture le vendredi, et l’annulation de la participation de deux groupes : Ataraxie et Miseducation Of Masses, tout à fini par rentrer dans l’ordre. Au total, 45 groupes, dont 30 internationaux, se seront succédés sur les deux scènes. Et malgré quelques annulations de plus ou moins dernier moment : Exploited, Deicide, et la veille Electric Wizard, tout se sera déroulé pour le mieux. Les organisateurs ont précisé avoir mis l’accent sur la qualité de l’affiche et le son en doublant le budget artistique par rapport à l’an dernier (passant de 75 000 € à 150 000 €). Mission accomplie ! Quelques nouveautés ont été mises en place également : les séances dédicace, installation d’un plateau PMR et ajout d’un bar dans le camping. A noter également que les organisateurs et les bénévoles auront fait leur maximum pour palier au fur et à mesure aux petits soucis de logistique survenus tout au long de ces trois jours : organisation d’une distribution d’eau au bar, mise en place du jet d’eau pour rafraîchir les spectateurs, agrandissement du stand nourriture et aménagement de pissotières. L’effort était louable mais le lieu choisi de façon bien peu stratégique pour les narines des festivaliers… en même temps, il faut reconnaître que tous les autres emplacements étant utilisés, et vue la taille du site où tout était à côté de tout, le choix était plus que limité. Enfin, cela faisait penser aux haies du Hellfest (mais sans la végétation). D’ailleurs, en parlant de Hellfest, l’équipe était présente le samedi et en a profité pour donner quelques conseils à celle du Motocultor. Pas moins de 11 000 festivaliers auront foulé le site sur les trois jours (il en fallait 8000 pour être à l’équilibre). Plus rien à voir donc avec les 200 entrées de 2007. Apparemment, les ventes ont décollé au dernier moment. On comprend donc mieux que l’organisation se soit trouvée un peu prise au dépourvu sur certains points de logistique. Les organisateurs sont d’ores et déjà en train de réfléchir à l’édition 2013. Un changement de lieu est à l’étude. Peut-être sur Séné (même site qu’en 2010). L’idéal serait de trouver un site et d’y rester. Cela permettrait un confort pour l’organisation de la logistique et également de demander à la population et aux élus de s’investir dans le projet. Une évolution vers trois scènes est à l’étude. Cela permettrait de diversifier l’offre musicale en termes de style et de faire jouer de plus petits groupes. Mais il est clair qu’avec trois scènes, il sera impossible d’assister à tous les concerts. Plus d’informations fin septembre !

 

par Izenah

 

Crédit photos : Serge Tenani & Izenah

 

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Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife