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MODERN ENGLISH @ La Maroquinerie (05/06/15)

Quatre ans après un passage à La Flèche d’Or en première partie des jeunes Mirrors, revoici en visite à Paris les trop rares Modern English, cette fois en tête d’affiche. Groupe de 1979, reformé en 2009 avec ses membres originaux, les Anglais investissent La Maroquinerie par une (très) chaude soirée de printemps.

19h30, devant quelques rares corbeaux, SAIGON BLUE RAIN est le premier groupe à ouvrir. Le quartette est composé d’une chanteuse blonde piétinant sa longue robe, de deux guitaristes, un bassiste, et une boite à rythmes. Sur des tempos assez lents, un guitariste natté modèle des arpèges aériens qui peuvent évoquer ceux de The Cure, et la voix aux accents celtes se perd dans un écho, parmi quelques notes de clavier samplés. Ils annoncent une reprise, ce sera une version saturée de “Goodbye Horses” (présent dans la bande originale du “Silence Des Agneaux”), mais la charmante chanteuse n’a évidemment pas le coffre de Q Lazzarus. Un dernier titre puis sortie de scène après un set de presque quarante minutes.

 

 

Juste un quart d’heure après, c’est au tour de THE CEMETARY GIRLZ d’ouvrir. Sorcières, chemise en dentelle savamment déchirée sur des tatouages, cheveux rouges, le quintette est composé de Parisiens aux looks très étudiés, poussant le raffinement jusqu’à la setlist en forme de cercueil. Composée de deux guitares, basse, batterie, la formation déverse une batcave brute et dense, mais pas super carrée. Pourtant, un jeune homme devant se déchaîne et petit à petit, la fosse ondule et sautille. Fins brouillonnes, attaques abruptes, changements de rythmes, chant perdu au fond de la cave sur brouillard musical; difficile d’y déceler des mélodies. Exception faite sur “L’Envol”, dernier morceau joué et qui sauve les meubles de quarante minutes assez opaques.

 

 

Il est maintenant 21h30 et la salle s’est remplie d’une faune haute en couleur noire : des gothiques. Après avoir installé pratiquement eux-mêmes leur matériel, entrée sans cérémonie pour les quatre membres fondateurs de MODERN ENGLISH, Robbie Grey, Gary McDowell, Michael Conroy, et Stephen Walker, augmentés de Steven Walker à la guitare additionnelle et Ric Chandler derrière les fûts. Gary McDowell a une touche toute particulière : l’impressionnant guitariste vêtu d’une blouse chinoise, compile des tatouages sur le visage et une barbe de mandarin, mariés à des chaussures dissemblables : d’un côté il porte une sandale, de l’autre une santiag en python. Au micro, Grey, quinqua sympathique en costume ample et Converses, apostrophe des fans en souriant. Cela démarre avec les sons atmosphériques de “Dance Of Devotion (A Love Song)”, enchaîné avec la batterie martiale, les riffs aériens et les nappes de clavier de “Just A Thought”. La voix est claire, et Grey, qui a tombé la veste, affiche désormais un T-shirt “cow boys à poutres apparentes” bien connu du milieu punk anglais puisque porté aussi par Siouxsie ou Sid Vicious. Il chausse une guitare sèche décorée d’étoiles pailletées pour un “Swans On Glass”, qui accélère le rythme, martelé à la caisse claire, avant un solo aussi mélodique que strident. “Gardez votre énergie elle est super !” annonce Grey, avant le gimmick à la guitare de “Tables Turning”, mais c’est surtout “Black Houses” qui fera danser toute la fosse. Voici venu l’efficace “16 Days” où Grey attrape une baguette et prend des poses avec, avant d’aller frapper une cymbale pour un final métallique. Comme souvent, le titre est enchainé à “Gathering Dust”, et le set prend une courte pause après un dernier extrait de “After The Snow”. Il est 22h32, retour sur scène pour deux derniers morceaux dont leur titre le plus connu “I Melt With You” : “ça paie les factures et c’est une bonne chanson !”. Couvre-feu oblige, les gars saluent et ramassent des petits carnets de feuilles A4, prompteurs à l’ancienne ! McDowell a ôté ses lunettes de soleil et laisse apparaitre… une pupille rouge.

 

 

Une heure et quart de concert vécue par des fans enthousiastes comme “le concert de l’année”. Il est vrai que la formation s’était faite rare à Paris depuis trente cinq ans, son passage en ouverture à La Flèche d’Or pouvant passé inaperçu. Certains exprimeront même leur gratitude en offrant au groupe une bouteille de bon vin.