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MATT CORBY @ La Maroquinerie (13/02/19)

EP après EP, Matt Corby a su discrètement conquérir le monde depuis les tréfonds de son Australie natale. Si bien que, quand il est venu redonner des couleurs à La Maroquinerie avec son “Rainbow Valley Tour”, la salle était encore plus remplie de fans trépignant d’impatience que les vagues de Bondi Beach pleines de surfeurs en période estivale.

Première escale océanienne avec JARRYD JAMES, compatriote de la tête d’affiche de ce soir. Si l’Australien jouit d’une petite notoriété entre les océans Indien et Pacifique, sa musique reste plus confidentielle en France. Voix douce et étonnamment haut perchée compte tenu de sa carrure, compositions tranquilles infusées de synthés, le tout est agréable, mais difficile de déceler ce qui pourrait lui permettre de se démarquer dans la luxuriante jungle des auteurs-compositeurs-interprètes mélancoliques jouant sur la corde sensible. Peut-être son plus gros single “Do You Remember”, toujours aussi efficace quatre ans après son énorme succès sur Internet ? Ou alors sa toute dernière sortie, le quasi hypnotique “Slow Motion”, dans la même veine que le titre précédemment cité, avec une influence électro plus franchement affirmée ?

21h approche et l’espace vient à manquer dans La Maroquinerie : le concert affiche complet, et ça se voit. Le public, assez éclectique et international, se tasse dans la salle, impatient. Dès que MATT CORBY et ses musiciens montent sur scène, la salle est enveloppée de douceur avec la délicate “Light My Dart Up”. L’Australien lance un “Bonjour, ça va ? Je vais vous jouer quelques chansons” dans un français quasi nickel, puis s’exécute et scelle ce cocon d’allégresse grâce à la délicieusement suave “No Ordinary Life”.

Lignes de basse funky, percussions, les corps se balancent sur les teintées de soul “All That I See” et “New Day Coming”, ou encore sur “Get With The Times” et ses accents gospel, genre cher au chanteur. Tantôt au clavier, tantôt derrière les fûts, parfois à la guitare, le multi-instrumentiste impressionne par son aisance à jongler entre les différents instruments. Alternant entre folk enivrant et soul aérienne, mêlant souvent avec habileté les deux, le jeune chanteur fait passer son public par toute une gamme d’émotions : la larme à l’oeil sur “All Fired Up”, vite séchée par une irrésistible envie de danser sur “Sooth Lady Wine”, seule survivante avec, “Empires Attraction”, de “Telluric”, son premier album, autrement absent de la setlist.

Sans prévenir, Matt Corby se lance ensuite dans l’incontournable “Brother”, provoquant un frisson dans la salle dès les premières notes. S’il a surtout montré jusque-là sa dextérité instrumentale, c’est désormais à sa voix de briller. D’abord, par sa délicatesse déroutante. Puis peu à peu, alors que son falsetto laisse la place à un grondement rauque sur le refrain, par sa puissance ahurissante. Les modulations assez extrêmes de sa voix, harmonieuses, confèrent une intensité bluffante au morceau.

On a à peine le temps de s’en remettre que l’Australien, réinstallé à la batterie, embraye avec sa bande sur la presque psyché “Better”. “Elements”, que ne renierait pas le Thom Yorke de la période “Amnesiac”, emporte la salle et ses occupants dans un tourbillon étourdissant de synthés, seulement arrêté par un épilogue hypnotique prenant la forme d’une reprise du “Old Man” de Neil Young. Sublime. L’arpège d’introduction de “Resolution” remet une pièce dans la machine à frissons. Avec toujours cette dualité “sensibilité à fleur de peau/puissance incroyable”, le chanteur susurre puis rugit. Peu importe comment il la nuance, sa voix semble incapable de sonner faux. La également plus ancienne “Souls A’Fire” distille une dose de blues bienvenue.

Puis, après un passage éclair en coulisse, c’est l’heure du rappel. Malgré les multiples réclamations d’un “Trick Of The Light” venant du public, c’est finalement “Miracle Love” qui clôt le concert, certes un peu court, mais terriblement réussi.

Avec sa voix épatante, ses talents de monsieur-je-sais-jouer-de-tous-les-instruments, son univers riche et son sourire Colgate, Matt Corby a conquis La Maroquinerie.