
Un 11 novembre, on s’attend davantage à voir défiler des uniformes militaires qu’une procession gothique. Pourtant, au parc de La Villette, c’est bien une marée noire et stylisée qui habille la célèbre allée menant aux portes du Zénith. La raison ? Le retour grandiloquent de l’Antichrist Superstar lui-même : Marilyn Manson, de passage à Paris après plus de huit ans d’absence. RockUrLife y était et vous raconte !
Dead Posey
DEAD POSEY ouvre le bal avec la lourde tâche de chauffer un Zénith déjà plein. Mené par Danyell Souza au chant et Tony Fagenson à la guitare, le groupe balance un rock gothique sombre et catchy, façon The Pretty Reckless. Malgré son énergie, le set de Dead Posey peine à captiver toute la salle. Il faudra attendre la reprise de “Blue Monday” (New Order) pour voir enfin quelques têtes bouger dans la fosse. Mais le groupe disparaît rapidement, laissant la scène au Révérend Manson, attendu comme le messie noir de la soirée.
Marilyn Manson
Le moment que tout le Zénith attend arrive enfin. Les lumières s’assombrissent, des silhouettes se dessinent derrière le rideau au rythme lancinant de “Nod If You Understand”. Puis, d’un coup, le voile tombe : MARILYN MANSON surgit tel un spectre du début des années 2000, plus en forme que jamais.
En 2017, Manson, affaibli, se produit sur scène depuis une chaise roulante. Aujourd’hui, il revient transformé, entouré d’un groupe rajeuni et redoutable. À la basse, Matt “Piggy D” Montgomery (ex-Rob Zombie) assure une assise lourde et efficace. À la guitare, Reba Meyers (ex-Code Orange) devient la première femme à intégrer le line up de Marilyn Manson, apportant un souffle neuf au spectacle. Enfin, Tyler Bates, “partner in crime” du Révérend depuis une décennie, complète la formation avec brio. Ensemble, ils livrent un show digne d’une résurrection. Assez parlé, place aux choses sérieuses.


Acte I : Un retour plein de fougue
Ce grand retour est avant tout l’occasion pour Marilyn Manson de présenter les titres de son dernier album, One Assassination Under God – Chapter 1.. Le public, déjà conquis, reprend en chœur les refrains de ces morceaux récents qui s’imposent déjà comme de véritables hymnes
Mais au-delà de la promo de son nouveau disque, cette tournée célèbre aussi les 25 ans de Holy Wood, album culte de la carrière de Manson. Et les spectateurs parisiens ne pouvaient rêver meilleure date : le concert tombe pile le 11 novembre, jour anniversaire de la sortie du disque en 2000. Pour l’occasion, il gâte le Zénith avec deux exclusivités live, “The Nobodies” et “Love Song”, jouées nulle part ailleurs sur la tournée. L’auditoire scande à pleins poumons le mythique “Do you love your God? Guns? The Government?“, guidé par un Manson en véritable maître de cérémonie.
Le reste du set ne faiblit pas : “This Is The New Shit” maintient la fièvre, tandis que “Great Big White World” replonge la salle dans l’âge d’or de l’Antichrist. Un voyage express à travers sa discographie, mené dans une euphorie totale.

Acte II : Voyage dans le temps
Manson livre un set millimétré, découpé comme un rituel. Il revient après un court interlude avec “Sacrilegious”, single hypnotique qui fait onduler la fosse en une marée sombre. Sur scène, la mythique double croix brille en néon, tandis que les lumières sculptent une atmosphère à la fois mystique et électrique. Malgré les années, Manson n’a rien perdu de sa rage, au contraire, il semble renaître, plus féroce que jamais.
Il affiche d’ailleurs ce regain de force dès l’intro de “I Don’t Like The Drugs (But The Drugs Like Me)”, réinventée pour l’occasion. Manson se confie sur sa relation passée avec la drogue : “Elle m’aimait, m’écrivait des lettres d’amour, me regardait avec des yeux doux“, lâche-t-il avant d’avouer l’avoir finalement enterrée, loin de lui. Un instant de sincérité et de communion avec le public parisien, qui donne tout son poids au titre suivant : “The Dope Show”, interprété avec une intensité désarmante, porté par une ligne de basse suave qui fait vibrer tout le Zénith.



Ce moment de connexion ne fait pas retomber la tension. Il enchaîne aussitôt les incontournables “Sweet Dreams”, “mOBSCENE” et “The Beautiful People” avec une précision chirurgicale. Il s’amuse à ressortir une collection de chapeaux et autres accessoires, clin d’œil à ses différentes ères. Le fameux néon de “mOBSCENE” trône même au-dessus de la scène, comme un écho visuel au clip. Un véritable voyage dans le temps, qui enflamme un Zénith plein à craquer mais annonce aussi, hélas, l’approche de la fin du set.
The Antichrist is back
Pour conclure ce show monumental, le Révérend frappe fort. Il revient sous les acclamations de l’audience avec “Tourniquet”, plongeant la salle en 1996. Il apparaît juché sur ses iconiques échasses, silhouette démesurée et inquiétante, à mi-chemin entre créature gothique et prédicateur d’un autre monde. Le Manson acrobate et showman est bel et bien de retour.
Mais pour le grand final, il opte pour la sobriété et l’émotion pure avec “Coma White”. Scéniquement, le moment frôle la perfection : un spot blanc éclaire Manson, vêtu d’un chapeau sombre et d’un anorak, tandis qu’une neige artificielle tombe au ralenti, recouvrant doucement la scène d’un voile mélancolique. Le public, suspendu à chaque note, chante à l’unisson cette ballade poignante, dans un ultime instant de grâce partagé entre l’artiste et ses fidèles.



Pour ce grand retour, Marilyn Manson signe un show à la hauteur de sa légende. En une heure trente, il prouve que ses nouveaux titres s’intègrent sans effort à ses classiques, et que son charisme scénique reste intact. Plus fort, plus lucide, presque régénéré, le vampire américain semble avoir puisé dans la fontaine de jouvence. Et s’il y a bien une leçon à retenir de cette résurrection : Marilyn Manson n’a pas dit son dernier mot.
Crédit photo : Stéphane Allet






