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MANIC STREET PREACHERS @ Bataclan (23/05/14)

Manic Street Preachers poursuit sa tournée européenne, et s’arrête enfin à Paris : leur précédente venue remontait à quinze ans (1999 à l’Elysée Montmartre) ! La formation galloise vient défendre “Rewind The Film” (2013), et teaser sur “Futurology”, le prochain opus prévu pour cette année.

Malgré les fidèles fans anglais déjà devant la porte à midi, l’ancienne salle de boxe est loin d’afficher complet. Pour ouvrir, le duo londonien de PUBLIC SERVICE BROADCASTING entre à 19h40 devant un public clairsemé; l’étage n’ouvre pas et les côtés sont fermés par des rideaux. Les anglais sont placés de chaque côté d’un écran qui diffuse des extraits de vieux films. Wrigglesworth à la batterie à gauche, et Willgoose derrière son Mac, à la guitare ou au banjo. Rythmiques lancinantes, guitare indus, et narrations extraites des films, parfois en allemand, façonnent des morceaux électro aux fins abruptes et finement construites. Willgoose, l’air malicieux, s’adresse parfois au public, mais jamais directement ; il actionne des touches qui composent des phrases types, dites par une voix de synthèse : “Thank you- very much- Paris”. Trente-cinq minutes d’un set original et assez prenant, où l’organique côtoie l’électronique.

 

A 20h47, les lumières s’éteignent et laissent place à “A New Career In A New Town” de Bowie en musique d’intro. Prennent place à gauche les deux musiciens additionnels : Sean Read aux claviers, Wayne Murray, tout en mèche, à la guitare. La batterie de Sean Moore est surélevée, Nicky Wire en cuir et verres fumés tient la basse à droite, et James Dean Badfield, en costume, est avancé au centre jusqu’au bord de la scène. Au fond, une silhouette de dandy aux couleurs de la pochette du prochain disque des MANIC STREET PREACHERS s’affiche en backdrop, et les amplis sont recouverts de deux drapeaux gallois. Malgré un Bataclan peu rempli, les anglais présents dans la salle s’assurent de l’ambiance et chantent en chœur dès le premier titre. Avec un sacré accent rocailleux, Badfield s’excuse pour sa voix gâtée par un mal de gorge, puis lance “Ocean Spray” aux passages musicaux musclés. En réalité, sa voix est parfaite, aussi percutante que moelleuse. Encore quelques explications sur le prochain titre, extrait de l’album à venir : voici les bruits de machines de “Europa Geht Durch Mich” et son duo virtuel avec l’actrice allemande Nina Hoss dont la voix préenregistrée répond ou se mêle à celle de Badfield. Wire reprend la parole pour rendre hommage à Jean-Paul Sartre ou Michel Platini, puis fait des bonds sur “Stay Beautiful”. Nouvelles explications avant l’enveloppant “Suicide Is Painless”, thème de la BOF de “M.A.S.H.” composé par Johnny Mandel. Pas avare de commentaires, Wire évoque une tournée avec Suede vingt ans plus tôt qui passait déjà par le Bataclan, et envoie un “Die In The Summertime” d’époque avec riff orientalisant musclé et solo d’acier. S’ensuit le fun et 90’s spirit “Your Love Alone Is Not Enough” (2007), sans Nina Persson de The Cardigans, puis “A Design For Life” (1996) qui récolte tous les suffrages : guidés par Bratfield (“Three!  Four! “, index en avant), les fans reprennent en chœur “we don’t talk about love, we only want to get drunk”. Passage acoustique pour deux titres où Badfield à la guitare reste, seulement accompagné de quelques notes de clavier, puis retour du groupe pour l’hyper électrique “Revol”. Nouvelle anecdote de Wire : à la Loco en 1991 il aurait presque décapité Sean en lançant sa basse, passée heureusement à quelques millimètres du chanteur, “mais il sait que je l’aime !”. “You Love Us” déclenche un petit pogo, “Tsunami” et son thème guilleret au clavier ne laisse pas redescendre l’ambiance, puis l’entrainant “Show Me The Wonder” (2013) continue de fédérer les fans. “If You Tolerate This Your Children Will Be Next” rythmé de claps pour finir, et goodnight définitif à 22h20. Pas de rappel, comme à l’accoutumée, et lumières rallumées brutalement.

 

 

Les Manic Street Preachers savent bien qu’ils vendent peu en France, Bradfield l’évoquera en remerciant ceux qui sont venus. Espérons tout de même qu’ils reviennent à Lutèce avant un Quinceañera !

Setlist :

Motorcycle Emptiness
You Stole The Sun From My Heart
Ocean Spray
Europa Geht Durch Mich
Stay Beautiful
Suicide Is Painless
Rewind The Film
Die In The Summertime
Your Love Alone Is Not Enough
No Surface All Feeling
Walk Me To The Bridge
A Design For Life
This Sullen Welsh Heart
Small Black Flowers That Grow In The Sky
Revol
Futurology
You Love Us
Tsunami
Show Me The Wonder
Motown Junk
If You Tolerate This Your Children Will Be Next