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LUKE @ La Maroquinerie (22/05/19)

Quatre ans après son dernier album “Pornographie” (2015), le groupe Luke revient avec l’indomptable “Porcelaine”. On les a croisé le temps d’un concert mémorable à La Maroquinerie où les trois Bordelais ont littéralement fusionné avec le public.

Cette fois-ci, on le sait, Luke disait vrai lorsqu’il a salué son public après un énième rappel : “Vous êtes incroyables, je m’incline ! Ne changez rien !” Après plus d’une heure et demi de concert, la bande de Thomas Boulard n’arrive pas à quitter la scène. Comment le pourraient-ils ? Face à eux, une centaine de personnes prêtes à faire flamber leurs dernières batteries sur un riff de guitare, déchaînées à tel point que le troisième rang sortira son téléphone pour immortaliser les pogo et slam qui ne s’arrêtent plus. La chaleur, l’intimisme et la puissance des décibels de La Maroquinerie a encore frappé.

Première partie : L’Envoûtante, “les découseurs de drapeaux”

C’est quand on pensait la nouvelle vague du rock la bouche asséchée que des groupes comme L’ENVOÛTANTE débarque sans prévenir et te balance son slam électro en pleine figure. Le colérique “Hymne Aux Irrasemblables”, le premier extrait a des airs de “Antisocial”, mais ne dépasse jamais la limite de la révolte ringarde. Si notre oreille croise quelques clichés, “renifle la triche là où le troupeau broute”, le format de L’Envoûtante n’a rien, absolument rien de recyclé. Les titres s’enchaînent et sentent la rage. Ils dépeignent un à un un monde noirci par cette société, la fameuse, celle que l’on refuse de voir pour ne pas ternir le tableau. Personne n’est prêt à “Nouvelle Méthode”, personne ne se remet de “Outrages”. Hymne aux rassemblables Bruno Viougeas et Sébastien Tillous. 

Luke : un retour timide balayé par une fosse musclée au carré

Les fans de la première heure de LUKE sont là et la pochette de l’album “La Tête En Arrière” est à peine visible sur leurs T-shirts. Thomas Boulard s’installe, Fender à la main, accompagné de ses deux compères au piano et à la batterie et balance le riff d’intro de “Sauvage Et Fugitive”. Plusieurs titres du nouvel album “Porcelaine” s’enchaînent et la timidité du groupe se fait sentir. Jusqu’à “Soledad”. Ce titre, qui a valu la notoriété du groupe il y a maintenant plus de quinze ans, ferme définitivement la porte de sortie de La Maroquinerie. Si tout le crédit du nouvel album est assuré depuis ses premières notes, la fosse surexcitée apprécie encore plus de réentendre les notes de “La Sentinelle”, “Le Reste Du Monde” et la magnifique chanson “Zoé”, chantée en guitare voix et assistée par le public implacable.

Luke ferme le bal sur “Porcelaine”, morceau du dernier album sorti le 15 mars dernier. Évidemment, la formation fait un rappel après quelques lampées de bières à peine cachées pour chanter “Dis-Moi” et “On N’Est Pas Des Machines”. Thomas Boulard ne cache pas sa joie de partager ce moment avec l’assemblée et le fait savoir : “Vous êtes juste géniaux, on a beaucoup de chance de vous avoir, ne changez pas !”.

Après la dernière note de batterie, le groupe s’incline, genoux à terre pour remercier le public… qui en redemande ! Malgré les techniciens prêts à dégainer pour ranger la sono, Luke remet le couvert, incapable de résister à la demande générale d’un dernier rappel. Après une deuxième version de “On N’Est Pas Des Machines”, le public quitte les murs de La Maroquinerie, saigné de deux heures de concert totalement délirantes et, disons-le, inattendues !