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LONG DISTANCE CALLING @ Glazart (09/02/14)

En tournée depuis le 6 février, Long Distance Calling, Junius et Wolves Like Us se sont ralliés pour quinze dates européennes organisées par Avocado Booking. C’est ainsi que ce dimanche 9 février, la petite salle parisienne du Glazart était le rendez-vous de la puissance planante et écrasante du stoner et sa digression instrumentale.

La soirée commence avec le dark rock des norvégiens de WOLVES LIKE US. Originaire d’Oslo, le groupe ne dément pas à la qualité du heavy metal du pays. Le chant de Larsh est puissant et n’hésite pas à s’emporter vers des cieux chaotiques, dans une énergie musicale burnée et faite d’une certaine quantité de sueur. Avec leur album “Late Love”, le corps de guitares est massif et grinçant, soutenu par une batterie violente, et signe les sonorités stoners rugueuses du groupe qui ouvre l’évènement avec force.

Doucement, la soirée glisse vers le coté instrumental de la force en passant par l’étape du post hardcore de JUNIUS. Binôme de label et de tournée de Wolves Like Us depuis 2012, la formation américaine ménage un post metal à l’aspect hybride, industriel, en gardant en réserve ses explosions dooms. Le chant clair de Joseph E. Martinez se transporte dans une illumination sombre, et confère à la musique du groupe une conscience psychique atmosphérique. Malgré l’aspect planant qui pourrait la justifier, la prestation scénique du groupe est très sobre, voir presque nulle, et seul le batteur semble véritablement s’en détacher en apportant de la poigne et du tonus. Sur “Battle In The Sky”, le chanteur de Wolves Like Us, Larsh, fait une soudaine apparition, encore humide de sa performance, pour ajouter une partie vocale, de quoi perturber l’aspect parfois trop lunaire de la formation, pour lui donner un bon coup aussi éphémère que jouissif.

Un rapide changement de plateau laisse la scène du Glazart aux allemands de LONG DISTANCE CALLING, faisant face à une salle clairsemée mais fervente. En route depuis 2006, le combo est à présent le géniteur de quatre albums à la mélancolie instrumentale ataraxique. Dans sa première approche, en terme de disposition scénique, le quintette réélabore les codes d’importance. Le chant est relégué au fond, dans la partie de mix électronique, tout comme dans sa musique; la batterie est en retrait, et, malgré sa quasi inexistence au niveau physique, garde un rôle fondamental dans la structure des compositions, en assurant un travail propre et rigoureux. En devant de scène sont placées la basse en position centrale et les guitares qui s’échangent tour à tour les parties rythmiques et mélodiques. Dans cette éternité instrumentale aux mouvements incessants et répétitifs, avec de longs riffs empruntant un schéma circulaire, la voix fait parfois son apparition, comme une hallucination que l’on peine à discerner, ce qui ajoute une touche de subtilité à l’espace musical du groupe, tout comme les collages sonores de “Ductus” et “The Man Within” qui sont de véritables satisfactions, tant ces aménagements se prêtent à la logique instrumentale du rock progressif de Long Distance Calling. La formation mêle passages planants et reprises à la dynamique metalcore, auxquels s’ajoutent des envolées mélodiques hardcores, tout en se rapprochant  parfois d’un déchainement mogwaien. Les trois protagonistes, en devant de scène, ne cachent pas leur joie de jouer, particulièrement le guitariste qui ne se détache pas de son sourire, tire la langue et prend des positions de dieu de la guitare, près à prendre son pied sonore. Une attitude enjouée à laquelle le public répond avec enthousiasme, en sautant, dansant, en se balançant d’avant en arrière de façon extrême,  en levant les bras spontanément ou à l’appel du groupe qui les invitent à frapper des mains à presque chacune des pauses rythmiques, ce qui donne, par excès, l’impression d’un chauffage de foule proche de la fête foraine. Après l’extension sonore de dix titres, le groupe se retire pour un rappel ultime avec les treize minutes interstellaire de “Apparitions”.

Véritable descente en terre instrumentale, la soirée sera passée de la force stoner de Wolves Like Us à l’apaisement sonore du dernier titre de Long Distance Calling, tout cela dans une cohérence logique et perturbante.

Setlist :

Into the Black Wide Open
I Know You, Stanley Milgram!
Inside The Flood
Ductus
Black Paper Planes
The Man Within
New Song
Aurora
Arecibo (Long Distance Calling)
Metulsky Curse Revisited
—-
Apparitions