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LOLLAPALOOZA PARIS 2023 : On y était !

Lollapalooza Paris propose pour la première fois de sa jeune histoire une édition sur trois jours. Retour sur un long week-end festif à l’Hippodrome De Longchamp.

Les têtes d’affiche

Rosalía

Si les équipes de Live Nation ont parié sur le groupe de K-pop Stray Kids pour clôturer le vendredi, c’est la star Rosalía qui a affolé les compteurs de vente le samedi, seul jour quasi complet de l’édition.

Pour le dernier show de sa tournée à succès Motomami Tour, Paris a droit à 1h30. Une marée humaine déferle devant la Main Stage West. Personne ou presque ne veut rater le phénomène.

Des bruits de moto s’échappent des enceintes. Puis laissent place à la star et ses danseurs. La musique de Rosalía est tellement méticuleuse qu’on aurait aimé voir des musiciens lui donner vie sur scène.

La scénographie, les tenues, les chorégraphies… tout est millimétré. Toutefois, Rosalía ne paraît pas robotique. Elle se montre chaleureuse, tente de parler français à de nombreuses reprises, et se laisse submerger par l’émotion à divers moments de son set. Mention spéciale pour la caméra qui la suit de très près tout au long du show. De quoi rapprocher la star de ses fans peu importe leur placement sur la poussière de Longchamp.

Si ses hits tels que “LA FAMA” ou “DESPECHÁ” sont repris par la foule, ses titres légèrement moins populaires parviennent à faire danser la foule, à l’écoute de sa voix singulière et émouvante.

Une prestation remarquable et remarquée pour l’Espagnole, qui clôture son incroyable tournée avec brio.

OneRepublic

OneRepublic est l’un des seuls groupes survivants de la scène rock en ce troisième et dernier jour.

En une heure, les Américains proposent un condensé de leurs meilleurs tubes. La mélancolique “Secrets” et ses violons éveille l’intérêt du public, très attentif et vivant pleinement le moment présent. Le show est rythmé et passe à la vitesse de l’éclair, symbole d’une bonne énergie des deux côtés des crash barrières.
Les BPM s’accentuent avec “Rescue Me” et “Love Runs Out”, qui chassent la pluie qui commençait à venir jouer les les trouble-fête.

Lollapalooza Paris a droit à un petit passage en revue des tubes écrits par le frontman Ryan Tedder pour d’autres artistes. C’est ainsi que la foule reprend en choeur “Halo” (Beyoncé) et “That’s What I Want” (Lil Nas X) entre autres.

Tantôt dansante, tantôt suspendue aux lettres de Ryan Tedder, la foule compacte de la Main Stage East sent qu’une atmosphère particulière règne sur Longchamp lorsque “Apologize” retentit. Une marée de téléphones se dresse sur “I Ain’t Worried” puis c’est l’anthémique “Counting Stars” qui met le feu à l’hippodrome.

Le set est maîtrisé de bout en bout par OneRepublic, qui donne à Longchamp une ambiance des plus enthousiastes, sans avoir besoin de forcer son talent.


Les valeurs sûres

Lindsey Stirling

Lindsey Stirling s’est forgée une place à part dans le paysage musical. Violon greffé à l’épaule, l’artiste s’envole dans les airs et réalise des figures de gymnastique tout en jouant de son instrument avec une virtuosité déconcertante.

Bien qu’il ne fasse pas nuit lors de son passage, les jeux de lumière et la pyrotechnie apportent une véritable plus-value au show.

Ses compositions personnelles laissent parfois place à des mélodies bien connues comme, par exemple, “Carol Of The Bells”. Lindsey confesse même avoir créé un morceau tout spécialement pour ce concert, “Ferngully”.

On ne s’est pas ennuyé un seul instant devant ce show plein de surprises, qui a totalement sa place dans une programmation de festival.


Kaleo

On ne présente plus le groupe islandais Kaleo, révélé en 2015 par le hit “Way Down We Go”.

Le son est particulièrement bien réglé, ce qui est loin d’être toujours le cas sur le festival. Les arrangements live sont tout simplement bluffants. Même si les titres interprétés sont peu entraînants et nécessitent avant tout une écoute attentive, le public semble à l’écoute du folk rock qui lui est proposé.

L’émotion est au rendez-vous, mais l’ambiance décolle (enfin) sur la mélodieuse “Hey Gringo” suivie de la dansante “Alter Ego”. C’est donc un set en deux temps, deux énergies, qui nous est proposé.

Sans surprise, c’est “Way Down We Go”, reprise en chœur par l’assemblée, qui clôture le concert. Tout le monde ou presque brandit son téléphone alors que beaucoup n’avaient pas l’air concerné jusqu’ici. La foule se clairsème malheureusement avant l’interprétation du dernier morceau pourtant rythmé et empli de bonnes énergies.

La musique de Kaleo n’est pas forcément mainstream au premier abord. Ainsi, il est peut-être difficile pour un non-initié de sa musique d’apprécier pleinement son univers dans le cadre d’un festival. Qu’importe, la performance est au rendez-vous et les fans sont ravis.

Dean Lewis

Dean Lewis et son single “Be Alright” constituent une valeur sûre de l’Alternative Stage ce samedi. Bien qu’ayant joué une bonne partie de son set sans lumière, le chanteur à la voix de velours et aux interprétations émouvantes (re)séduit l’auditoire venu l’applaudir.

Aussi à l’aise à la guitare que derrière son piano, Dean Lewis aime communiquer avec son audience pendant et entre les morceaux. Alors, lorsqu’il interprète son dernier titre “Waves” avec le drapeau français sur les épaules, c’est toute la fosse qui lui fait part de son amour en retour.


Niall Horan

L’ex-membre de feu One Direction reçoit une ovation dès son entrée sur scène. C’est pour nous l’occasion de découvrir le virage musical emprunté par le jeune homme. L’Irlandais propose un concert globalement composé de ballades rock teintées de country.

Son “Bonsoir Paris !” ainsi que ses nombreux compliments envers son public français retournent l’assemblée, totalement acquise à sa cause. Petites surprises : ses reprises de “Everybody Wants To Rule The World” (Tears For Fears) et “Story Of My Life” (One Direction), entraînant la foule dans un karaoké géant.

Tout sourire, Niall remercie les fans d’avoir attendu toute la journée et c’est sur “Slow Hands” qu’il achève sa prestation, porté par son public.


John Butler

Oublions les shows chorégraphiés à l’américaine, qui sont légion à Lollapalooza Paris. Prenez un homme, des guitares et des textes sincères et vous obtiendrez un concert de John Butler.

L’Australien sait réchauffer les cœurs avec ses mélodies douces et son charmant timbre de voix.

Programmé sur le même créneau que la pop star Ava Max, John Butler propose un show particulièrement simple, comme une parenthèse enchantée dans ce festival à l’américaine où tout est propice à la surenchère. Une pure démonstration du talent à l’état brut qui aura fait du bien aux âmes à la recherche de chaleur humaine et de simplicité.


Les belles découvertes

Picture This

Les Irlandais de Picture This ambiancent un parterre de fans avertis. Les curieux de passage tendent l’oreille et finissent par se mêler à l’ambiance chaleureuse qui se dégage. Pris par l’amusement, le public saute et répond à l’énergie envoyée par la bande.

Déjà bien identifiés outre-Manche, Ryan Hennessy et ses comparses invitent les Parisiens à assister à leur concert qui se tiendra à Paris en novembre. La fosse reçoit l’information avec enthousiasme tant elle semble avoir été conquise par l’indie rock frais et entraînant proposé par le groupe.


Maisie Peters

Si le nom de Maisie Peters ne vous est pas inconnu, c’est peut-être parce que vous connaissez sans le savoir son tube “Lost The Breakup”. Armée de sa guitare et soutenue par trois musiciens, la jeune artiste nous inonde de sa pop rafraîchissante.

Les sonorités de sa musique rappellent par moment celles d’Ed Sheeran. Ce n’est peut-être pas un hasard, Maisie ayant assuré bon nombre de premières parties de la star.


Hot Milk

Groupe d’indie rock d’origine anglaise, Hot Milk ouvre la journée du samedi sur l’une des Main Stages. Les premiers arrivés sur le site du festival assistent à une prestation emo rock qu’on pourrait comparer à Yungblud, Paramore ou blink-182.


Only The Poets

S’empressant de terminer leurs balances quelques minutes avant leur passage, Only The Poets finissent par véritablement démarrer leur set. Leurs fans installés au plus près de la scène scandent leur nom.

La foule danse timidement mais se densifie rapidement. Faisant penser à U2 sur certains titres, le groupe fait se remuer toutes les générations. La petite foule donne de la voix sur des morceaux qui pour la plupart sont mid tempo.

En guise de récompense, les quatre garçons invitent le public juste après leur sortie de scène sous la réplique de la Tour Eiffel installée au milieu de l’hippodrome après le show pour un mini set acoustique.


Les déceptions

Ko Ko Mo

Ko Ko Mo, groupe de rock originaire de Nantes, n’a malheureusement pas pu assurer son set, le tourbus ayant malheureusement été victime d’un incendie, détruisant notamment leurs instruments. Nous pensons à eux et à toute leur équipe.


The Inspector Cluzo

Programmé en même temps que le rappeur Central Cee, c’est devant un minuscule parterre de connaisseurs que les Landais The Inspector Cluzo jouent sur l’Alternative Stage. Heure du dîner ou manque d’intérêt des festivaliers venus ce dimanche assister à des concerts majoritairement hip hop ?

S’amusant du fait d’avoir joué devant quarante mille personnes aux Vieilles Charrues, le duo ne se démonte pas et donne tout ce qu’il a. La foule donne de la voix et des mains. Souvent programmés en festival et reconnus pour leurs lives, Laurent et Mathieu livrent une performance pleine d’énergie et parviennent à créer, dans cet écrin, une jolie communion avec leurs fans.


Royal Republic

Les Suédois de Royal Republic proposent un son frais, à la croisée du rock, de la pop et du disco. Redoutables d’efficacité, leurs mélodies accrocheuses sont faites pour soulever les foules. Maintenant bien identifiés par les amateurs de rock, le groupe démarre son set alors que Lil Nas X termine le sien sur l’une des Main Stages et que Rosalia s’apprête à entrer en piste. Un horaire vraiment compliqué pour les Nordiques, dont on n’aura pu apprécier qu’une moitié de set, les concerts se chevauchant.

Avec leurs sourires malicieux, les quatre garçons prennent du plaisir à se produire devant ce qui doit être loin de constituer leur plus grande audience. Les riffs sont soignés, les lignes de basse groovy à souhait et les refrains entêtants sont repris par les fans. On aurait préféré apprécier leur set sur l’une des Main Stages à un horaire plus avancé tant la recette proposée par Royal Republic fonctionne sur les spectateurs de l’Alternative Stage.

Qu’est-ce qu’on retient ?

La programmation, laissant chaque année une place de plus en plus importante au hip hop, reste variée. De grosses têtes d’affiche internationales font chaque année le déplacement, au prix d’un pass trois jours qui coûte certes plus cher que la moyenne, mais pas tant que cela une fois ramené au nombre d’artistes qu’il est possible d’admirer en trois jours. On regrette toutefois le chevauchement souvent important entre les différents concerts.

Avec ce troisième jour, Lollapalooza Paris voit les choses en grand. Toutefois, “seulement” 170 000 personnes auront fait le déplacement. À titre de comparaison, le festival Solidays et sa programmation moins ambitieuse, qui se tient au même endroit à la fin du mois de juin, a battu cette année son record de fréquentation : 260 000 festivaliers sur trois jours. Signe que le “Coachella à la française” a encore du mal à trouver son public ?

On regrette également l’aspect grossier et minimaliste des décorations. Tout semble avoir été posé à la va-vite, sans réelle volonté de donner au festival un véritable ADN.

Parlons du pari d’avoir laissé au groupe de K-pop Stray Kids le soin de clôturer la journée de vendredi devant des fans euphoriques, pour la plupart très jeunes. On avait de la 4G et on pouvait déambuler tranquillement dans les allées de Longchamp tant ce premier jour semblait loin d’afficher complet. Stray Kids n’aura attiré que ses (nombreux certes) fans mais pas assez de curieux. Les retombées digitales auront toutefois été phénoménales, K-pop oblige. Pari réussi finalement.

Lollapalooza Paris compte bien se tenir en 2024, malgré les Jeux Olympiques. Reste à savoir sous quelle forme ! Le suspense reste entier du côté des organisateurs.

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Albane Toulouse
Music speaks to people in a way that breaks down boundaries that words and actions sometimes can't.