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LOLLAPALOOZA PARIS 2019 – Jour 2 (21/07/19)

C’est une journée ensoleillée et particulièrement chaude qui nous attend en ce deuxième jour de festival. Au programme ? Un line up éclectique et chargé, et un Hippodrome plus rempli que la veille, avec cerise sur le gâteau, le passage français exclusif de The Strokes au Lollapalooza Paris !

KOVACS (Alternative Stage) – La chanteuse néerlandaise lance le coup d’envoi de la seconde journée du Lollapalooza Paris, devant un public peu nombreux mais très curieux. Accompagnée d’un groupe de musique complet, mais également de deux choristes, elle nous propose un set des plus décalés.

L’occasion pour elle de présenter son dernier album “Cheap Smell”, sorti il y a près d’un an, et sa voix au timbre unique. Lors du dernier titre, les festivaliers sont plus nombreux, intrigués et un peu dubitatifs. On ne sait pas trop si on a apprécié, ou détesté, mais cela n’empêche que la musicienne se fait chaleureusement acclamer.

CAMELIA JORDANA (Main Stage 2) – C’est avec un peu de retard que l’artiste francophone débute son set, devant un Hippodrome qui se remplit lentement mais sûrement. Découverte grâce à sa participation à la “Nouvelle Star” en 2009, Camélia Jordana est dotée d’une énergie communicative, qui parvient à faire bouger même les plus perplexes, bien que le public reste relativement sage.

Son set n’est pas transcendant, la scénographie est relativement simple, et la chanteuse mise surtout sur sa voix pour entraîner les spectateurs dans son univers. Malheureusement, malgré ses efforts, son audience ne semble pas être très emballée… Et nous non plus !

JUDAH & THE LION (Main Stage 1) – Pour leur première tournée européenne et surtout à Paris, les six membres originaires de Nashville, Tennessee, en maillots sportif, débarquent sur la première scène du festival et font d’emblée participer le public dès “Pep Talk” suivi comme sur le nouvel album “Pet Talk” paru en mai de “Quarter Life Crisis”.

Le sextette distille un son pop rock, sorte de Imagine Dragons à la rythmique tribale, mêlant éléments traditionnels (banjo, choeurs) et modernes (samples électro) pour un rendu original et entraînant ! Et le charme opère puisque de plus en plus de festivaliers rejoignent la grande scène principale. Et pour faire participer tout le public, quoi de mieux que de reprendre le classique de blink-182, “All The Small Things” ?

Si à la longue tous les morceaux de Judah & The Lion sont un brin répétitifs, ils passent plutôt bien pour bien débuter cette ultime journée de manière dansante et festive, tout en donnant l’envie d’en découvrir davantage !

A noter que tous les musiciens sont multi instrumentistes et chacun n’hésite pas à changer d’instrument au fil du set qui se finit sur le tube “Take It Back”. A revoir en concert le 30 novembre aux Etoiles !

CLEAN BANDIT (Main Stage 2) – Le trio britannique entame son set sous un soleil de plomb et une chaleur particulièrement remarquable; pourtant, le public est au rendez-vous pour danser sur les titres accrocheurs du groupe. Quatre chanteuses les accompagnent pour reprendre les plus grands hits, à l’origine en collaboration avec des artistes tels que Demi Lovato, Ellie Goulding ou Anne-Marie. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles savent mettre l’ambiance !

Avec le titre “Solo” (en featuring avec Demi Lovato) comme ouverture, le ton est vite donné et le sol de Paris Longchamp se transforme en immense piste de danse. Une excellente façon pour la formation de présenter son dernier album, “What Is Love?” à son public français. Sorti il y a moins d’un an, ce disque compte une multitude de morceaux qui sont d’ores et déjà des hits aux quatre coins du monde, notamment le fameux “Rockabye” qui ambiance les spectateurs, ou “Mama” dont le refrain entraînant est pas mal repris.

À la fin des quarante minutes de show, impossible de ne pas souligner le talent indéniable des artistes présents sur scène, et le concert plein d’énergie et de bonne humeur qu’ils nous ont proposé.

SHAME (Alternative Stage) – Qui a dit que le punk était mort ? Certainement pas les jeunots anglais de Shame qui font passer les trois quarts d’heure de set à une vitesse effrénée, punk oblige ! Malgré la courte durée du show, Shame arrive à balancer treize morceaux, la plupart issus du premier album “Songs Of Praise” (2018), mais aussi une toute nouvelle chanson. Si en studio les titres sont plutôt lisses, ces derniers prennent une toute autre dimension en live !

Tous les yeux sont rivés sur les expressifs Josh Finerty et Charlie Steen, respectivement bassiste et chanteur. Le charismatique frontman ne cesse de demander à la foule de se rapprocher au plus près… pour mieux plonger littéralement dedans ! Et par deux fois, notamment sur le final “Gold Hole” qui se termine sous une ovation générale ! Ce dernier titre du set voit également s’ouvrir le premier circle pit mais aussi le premier slam du Lollapalooza Paris. C’est “très fuckin’ chaud”, comme le décrit si bien le chanteur, à la démarche et au parler semblables à ceux de Liam Gallagher.

Un soleil de plomb, une ambiance de folie, du punk brut et sauvage, que demander de plus ? Une performance explosive remplie de rage dans une ambiance bon enfant !

ROMEO ELVIS (Main Stage 1) – Le rappeur belge est probablement l’un des artistes les plus attendus de cette troisième édition, et la foule qui s’amasse pour attendre le début de son set, le confirme.

Dès les premières notes de “Chocolat”, morceau issu de son tout premier album studio, on sait tout de suite pourquoi le jeune homme est aussi apprécié : son énergie communicative et la passion qu’il met dans sa prestation fascinent même les plus dubitatifs.

À travers des morceaux aux sonorités toutes différentes, abordant des thèmes divers et variés comme les relations amoureuses ou l’industrie musicale actuelle, il parvient à fédérer des festivaliers de tous les âges et de tous les horizons.

Mais le musicien n’est pas qu’une voix : il n’hésite pas à attraper sa guitare pour interpréter “Drôle De Question” qui est repris par un public conquis, et “Parano” qui finit de séduire l’audience. Le Belge est une bête de scène et il le sait; ses derniers mots, bien que dits sur le ton de l’humour, résument plutôt bien cette heure passée en sa compagnie : “désolé pour les autres artistes […] je suis le meilleur sur scène.”

BIFFY CLYRO (Alternative Stage) – Biffy Clyro ou LE meilleur concert de cette troisième édition du Lolla Paris de A à Z. Tout est tellement parfait qu’on ne voit pas du tout le temps passer. Rien à dire, Biffy fait du Biffy !

Limité à seulement une heure, la setlist du trio écossais rock est un best of composé, en grande partie, de morceaux tirés des trois derniers albums studio à parts égales. Seuls “Puzzle” (2007) et le petit dernier “Balance, Not Symmetry” seront représentés par deux titres chacun dont l’excellent “Sunrise”.

C’est d’ailleurs par le titre éponyme du dernier album que s’ouvre le concert, énergique et efficace à souhait, à l’image de la prestation. Simon Neil (chant) et James Johnston (basse), cheveux courts, exécutent les morceaux sous la baguette de Ben Johnson, secondé par le deuxième guitariste Mike Vrennart et d’un autre claviériste additionnel.

Comme pour Shame, l’ambiance va crescendo. D’abord timide, un circle pit apparaît sur “Bubbles”, puis un wall of death sur “That Golden Rule”, la fosse, constituée dans l’ensemble par des fans de Biffy, au vu des nombreux “Mon The Biff !”, se transforme alors en un joyeux bordel à la fin sur “Many Of Horror” et surtout sur “Stinging Belle” en guise de bouquet final. Simple, basique, comme dirait l’autre !

BEN HARPER & THE INNOCENT CRIMINALS (Main Stage 1) – Le soleil commence doucement à décliner quand le chanteur et multi-instrumentiste s’empare de la scène, entouré de ses musiciens. Le premier morceau est lancé et les sonorités blues, soul et reggae remplacent l’électro qui était jouée sur la scène d’à côté par BAD BUNNY, quelques minutes auparavant. Le changement d’ambiance est déstabilisant, c’est peu de le dire !

Véritable légende de la musique, Ben Harper démontre sans difficulté son immense talent. Mais si quelques personnes dansent au début du set, la lassitude se fait vite sentir. Le peu d’interaction entre le musicien, ses “Criminels Innocents” et son auditoire transforme un set prometteur en quelque chose de rébarbatif. Difficile de concurrencer l’énergie démentielle de Biffy Clyro qui joue sur l’Alternative Stage au même moment et qui semble plus attrayant aux yeux des festivaliers, que l’artiste culte qui occupe pourtant la plus grande scène.

THE 1975 (Alternative Stage) – Quelle surprise de retrouver le quatuor britannique sur l’Alternative Stage et non sur l’une des grandes scènes du festival, en même temps que The Strokes et MIGOS. Habitués à être les têtes d’affiche de la plupart des festivals dans lesquels ils sont programmés, cela ne décourage pas les musiciens pour autant. Les fans sont au rendez-vous et occupent les premiers rangs, et les curieux s’amassent dès les premières secondes de “The 1975”, vite suivi de “Give Yourself A Try”. Le charismatique Matty Healy sait comment captiver son audience, à la fois à travers de petits mouvements de danse avec ses deux danseuses et choristes, mais aussi ses habituelles mimiques.

Engagée et engageante, la formation made in UK n’hésite pas à se positionner au niveau politique et écologique, à travers “Love It If We Made It”. Les images diffusées en arrière plan, sur l’écran géant, ne laissent personne indifférent : véritable rétrospective sur ce qui se passe dans le monde ces dernières années, on ne peut que s’impliquer dans le titre et applaudir les propos du frontman.

Après avoir joué leurs plus grands titres, de “She’s American”, en passant par le très à propos “Paris”, c’est avec “The Sound” que les musiciens clôturent le concert. Les festivaliers repartent avec le sourire, mais une petite pointe de déception se fait sentir : c’était vraiment trop court, et on serait bien reparti pour une autre petite heure de show !

THE STROKES (Main Stage 1) – Julian Casablancas et ses acolytes ont la lourde tâche de clôturer cette troisième édition du Lollapalooza Paris. Bonne ou mauvaise idée ? Un peu des deux. Explications.

Allons droit au but : il est juste inadmissible pour LE headliner du festival d’avoir un si mauvais son. Et ce problème va être récurrent en début de concert. Car le son est juste inaudible durant les premières chansons dès “Heart In A Cage”. Connu pour son côté je m’en foutiste, le groupe a t’il délibérément mis de côté le soundcheck ? Difficile d’y croire au vu de l’agacement de certains des musiciens.

Ces problèmes techniques ont pour conséquence de casser le rythme du set, déjà court pour une tête d’affiche comme The Strokes, qui n’était pas venu jouer dans la capitale depuis… huit ans ! Ainsi, pour combler les nombreux blancs, le frontman Julian Casablancas, affublé de lunettes de soleil et d’une coupe mulet douteuse tout droit sortie des 80’s, passe son temps à blaguer ou communiquer dans un français toutefois appréciable.

Niveau prestation, le groupe surfe totalement sur la nostalgie et ne joue que ses trois premiers albums, “Is This It” (2001), “Rooms On Fire” (2003) et “First Impressions Of Earth” (2005). Il n’y a aucun mal si ce n’est qu’on a l’impression d’un groupe en pilotage automatique. Certes, The Strokes fait le job, mais qu’on aille en concert ou qu’on écoute en version studio, tout est quasiment à l’identique. Il s’agirait maintenant de proposer de la nouveauté messieurs ! Du “charabia” selon le chanteur (en français dans le texte).

Pour la tête d’affiche rock du Lollapalooza Paris 2019, un concert en demi teinte donc, qui se termine heureusement en apothéose sur l’enchainement tubesque “12:51” / “Someday” / “It This It” / “Last Nite” !

Ajouté en dernière minute au line up, c’est NEKFEU qui a pour mission de boucler cette troisième édition du Lollapalooza Paris dans une toute autre ambiance sur la Main Stage 2, et ce, sans déranger qui que ce soit contrairement à l’an dernier !

Ce crû 2019 est sans assurément l’édition de la confirmation, qui a réuni 95 000 festivaliers venus du monde entier (soit près du double comparé à 2017). Cette hausse de fréquentation s’explique par le fait que l’évènement est désormais ancré dans le paysage des festivals français incontournables.

Cette réussite s’explique, avant tout, par sa programmation éclectique : rock, pop, hip hop, électro, il y en a pour tous les goûts !

Mais surtout, bien que n’étant qu’une franchise américaine, le Lollapalooza Paris se distingue : il possède une vraie identité française, que ce soit au niveau de la gastronomie (Lolla Chef), sa conscience écologique (Lolla Planete) tout en étant soucieux de la nouvelle génération (Kidzapalooza).

Cette “French touch” se matérialise notamment par la réplique de six mètres de la Tour Eiffel, devenue l’emblème du festival depuis sa première édition. Personne ne quitte le festival sans avoir fait sa petite photo devant !

A noter qu’en 2019, terminé le logo du festival en son sommet comme ce fût le cas encore l’année dernière, la Dame de Fer est plus que jamais fidèle à l’originale, scintillant de mille feux à la nuit tombée.

Côté ambiance, l’évènement conserve son étiquette de “Coachella français”, le Lollapalooza Paris étant THE place to be pour bon nombre d’influenceurs, de fashionistas et it girls, et ce malgré une météo capricieuse le samedi et un dimanche caniculaire !

Des améliorations ont été effectuées, comme au niveau logistique, avec une bonne fluidité des navettes reliant l’Hippodrome Paris Longchamp et Paris. Il n’y a eu que peu d’attente, le staff du festival étant en nombre conséquent à l’extérieur du site pour gérer le flux de festivaliers.

Par contre, ce n’est toujours pas le cas de la couverture réseau qui reste toute aussi problématique qu’en 2018, les pics de fréquentations, très fréquents pendant les deux jours. Un soucis qui ne facilite donc pas le rechargement du cashless. Il y a toujours une file d’attente monstre devant le stand dédié. Et à moins d’avoir une application pour payer ses achats, il est impossible de la télécharger sans réseau.

Même son de cloche côté organisation. Comme l’an dernier, la poussière reste omniprésente sur la Perry’s Stage, l’air devenant vite irrespirable. La situation empire, surtout pendant le dimanche caniculaire. Le port du foulard est donc requis au risque de s’asphyxier !

Revenons sur la canicule du dernier jour, l’organisation a plutôt bien anticipé les conditions météorologiques, en mettant à nouveau en place des “fresh zones”, mais aussi en mettant à disposition des points d’eau potable pour que les festivaliers puissent se rafraîchir. Et contrairement à l’édition 2018, rien à signaler ! Même si les points d’ombre manquent sur l’ensemble du site, ce qui force le public à faire preuve d’imagination pour s’abriter. A noter que les vigiles, bienveillants, sont également là pour hydrater les festivaliers pendant les concerts, fait rare pour être relevé !

Le rendez-vous est déjà pris pour les 18 et 19 juillet, toujours à l’Hippodrome ParisLongchamp, pour la 4ème édition du Lollapalooza Paris !

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Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife