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KARNIVOOL @ Le Trabendo (21/03/15)

C’est une soirée sous le signe du progressif qui nous est offerte en ce samedi soir au Trabendo. Les trop rares Australiens de Karnivool investissent en effet la salle parisienne accompagnés des Anglais de Monuments. Retour sur cette étape d’une courte tournée européenne.

La date n’affiche pas complet, mais lorsque le set de MONUMENTS débute, la salle est tout de même copieusement garnie. C’est après une longue intro posant l’ambiance que les Britanniques, visiblement ravis d’être à Paris ce soir, montent sur scène. Les looks surprennent et notamment les coiffures du chanteur et du bassiste : afro pour le premier, longues dreads pour le second. Mais fi de l’apparence physique, c’est bien du metal progressif que va nous servir le combo. Et si les musiciens impressionnent par leur rigueur et leur groove malgré la technicité, une prestation sort du lot : celle du chanteur Chris Barretto. Sourire aux lèvres et totalement détendu, ce dernier coupera le souffle de bon nombre de spectateurs ce soir tant son chant s’avérera juste et précis tout au long du set, et tant il fera preuve d’aisance pour passer d’un chant hurlé à un chant clair en à peine une seconde. Le tout avec une apparente facilité déconcertante. Autant dire que le bougre aura attiré l’attention de bon nombre. Le set verra la mise à l’honneur du récent “The Amanuensis”, second album du quintette. Et bien que le tout aura pu sembler un peu monotone aux non familiers du groupe, les quarante minutes seront passées sans ennui, notamment grâce au bluffant frontman.

 

 

En parlant prestation vocale, il y en a une qui était bien évidemment attendue : celle de Ian Kenny, chanteur et fondateur de la tête d’affiche du jour, KARNIVOOL. Et autant ne pas laisser de suspens inutile, elle sera largement à la hauteur des attentes. Lorsque les Australiens montent sur scène, la salle s’est encore remplie et on constate que le sold out aurait pu être jouable. Quand on sait que c’est seulement la troisième date parisienne de la formation et que les deux précédentes avaient eu lieu dans la petite Boule Noire (certes sold out), on peut se réjouir de voir un Trabendo honnêtement rempli aujourd’hui, d’autant plus que le combo n’a rien sorti de neuf depuis “Asymmetry” (2013) et qu’il n’a donc rien à promouvoir. Les cinq musiciens méritent amplement cette affluence et le public présent semble véritablement se réjouir de voir ce combo qui se faisait trop rare chez nous jusqu’alors. Groupe qui va revisiter l’intégralité de sa discographie (trois albums), et ce, chose originale, de manière chronologique. C’est donc par quatre morceaux issus de “Themata” (2005) que le set débute. L’aspect un peu plus bruts des anciens titres donne le ton et met parfaitement dans l’ambiance. Le son est excellent, les musiciens impressionnants de précision et le frontman largement au niveau des espérances et de ses prestations studio. Si l’on s’en tient à la voix. Car oui, fait plutôt connu, Ian Kenny n’est pas le leader le plus charismatique qui soit et il donne l’impression de ne pas savoir quoi faire de ses immenses bras. Cela ne l’empêchera pas de prendre plaisir et d’être parfait vocalement, et cela n’entachera pas pour autant la prestation globale des Australiens. Viennent ensuite cinq titres de “Sound Awake” (2009), peut être l’essai le plus plébiscité du combo, dont le célèbre et sublime “New Day” viendra conclure un set des plus prenants. Superbe serait le mot adéquat ici. La magie aura opéré. Puis c’est logiquement que les membres remontent sur scène pour un rappel de six morceaux issus du dernier album en date, “Asymmetry” (2013). Le voyage musical prend fin après 1h30 et on sera passés par toutes les étapes de la vie de la bande en y prenant un réel plaisir tant il aura su délivrer sa magnifique musique avec un talent impressionnant. Une preuve supplémentaire que Karnivool est une formation bien trop sous estimée.

 

 

 

 

Ce fut donc une vraie belle soirée placée notamment sous le signe du chant. Celui de la première partie Monuments, qui aura été surprenant et bluffant tout d’abord, et celui de la tête d’affiche Karnivool, qui aura été d’une justesse et d’une beauté incroyables. Les musiciens Australiens n’auront pas été en reste, loin de là, et auront su sublimer leur musique et véritablement toucher l’audience et la faire voyager.

Setlist :

Intro
C.O.T.E.
Shutterspeed
Roquefort
Themata
Goliath
Set Fire To The Hive
All I Know
Deadman
New Day
—-

Asymmetry
Alpha Omega
We Are
The Refusal
Aeons